"Rien ne nous dit qu'ils ont chaviré" : le combat d'une Aveyronnaise pour relancer les recherches de son mari disparu en mer

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  • LAveyronnaise Anouk Hélis (à droite) et Charlotte Belliard lors d’un entretien télévisé dans lequel elles demandent la reprise des recherches pour leurs maris disparus en mer le 1er octobre dernier au large de Wallis-et-Futuna.
    LAveyronnaise Anouk Hélis (à droite) et Charlotte Belliard lors d’un entretien télévisé dans lequel elles demandent la reprise des recherches pour leurs maris disparus en mer le 1er octobre dernier au large de Wallis-et-Futuna.
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Mathieu Roualdés

Christophe Hélis et Pierre Belliard sont portés disparus au large de Wallis-et-Futuna, dans l’océan Pacifique. L’épouse du premier, Anouk, originaire d’Entraygues-sur-Truyère, se bat pour que les recherches reprennent alors que les autorités assurent qu’il "n’y a plus d’espoir".

Christophe Hélis n’a plus donné signe de vie depuis plus d’un mois, dimanche 1er octobre 2023 exactement. Ce jour-là, il part pêcher en mer au large de Wallis-et-Futuna, archipel français au cœur de l’océan Pacifique. Il est avec son ami Pierre Belliard, comme il en a l’habitude lorsqu’il prend la mer.

Mais à 17h45, les deux hommes lancent un appel de détresse par radio : leur bateau, une embarcation open fibre de loisirs de 5,75m, connaît une " panne moteur ". Ils sont à 7 kilomètres des côtes. Depuis, plus aucune nouvelle…

Les recherches engagées, dès le dimanche soir dans des eaux particulièrement agitées, n’ont rien donné. "Durant quatre jours, la mobilisation de tous les moyens possibles, privés comme publics, fut totale ", déclare le préfet de la collectivité d’Outre-mer, citant le déploiement d’un avion Falcon 200 de la marine nationale ainsi que l’aide d’appareils similaires de la patrouille néo-zélandaise et fidjienne. Le 14 octobre, au micro de la 1re, chaîne du groupe de France Télévisions, l’homme d’État annonce qu’il " n’y a pas plus d’espoir de retrouver les deux navigateurs vivants ".

"Il sait naviguer !"

Pourtant, une femme y croit encore. Et s’accroche à un mince espoir. Il s’agit d’Anouk, l’épouse de Christophe Hélis. Elle est Aveyronnaise, originaire d’Entraygues-sur-Truyère où ses parents ont longtemps tenu une pharmacie. Dans le Nord-Aveyron, son père a longtemps présidé la destinée de l’ancien club de volley-ball du Carladez. Anouk, elle, s’est rapidement exilée : en Guyane tout d’abord puis à Wallis-et-Futuna il y a quelques années avec son mari Christophe et leurs deux enfants.

Professeure des écoles, elle assure que son conjoint " a l’habitude d’aller en mer", qu’il "sait naviguer ". " Il n’a signalé, avec son ami Pierre, qu’une avarie moteur, rien d’autre. Ils connaissent la navigation, ils ont de l’eau, des moyens, des ressources. On croit intimement en eux ! Et nous ne sommes pas dans le déni, rien ne nous dit encore qu’ils ont chaviré. On n’a retrouvé aucun débris ! ", confiait-elle, larmes aux yeux, devant les caméras de télévision quinze jours après la disparition.

Depuis, elle exhorte les autorités françaises à reprendre les recherches. Une pétition en ligne a d’ailleurs été lancée. Elle a recueilli plus de 24 000 signatures, alors que Wallis-et-Futuna ne compte que 11 500 habitants. " L’État français ne peut pas abandonner ses hommes en détresse en mer ! ", peut-on lire dans la pétition en ligne. Sur l’île, un comité de soutien a également été créé pour retrouver les deux navigateurs. Les pêcheurs du coin mènent de nombreuses expéditions à la recherche d’une moindre trace de vie ou du bateau, dans un archipel où il n’existe las aucun service de secours en mer comme en métropole… "Nous avons contacté les pays voisins, le Vanuatu, les Fidji, les Tuvalu. On envisage également de financer de nouveaux survols aériens privés via une cagnotte", a expliqué Mathieu Fraisse, proche des disparus, à nos confrères de l’AFP.

Entraygues-sur-Truyère fait part de "tout son soutien"

À Entraygues-sur-Truyère, la municipalité a relayé plusieurs des appels d’Anouk. "On aide comme on peut, sait-on jamais. Et on essaie de se tenir au courant de l’avancée", nous confiait cette semaine le maire Bernard Boursinhac faisant part de "tout son soutien" à la famille et notamment aux beaux-parents du disparu, installés dans la commune voisine de Saint-Hippolyte.

Sur les réseaux sociaux, les deux épouses des navigateurs ont créé un groupe pour relancer les recherches. Il y a trois jours, elles ont demandé de l’aide à des experts en dérives maritimes et en cartographie du Pacifique. "Signalez-nous tous les indices pour retrouver le bateau et ses occupants, que ce soit en mer ou à terre. Nous pensons que Christophe et Pierre sont toujours en train de dériver ou qu’ils ont accosté sur une île, un motu, un atoll…", pouvait-on lire il y a trois jours.

Une hypothèse à laquelle les autorités françaises ne semblent plus croire. Celles-ci, par la voix du préfet, avaient assuré qu’il était "techniquement impossible que l’embarcation, absolument pas faite pour aller au-delà du lagon, soit restée stable. Il y a de fortes chances qu’elle est chavirée les premières heures qui ont suivi l’appel de détresse et que les navigateurs se soient retrouvés à l’eau ", a-t-il assuré.

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