Les risques majeurs, combat quotidien de l’architecte urbaniste espalionnaise Laure Lucadou

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  • Laure Lucadou dans son bureau situé au 5e étage des Arches citoyennes, tiers-lieu qui occupe l’ancien siège de l’AP-HP, au cœur de Paris.
    Laure Lucadou dans son bureau situé au 5e étage des Arches citoyennes, tiers-lieu qui occupe l’ancien siège de l’AP-HP, au cœur de Paris. Rui Dos Santos
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A Paris, Rui DOS SANTOS

Originaire de Lacalm par son père et d’Espalion par sa mère, celle qui soufflera les bougies de ses 30 ans fin décembre est chargée de mission au Cepri à Paris. Après diverses expériences, notamment, à l’étranger.

Elle aurait aimé être journaliste d’investigation, reporter de guerre, travailler pour le magazine Géo "afin de découvrir les cultures lointaines" car elle est "très curieuse". "Je rêvais de faire comme élise Lucet !", s’amuse l’intéressée. Finalement, elle est devenue architecte urbaniste, "spécialiste des risques majeurs et chargée de mission au centre européen de prévention du risque d’inondation". C’est l’appellation d’origine protégée qui figure sur ses cartes de visite, en cours de fabrication.

Née à Toulouse, du fait d’une grossesse complexe (elle a une sœur jumelle, Natacha), le 23 décembre 1993, Laure Lucadou est originaire du Nord-Aveyron : Lacalm par son père Jean-Jacques, où il possède toujours son garage, et Espalion par sa mère Françoise, héritière de la célèbre quincaillerie Bouyssou, qu’elle a transformée en Podjo (en hommage à Paule et Joseph, les grands-parents quincaillers), une boutique avec un choix très large d’objets de décoration et de petit ameublement pour la maison.

Après une scolarité classique à l’Immaculée Conception à Espalion, où elle a grandi, jusqu’en classe de seconde, et un bac série L décroché au lycée François-d’Estaing à Rodez ("Je m’éclatais en histoire et en langues"), elle a intégré une prépa lettres au lycée Pierre de Fermat à Toulouse. Après avoir envisagé une double licence, géographie et urbanisme, elle a accompagné sa sœur Natacha, qui a effectué, de son côté, une mise à niveau en arts appliqués, aux portes ouvertes de l’école d’architecture. "La révélation !", se souvient-elle encore. Les deux ont été prises.

Un rapport de 450 pages en Colombie

Ce cursus a duré cinq ans avec, en 4e année, un échange à Mexico, sur l’architecture rurale. "Ce séjour m’a ouvert l’esprit, assure Laure Lucadou. Il m’a appris à tenir compte du contexte dans un dossier". Elle a ensuite goûté à l’éthiopie, sous la forme d’un volontariat, en compagnie de son amoureux Bastien, "dont le seul défaut est de ne pas être aveyronnais !" (c’est elle qui le dit), au sein d’une ONG espagnole, est rentrée en France pour œuvrer dans une agence d’architecture menant des projets publics pour la région Occitanie, avant de reprendre ses études, avec des voyages au Liban, puis à Mayotte.

En août 2021, un stage l’a conduite en Colombie, avec mise en situation professionnelle pour valider sa formation, ayant pour thème "L’aménagement du territoire avec les risques d’inondations, de mouvements de terrain et de séismes". Son périple a duré six mois de plus que prévu avec, à l’issue, un rapport de 450 pages remis aux quinze autorités de la ville. Et, aussi, un mémoire sur lequel elle travaille encore. à son retour, elle s’est rendue à Strasbourg avec son association d’architectes.

"Mon accent, comme un étendard"

C’est d’ailleurs en Alsace qu’elle a fait la connaissance de Marie Evo, directrice du centre européen de prévention du risque d’inondation, laquelle est devenue sa patronne fin janvier 2023. Créé en 2006 à Orléans, ce Cerfi est une association d’élus, sollicitée pour de l’expertise technique. Financé en trois tiers identiques (le ministère de la Transition écologique, l’adhésion des collectivités, des conventions), fort d’une équipe pluridisciplinaire composée de sept salariés et deux consultants, il est installé, pour l’instant, en plein cœur de Paris, au 5e étage des Arches citoyennes, l’ancien siège de l’AP-HP.

Si elle a sillonné la planète, Laure Lucadou n’a jamais coupé les ponts avec l’Aveyron. "Le lien existe toujours en effet", confirme celle qui se qualifie de "mouton noir de la famille" : "Alors que la quasi totalité des membres vivent à Lacalm, à Laguiole ou encore à Espalion, je suis la seule à avoir des fourmis dans les jambes. Mais, je prends plaisir à rentrer... Même pour passer seulement 26 heures au pays ! C’est mon refuge. En juin, je suis revenue trois week-ends et j’ai passé le quatrième à Montmartre pour l’opération "MontAveyron". Juste à côté de chez moi puisque j’habite aux Abbesses. Quand je reviens, je suis émue, le souffle s’accélère".

Mais, elle parle aussi volontiers "d’un vrai dilemme" : "J’ai besoin de l’Aveyron mais je me plais à Paris. Mon travail est ici et pas ailleurs". Elle a toutefois investi, avec sa sœur jumelle Natacha et avec son compagnon Bastien, dans une maison du centre-ville espalionnais, située quartier du Moulin.

Membre de la banda du Stade toulousain

En étant confrontée à ses problématiques professionnelles, avec 1,40 mètre d’eau dans le garage pendant les travaux. Elle n’a pas oublié également que, en 2003, le Lot a monté les marches de la cantine quand elle était au primaire. La spécialisation en prévention du risque d’inondation au Cepri était visiblement davantage qu’une vocation, mais son destin.

Quant à son accent, elle le cultive. "Comme un étendard !", conclut Laure Lucadou, sourire aux lèvres. Passionnée par la photographie (elle a conçu son mémoire comme un journal de bord en images) et par le handball (elle a longtemps joué à Espalion), la future trentenaire s’est mise à la guitare. En prenant des cours à distance ! Elle est aussi membre de la banda officielle du Stade toulousain, avec répétitions tous les mardis soirs. Elle relativise son rôle dans cet ensemble : "Je fais "boum boum" sur ma grosse caisse. C’est certes l’instrument le moins raffiné, le plus basique, mais il s’avère indispensable".

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