Carole Rey, photographe ruthénoise installée aux Pays-Bas : "Mon cœur est en Aveyron"

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  • Les photographies de Carole Rey ont été exposées dans toute l’Europe et aux États-Unis. Elle a reçu une médaille d’argent au Prix de la Photographie de Paris pour sa série Hemicrania-Disambiguation. Les photographies de Carole Rey ont été exposées dans toute l’Europe et aux États-Unis. Elle a reçu une médaille d’argent au Prix de la Photographie de Paris pour sa série Hemicrania-Disambiguation.
    Les photographies de Carole Rey ont été exposées dans toute l’Europe et aux États-Unis. Elle a reçu une médaille d’argent au Prix de la Photographie de Paris pour sa série Hemicrania-Disambiguation. Reproduction - L'Aveyronnais
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    Metamorphosis Reproduction L'Aveyronnais
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    Hemicrania-Disambiguation Reproduction L'Aveyronnais
Publié le
Emmanuel Pons

La Ruthénoise Carole Rey, qui vit aux Pays-Bas, est "prof à temps partiel et photographe à plein temps". La photo, une passion qu’elle a découverte presque par hasard et aujourd’hui un art qu’elle pratique avec beaucoup de sensibilité et de retenue.

Carole Rey a beaucoup sauté avant de faire le grand saut, qui a vu la jeune femme quitter son Aveyron natal pour s’installer aux Pays-Bas. "J’ai grandi dans des centres de parachutisme, dit la photographe Carole Rey, qui expose actuellement à la Menuiserie, à Rodez. Tous les week-ends, on allait à Cahors où mon père, qui a cofondé le club de parachutisme du Rouergue, sautait. Un jour, j’ai essayé. Et j’ai beaucoup aimé."

La jeune femme, qui a alors 19-20 ans et prépare une licence de lettres modernes et une maîtrise de français langue étrangère (FLE) à l’université de Montpellier, se prend de passion pour cette discipline. Et quelques années plus tard, décide de passer ses vacances à Soulac-sur-Mer, en Gironde, où elle travaille au centre de parachutisme, en échange de deux sauts par jour. Elle y rencontre Rudi, un Néerlandais, dont elle tombe amoureuse et qu’elle décide de suivre. Elle a 23 ans. Elle n’a, depuis, plus quitté les Pays-Bas.

Prof de français aux Pays-Bas

"C’est là-bas que j’ai préparé ma maîtrise, à Utrecht, dont le sujet de thèse était la représentation de la langue française, de la France et des Français dans l’enseignement secondaire et supérieur". Une thèse soutenue à Montpellier et décrochée avec la mention très bien. Une petite revanche pour celle qui avait échoué à 0,2 point de la mention bien au bac L – "J’en ai pleuré !" – obtenu en 1985 au lycée Sainte-Marie, à Rodez. Une ville où elle a grandi, dans le quartier Saint-Éloi, avant que toute la famille aille s’installer au lieu-dit La Basterie, à Onet-le-Château.

Maîtrise en poche, Carole Rey travaille en free lance. "J’avais suivi une formation à la CCI de Paris. Ce qui m’a permis de donner des cours en entreprises."

Elle s’investit aussi dans la vie sociale, aux Pays-Bas, faisant beaucoup de bénévolat, participant à la création du journal de l’école de ses enfants – Simon et Toine, nés en 2007 et 2009 –, créant un club d’échecs pour les jeunes. Toujours tournée vers les autres. "J’ai aussi accompagné une femme demandeur d’asile, originaire de Côte d’Ivoire", souligne-t-elle.

Elle est aussi active au sein du club de foot amateur local. "On ne voyait que des photos des équipes premières, se rappelle-t-elle. Alors j’ai décidé de photographier tout le monde. Et j’ai aussi fait des vidéos avec les enfants."

La photo pour remonter la pente

Et c’est le déclic, pourrait-on dire.

"J’ai découvert que la photographie pouvait avoir un impact social. Et puis j’en avais assez de donner des cours de français à des gens qui allaient ensuite s’en servir pour exploiter les autres. Enfin, pas tous, nuance-t-elle. Alors je me suis mise à la photo. J’ai toujours adoré ça. Je suis marquée par le travail de Robert Doisneau et Steve McCurry."

Mais les choses ne se passent pas comme prévu. En 2011, la Ruthénoise fait un burn-out. "C’était la crise, l’activité de Rudi, qui travaille dans le cinéma, avait baissé. Moi, je cumulais plusieurs jobs en plus, je prenais des cours d’architecture intérieure. Je ne dormais que deux à trois heures par jour… Ça a été le black-out. Tout s’est arrêté d’un coup."

Et c’est la photo qui vient l’aider à remonter la pente. "Par hasard, j’ai pris le boîtier de mon mari. La photo, c’est une des rares choses que j’étais alors capable de faire sans trop me fatiguer… Au début, je photographiais des fleurs. J’arrivais à voir quelque chose de beau. Ça m’a fait du bien."

