Agriculture : ce "Covid de la vache" qui fait déjà trembler la filière bovine en Aveyron

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  • L’épidémie de MHE, maladie hémorragique épizootique, devrait s’inviter dans les discussions ce mardi à Laissac.
    L’épidémie de MHE, maladie hémorragique épizootique, devrait s’inviter dans les discussions ce mardi à Laissac. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Négociants, éleveurs : toute la filière bovine aveyronnaise s’inquiète aujourd’hui de l‘avancée de la maladie hémorragique épizootique, touchant les bovins. Plusieurs pays importateurs ont déjà fermé leurs frontières et les cours commencent à baisser.

De l’autre côté des Pyrénées, en Espagne, on l’appelle "le Covid de la vache". En France, on a choisi une abréviation de trois lettres MHE, pour maladie hémorragique épizootique. Quel qu’en soit le terme, cette nouvelle épidémie fait aujourd’hui trembler toute la filière bovine. "On ne parle que de ça et ce sera encore le cas ce mardi 10 octobre sur le marché de Laissac… Nous sommes très inquiets", ne cache pas d’ailleurs Jean-Paul Boyer, figure aveyronnaise de la fédération des négociants en bestiaux. Tout juste la fièvre catarrhale ovine (FCO) maîtrisée, voilà donc cette nouvelle maladie qui frappe l’élevage et ralentit l’économie.

Plusieurs pays ont fermé leur frontière

Car plusieurs pays ont déjà fermé leurs frontières, à l’import. C’est le cas notamment de l’Algérie, où près de 3 500 bêtes devaient partir depuis l’Aveyron la semaine passée. Et la grande crainte à ce jour est de voir l’Italie, premier importateur de broutards et allié majeur de l’élevage local, fermer à son tour ses frontières. "Nous n’en sommes pas là, il faut négocier des accords, l’Italie est aussi infestée et c’est aux politiques de faire le travail", tend à rassurer Jacques Molières, président de la chambre d’agriculture.

Déjà plus de cinquante foyers en Occitanie, aucun en Aveyron

Toujours est-il que le virus, transmis par des moucherons, gagne du terrain. Tout aussi rapidement que le Covid… À ce jour, 53 foyers ont été recensés dans le Sud-Ouest. Et si aucun n’a été détecté en Aveyron selon la préfecture et la chambre d’agriculture, les répercussions se font déjà ressentir sur le territoire. Car les autorités sanitaires ont établi un périmètre de sécurité de 150 kilomètres autour d’un élevage infesté. Et 25 communes de l’Ouest du département entrent depuis vendredi soir dans celui-ci. Avec comme conséquences, l’interdiction de sortie du territoire pour les bovins, ovins, caprins… Ces zones réglementées concernent aujourd’hui 15 départements français.

Les cours commencent à baisser

"Le souci, c’est qu’on se retrouve déjà avec des bêtes qui devaient partir en Algérie sans savoir véritablement quoi en faire", explique Jean-Paul Boyer. Lui-même indique en avoir 1 200… "Et vu que l’Italie est aujourd’hui quasiment seule sur le marché, elle tire les prix vers le bas. C’est tout à fait normal mais nous, négociants privés, on ne peut pas brader les bêtes sinon ça va devenir un véritable cataclysme économique pour toute la filière et les éleveurs aussi !", s’inquiète encore le négociant.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, où le virus a touché de nombreuses exploitations, les éleveurs comme la Chambre d’agriculture ont d’ores et déjà appelé l’État "à soutenir les pertes économiques". "Il ne faut pas tomber dans une surenchère de la peur mais l’avancée de l’épidémie est inévitable", assurent à ce jour de nombreux syndicats agricoles. L’Aveyron, souvent présenté comme le premier département français d’exportation de bovins, retient son souffle. Et compte sur "de bonnes décisions" politiques. Pour ne pas revivre des épisodes douloureux d’un passé pas si lointain…

Quelles sont les 25 communes en zone réglementée en Aveyron ?

Depuis vendredi soir, vingt-cinq communes de l’ouest du département sont couvertes par la zone réglementée relative à la MHE à la suite d’un foyer épidémique découvert en Haute-Garonne.

L’arrêté préfectoral concerne les communes suivantes : Salvagnac-Cajarc, Toulonjac, Martiel, Le Bas Ségala, Villefranche-de-Rouergue, Morlhon-le-Haut, Savignac, Sanvensa, La Rouquette, Monteils, Vailhourles, Tayrac, La Salvetat-Peyralès, Lescure-Jaoul, Lunac, La Fouillade, Najac, Tauriac-de-Naucelle, Cabanès, Crespin, Castelmary, Bor-et-Bar, Saint-André-de-Najac, Saint-Just-sur-Viaur et Lédergues.

À noter que des dérogations existent pour permettre la sortie des bovins, ovins et caprins des zones dites réglementées : retour d’estive ou envoi d’animaux à l’abattoir notamment. Des dérogations peuvent également intervenir si l’animal a fait l’objet d’un test de dépistage en laboratoire attestant l’absence de contamination, en complément de la désinsectisation.

Le chiffre: 858 000

Selon les données officielles du ministère de l’Agriculture, la France a exporté un peu plus d’un million de broutards, jeunes bovins destinés à l’engraissement pour la production de viande.

858 000 ont pris la direction de l’Italie, 86 000 celle de l’Espagne. Un temps fermée, l’exportation vers ce dernier pays, premier touché dans l’Union européenne par le virus, est de nouveau possible depuis vendredi.

"Les négociations se poursuivent avec les autres partenaires commerciaux", a ajouté le ministère auprès de nos confrères de l’AFP.

Aucun risque pour l’homme, pas de vaccin… Qu’est-ce que la MHE ?

Fièvre, difficultés respiratoires, œdèmes de la face et de l’encolure, hypersalivation, boiteries, jetage (nez qui coule)… Tels sont les premiers signes cliniques chez les bovins de la maladie hémorragique épizootique. Selon les experts, elle est mortelle que dans 1 % des cas. Même si dans les Hautes-Pyrénées, les éleveurs ont déjà fait remonter une dizaine de cas d’animaux décédés. Cette maladie, jusqu’alors inconnue, est apparue la première fois en Europe continentale à la fin octobre 2022, probablement à la suite d’une dissémination de moucherons par le vent depuis la Tunisie. Depuis cette date, elle est également présente en Italie (Sardaigne et Sicile), en Espagne et au Portugal. La maladie serait arrivée dans le Sud-Ouest de la France depuis l’Espagne ces dernières semaines. Toujours selon de nombreux experts, elle serait le fruit du réchauffement climatique et des températures douces actuelles, favorisant la prolifération des moucherons porteurs du genre Culicoïdes, les mêmes que ceux de la fièvre catarrhale ovine (FCO). « Les bouleversements climatiques sont nombreux et ce ne sera hélas pas la dernière maladie due au réchauffement », expliquait notamment un expert. Il n’existe pour le moment pas de vaccin disponible. Le traitement des animaux est symptomatique c’est-à-dire qu’il vise à les aider à supporter la maladie et guérir.
Enfin, pour rappel et pas des moindres, la MHE n’est pas transmissible à l’homme.

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