Attaque au couteau, émeutes, réactions : ce que l'on sait des dernières heures très tendues à Dublin

À Dublin, l'atmosphère est tendue ces dernières heures. La capitale irlandaise a été le théâtre d'une attaque au couteau dans la journée de jeudi 23 novembre 2023, avant d'être en proie à une nuit d'émeutes.

L'attaque a touché des enfants

L'attaque a été perpétrée près d'O'Connell Street, l'une des principales artères de la ville. En début d'après-midi, un homme a sévi à l'arme blanche, blessant cinq personnes dont trois enfants, à proximité d'une école. La police a annoncé l'arrestation d'un suspect âgé d'une quarantaine d'années, traité pour de graves blessures, estimant qu'il avait agi seul. Elle a dit n'exclure aucun mobile.

Responsable de la police locale, Liam Geraghty annonçait qu'il "semble s'agir d'une attaque isolée", a-t-il expliqué. Si, dans un premier temps, il avait ajouté que les enquêteurs écartaient tout motif "terroriste" après avoir pris acte des premiers éléments de l'enquête, Drew Harris, le chef de la police, a tempéré : "Je ne vais pas alimenter les spéculations s'agissant d'un motif terroriste. Tant que nous ne sommes pas certains du motif, nous devons garder l'esprit ouvert". 

Des émeutes éclatent dans la ville

Des heurts ont ensuite éclaté entre des manifestants anti-immigration et la police antiémeute. Ces contestataires se sont rassemblés près de la place Parnell, où s'est produite l'attaque. Un autobus à l'impériale a été incendié devant la statue de Daniel O'Connell, dans cette rue, et les vitres d'un hôtel Holiday Inn et d'un restaurant McDonalds situés à proximité ont été brisées. Un tramway et une voiture de police ont été incendiés, des magasins ont été pillés et les services de transports en commun ont été suspendus avant de reprendre partiellement dans la matinée de vendredi.

"Ce sont des scènes honteuses. Il y a une faction de hooligans complètement lunatiques guidés par une idéologie d'extrême droite qui se livrent à de graves violences", a déclaré à des journalistes Drew Harris, après avoir ordonné le déploiement de 400 officiers pour rétablir l'ordre public. Il a fallu plusieurs heures à la police pour reprendre le contrôle du quartier face à une foule qui a rassemblé jusqu'à 200 à 300 personnes. Les pompiers de Dublin ont diffusé des images montrant l'ampleur de la violence. Nos confrères de l'Irish Independant également. 

Le commissaire Patrick McMenamin a dénoncé une "violence gratuite". "Certains de mes collègues ont été attaqués et agressés. Heureusement, aucun blessé grave n'est à déplorer", a-t-il dit dans un message vidéo. La police a annoncé avoir procédé à 34 interpellations. Il s'agit d'émeutes quasiment inédites à Dublin, où le Parlement ne compte aucun élu d'extrême droite mais où se sont toutefois produites au cours de l'année écoulée de petites manifestations anti-immigration

"Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur"

Dans les colonnes de l'Irish Independant, Caio Benicio, livreur Deliveroo qui a arrêté l'agresseur, a raconté son geste. Il voit l'individu poignarder une petite fille. "J'ai arrêté mon vélo et, je ne sais pas, j'ai agi par instinct... J'ai enlevé mon casque et je l'ai frappé avec, sur la tête". L'individu serait alors tombé par terre. "Je l'ai frappé plusieurs fois et d'autres personnes l'ont retenu." Interrogé sur les réactions de la soirée à Dublin, Caio Benicio a réagi : "si c'était contre les immigrés, je suis moi-même immigré et j'ai aidé des gens jeudi". 

Réactions politiques

Premier ministre irlandais, Léo Varadkar a écrit, sur Twitter, ce jeudi soir : "Nous sommes tous choqués par l'incident survenu à Parnell Square. Un certain nombre de personnes ont été blessées, dont des enfants. Nos pensées et nos prières vont à eux et à leurs familles". Au sujet des événements qui ont suivi, il a fustigé les émeutiers qui "font honte à l'Irlande. Ces gens affirment défendre les ressortissants irlandais mais mettent en danger les plus innocents et vulnérables".

Cheffe du Sinn Fein, troisième puissance politique au Parlement irlandais, Mary Lou McDonald s'est dite "horrifiée" par l'attaque au couteau survenue plus tôt, et a également exprimé sa solidarité aux familles des victimes après avoir échangé avec le chef de l'établissement devant lequel l'assaillant a sévi.