Carole Rey se remet peu à peu de son burn-out – "On ne se plaint pas, on avance. C’est l’éducation à l’aveyronnaise". Et développe son activité de photographe. "J’ai fait ça très longtemps, pas forcément du figuratif. Je suis aussi allée vers l’abstrait. Sur Tumblr, se souvient-elle, mes images avaient un certain succès."

Une série sur les femmes après quarante ans

Ce qui encourage la Ruthénoise à travailler son art. "Je peux refaire une photo dix fois jusqu’à ce que j’aie la sensation que c’est fini. Quand je suis satisfaite, alors là, je me dis que c’est vraiment terminé." Jusqu’au moment où ces images sont exposées, comme actuellement à la Menuiserie, à Rodez. "Là, dit Carole Rey, les photos ne m’appartiennent plus. C’est très stressant pour moi mais c’est une expérience fabuleuse, des échanges merveilleux. Et savoir que mes photos font sens aussi pour les autres. Je travaille de façon très intuitive et quand je vois que ça touche les gens, ça m’étonne toujours. C’est bouleversant !"

Forty-Plus : let it go
Forty-Plus : let it go Reproduction L'Aveyronnais

Forty Plus : l'attente
Forty Plus : l'attente Reproduction L'Aveyronnais

Au bout de quelque temps, l’artiste qui dit avoir "fait le tour des fleurs", choisit de suivre la formation "De l’image à la publication" à l’académie de photo d’Amsterdam, dans l’idée d’éditer un livre.

Mais un grave accident, dans une salle de gym – "traumatisme crânien, contusion du tronc cérébral…" – stoppe l’Aveyronnaise dans son élan.

"J’ai dû changer ma façon de photographier. J’ai fait beaucoup de natures mortes, en mélangeant des éléments qui ne vont pas forcément ensemble. Et aussi une série avec un melon qui commençait à pourrir. On peut faire beaucoup avec pas grand-chose", souligne-t-elle.

Parmi d’autres projets, elle a aussi mis au point la série Forty Plus, sur le thème de "la féminité et la sensualité après quarante ans". "J’ai éliminé tous les corps de femmes. Ce que je voulais, c’était la sensation."

"Ces images ont été exposées à New York et à Rotterdam et à chaque fois, j’ai été submergée par les réactions enthousiastes des femmes, de tous âges et de tous milieux."

Prof à temps partiel dans une université à Amsterdam et à Utrecht et "artiste à temps plein", comme elle aime le dire, Carole Rey s’épanouit dans ses deux activités.

Oh les beaux jours : la chambre
Oh les beaux jours : la chambre

Exposée actuellement à la Menuiserie, à Rodez

"Au bout de la rue de Bonald, au croisement des Embergues, dort une maison. Elle n’est, pour le passant, qu’une vieille construction avec, au rez-de-chaussée, donnant sur la rue en pente déserte, une boutique vide. Il fut un temps où la rue de Bonald était synonyme de bon pain, de miches tendres et croustillantes et d’où émanaient des notes aiguës de cabrette et de chants folkloriques. Le four est éteint, la cabrette est morte et, bien plus tard, la maison s’est endormie avec la mort de ma grand-mère. Quatorze ans après, la demeure est intacte, rien n’a bougé comme si toucher tous ces objets et vider cette maison, c’était accepter qu’il fallait continuer à vivre sans cette colonne vertébrale qui nous tenait droit. À quatre reprises, de 2020 à 2022, je me suis enfermée dans la maison et, à l’aide de mon appareil photo, je me suis mise à la recherche de souvenirs perdus."

« Oh les beaux jours » est une ode à la vie et à la beauté qui, malgré la mort, le silence et la solitude, forment un souvenir poétique.

Revenir en Aveyron

"J’aime beaucoup le partage et les échanges qui ont lieu dans le cadre des cours", souligne-t-elle. Et bien sûr, elle poursuit son activité de photographe, travaillant actuellement sur plusieurs séries dont Landscape of teenagehood, "avec mon fils Simon". Quant à son autre fils, Toine, "il se sent plus Français que Néerlandais, dit sa mère. Il profite toujours des vacances pour revenir en Aveyron. Et il adore Rodez. Il a même le maillot du Raf". Rodez où Coralie Rey aimerait bien s’installer, "à terme". "Mon cœur est en Aveyron", conclut-elle.

www.realitybeautycapturer.com/
Sur Instagram : carole_reyphotography
La série "Oh les beaux jours" est à découvrir jusqu’au 26 novembre, à la Menuiserie (14 rue du 11-Novembre, à Rodez) dans le cadre de l’exposition collective avec Florence Castelbou et Christian Bousquet. lamenuiserie.net
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