"Non seulement la langue occitane n’est pas morte mais elle recrute" : de plus en plus d'occitan dans les écoles en Aveyron

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  • Les écoliers se retrouvent lors de rassemblements comme ici à Saint-Sernin-sur-Rance.
    Les écoliers se retrouvent lors de rassemblements comme ici à Saint-Sernin-sur-Rance.
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Olivier Courtil

L’Association pour le développement de l’occitan en Aveyron (Adoc 12) sensibilise désormais plus de 30 % des écoliers du département.

"Non seulement la langue occitane n’est pas morte mais elle recrute", affirme Jacques Bigayrou, directeur de l’Association pour le développement de l’occitan en Aveyron (Adoc 12). Et il est bien placé pour le savoir, son association a pour objectif de sensibiliser 40 % des écoliers aveyronnais à horizon 2028 et de "prolonger cet apprentissage au secondaire en travaillant avec le Départemen". 

De fait, c’est mathématique, il faut recruter une personne par an pour remplir cette mission. La demande est là. De nouvelles communes ont fait appel l’association à cette rentrée comme Maleville, Gages-Montrozier ou encore Entraygues-sur-Truyère.

Fondée en 2006, l’Adoc 12 a pour dessein de "sensibiliser sur l’occitan, aborder la langue à travers son environnement pour connaître ce qui vit autour de nous", rappelle comme une évidence Jacques Bigayrou. Une évidence qui l’est moins à la vue des écoliers dont les yeux sont rivés sur les écrans. Le retour à la langue de son pays va de pair avec la connaissance du réel, ce qui vit sous nos pas pour la découverte de soi. Sa culture et les mots pour le dire.

Pour ce faire, les salariés d’Adoc 12 arpentent les écoles via une convention avec le Département. L’année scolaire débute après les vacances de la Toussaint pour s’achever courant mai par les rassemblements occitan (atelier pédagogique, découverte d’un lieu, spectacles, animations, etc.). "L’enfant voit alors qu’il n’est pas seul à avoir appris la langue occitane. C’est une ouverture".

Moins de 600 000 locuteurs

Selon une étude de l’Office public de la langue occitane (Oplo) réalisée en 2020, le nombre de locuteurs est estimé à 594 000 soit environ 7 % de la population d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine et. "Il faut espérer 25 % de locuteurs pour sortir de la logique de déclin. Pour cela, il faut travailler sur une génération", déclarait Benjamin Assié, élu régional en charge de la défense des langues occitanes.

D’où la mise en place au niveau régional d’un kit occitan à l’attention des communes qui comprend douze fiches (ouvrir un cursus bilingue, développer l’enseignement renforcé, aider à l’ouverture d’une calendreta, déployer une signalétique bilingue, proposer une version occitane d’un site internet, etc.). Sur 4 500 communes d’Occitanie, 500 devraient s’en saisir.

Le conte, thème de l’année

Ce sont onze heures de cours, à raison d’une demi-heure par classe qui sont proposés pendant vingt-deux semaines. En amont, le programme est ficelé avec les conseillers pédagogiques de l’Éducation nationale en Aveyron que sont Véronique et Olivier. Cette année, le thème retenu porte sur le conte.

"Cela permet de travailler l’oralité avec le but de le restituer à la maison". Il est toujours question de transmission et de lien social. Concrètement, cette initiation à l’occitan se matérialise par deux supports qui seront proposés en cours d’année : une carte en relief de l’Aveyron avec les noms en langue occitane et un livret qui l’accompagne "pour pêcher des informations", glisse Jacques Bigayrou. Histoire de connaître, pour reprendre Houellebecq, la carte et le territoire.

Maison Jean Boudou à Crespin

Ce dernier rappelle que l’association est une émanation du pôle départemental Aveyron occitan, qui regroupe l’Institut occitan de l’Aveyron (IOA), l’Adoc 12 donc, et la Maison Jean Boudou à Crespin qui propose aussi des animations au fil de l’année. Preuve du regain pour la langue occitane. Un élan qui se retrouve avec d’autres traces écrites telles que les deux ouvrages publiés par Pierre-Marie Terral, professeur d’histoire au lycée Monteil de Rodez, "Les plus beaux villages d’Occitanie" et "L’Occitanie tout une histoire".

Ce dernier est l’occasion d’échanger entre générations. Car c’est bien le rôle des parents d’éduquer leurs enfants et au corps professoral de parfaire leur enseignement. "Nous avons un petit rituel pour commencer l’enseignement. On enregistre une phrase et chaque classe d’une école ajoute un mot. Cela permet de tisser du lien et de se retrouver autour d’une langue commune", conclut Jacques Begayrou. Car l’altérité est nécessaire au maintien d’une langue vivante. Et pour comprendre le monde.

En chiffres

  • 2 Calendreta en Aveyron (Rodez et Millau)
  • 10 classes bilingues
  • 12 salariés au sein de l’Adoc, 12 interviennent à la demande des écoles
  • 11 heures sur 22 semaines pour sortir avec un niveau A1 de langue dit de découverte
  • 30 % des écoliers sensibilisés à l’occitan
  • 650 enfants se retrouvent lors des 16 journées de rassemblement en fin d’année
  • 1 % de collégiens et 0,5 % de lycéens suivent un enseignement occitan
  • 40 % des écoliers, l’objectif visé en Aveyron en mars 2028.

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