Suicide d'un adolescent dans les Yvelines : le courrier de la honte du rectorat aux parents qui voulaient porter plainte

  • Les parents avaient tenté d'interpeller la direction de ce lycée et l'académie de Versailles.
    Les parents avaient tenté d'interpeller la direction de ce lycée et l'académie de Versailles. Capture - Google Street View
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Plusieurs mois avant le suicide de leur fils, les parents voulaient porter plainte mais avaient reçu des menaces de l'académie de Versailles.

Une réponse qui fait froid dans le dos. Mardi 5 septembre 2023, un adolescent de 15 ans a été retrouvé mort à son domicile à Poissy (Yvelines), avec une taie de traversin autour du cou. Il était victime de harcèlement scolaire depuis plusieurs mois et ses parents avaient tenté de faire réagir le lycée professionnel Adrienne-Bolland et l'académie.

Dans une lettre datant d'avril 2023, que BFMTV a pu consulter, les parents alertent sur les violences verbales et psychologiques que subissait leur fils. "Depuis notre entretien avec vous, nous ignorons toujours si une action quelconque a été menée au sein de l'établissement, et/ou si une quelconque mesure disciplinaire n'a été prise" à l'encontre des deux élèves accusés de harcèlement, regrette cette lettre adressée au directeur du lycée. Les parents menaçaient de déposer une plainte en indiquant que le directeur serait "considéré comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils".

Le directeur a répondu par une lettre quelques jours plus tard. Une réponse qui balayait déjà de la main les faits de harcèlement. "En réponse au courrier daté du 18 avril dans lequel vous mettez en cause l'établissement et ma propre personne dans la gestion de la situation de votre fils (...). Je vous ai fait part de mon interrogation d'être sollicité en mars, pour une situation dont vous aviez connaissance supposément depuis octobre".

Selon le directeur, l'adolescent aurait été victime d'un "incident unique" et les faits de harcèlement n'auraient pas "de caractère répétitif et régulier". L'adolescent aurait cependant continué d'être suivi et sollicité pour s'assurer que tout allait bien. "Vous pourrez constater que comme je m'y étais engagé, l'établissement a mis et continue de mettre en place les actions permettant de gérer objectivement cette situation".

\ud83c\uddeb\ud83c\uddf7 FLASH | Les parents, ayant alerté le proviseur de l'établissement au sujet du harcèlement subi par leur enfant de 15 ans, qui s'est tragiquement suicidé dans sa chambre à #Poissy début septembre, ont reçu comme réponse de la part du rectorat de Versailles : « un supposé… pic.twitter.com/5NVG0wBU0e

— Cerfia (@CerfiaFR) September 16, 2023

La lettre menaçante de l'académie de Versailles

Si la direction de l'établissement a essayé de tempérer la situation, la lettre du rectorat qui a suivi est autrement plus inquiétante. Elle a menacé les parents de "dénonciations calomnieuses" parce qu'ils ont "remis en cause les fonctions et menacé de dépôt de plainte le personnel de direction". Tout parlant d'un "supposé harcèlement subi par votre enfant".

Le rectorat indiquait que "le professionnalisme et l'intégrité des personnels de l'Education nationale n'avaient pas à être remis en cause de la sorte", les accusations des parents étant jugées "inacceptables". Des menaces ont été proférées : "conformément à l'article 226-10 du Code pénal, la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact, lorsqu'elle est adressée soit à un officier de justice ou de police administrative ou judiciaire, soit à une autorité ayant le pouvoir d'y donner suite ou de saisir l'autorité compétence, soit aux supérieurs hiérarchiques ou à l'employeur de la personne dénoncée est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende".

Avant d'ajouter : "dans l'intérêt de votre enfant et par souci d'exemplarité à son égard, je vous enjoins d'adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et plus largement tout personnel de l'Education nationale qui œuvrent à la prise en charge de votre fils et agit au mieux à son égard".

L'adolescent s'est donné la mort trois mois plus tard, au lendemain de la rentrée scolaire.

"Ce courrier est une honte" pour Gabriel Attal

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a déclaré que "ce courrier est une honte", ce samedi 16 septembre 2023. "Nous ne sommes pas à la hauteur. Mettez-vous à la place des parents de Nicolas, qui ont écrit à l'institution, dont le rôle absolu est de protéger les élèves, pour l'informer de la détresse vécue par leur enfant et qui ont reçu ce genre de réponse.

Les victimes de harcèlement scolaire peuvent à tout moment contacter le numéro national d'écoute (gratuit) au 3020. En cas de cyberharcèlement, l'élève peut composer le numéro d'écoute au 3018.

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Les commentaires (3)
RienCompris Il y a 8 mois Le 17/09/2023 à 08:22

Je pense que le recteur doit dire adieu à son poste avec la sanction qu'il encourt. il peut se cacher car les réseaux sociaux ne vont pas le manquer.

Milsabords Il y a 8 mois Le 16/09/2023 à 21:10

Pas de vagues ...

Jema Il y a 8 mois Le 16/09/2023 à 18:37

que ce jeune puisse trouver la paix, et la consolation pour la famille .