"Un système de maltraitance généralisé" : les Ehpad du groupe Emera dans le viseur de la justice

  • Un nouveau scandale dans les maisons de retraite ?
    Un nouveau scandale dans les maisons de retraite ? Pexels - Jsme Mila
Publié le , mis à jour

Deux ans après le scandale Orpéa, un nouveau groupe de résidences pour seniors et de maisons de retraite médicalisées fait l'objet de plusieurs plaintes.
 

"Nous avons pleinement conscience du bonheur que peut procurer le fait d’être entouré de personnes bienveillantes. Nous voulons offrir confort et plaisir à chacun de nos résidents."

C'est l'une des phrases alléchantes du site internet qui présente les activités et l'histoire vieille de 35 ans du groupe Emera, spécialisé dans les résidences seniors et les Ehpad. Le groupe revendique plus de 7 000 salariés dans plus de 100 établissements en France (dont 3 en Occitanie : Ibos -Hautes-Pyrénées-, Montpellier -Hérault- et Limoux -Aude-), mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Espagne et en Irlande. Racheté en partie par les fonds d’investissements Ardian et Naxicap en 2019, le chiffre d'affaires du groupe Emera s'élevait l'année précédente à plus de 230 millions d'euros, précise Libération.

Résidents oubliés, non pris en charge, ou défenestré...

Mais les belles phrases des réclames semblent loin aujourd'hui de la réalité : selon Le Monde, le groupe Emera fait l'objet d'au moins 5 plaintes pour maltraitance de la part de personnels et de familles de résidents. Voici quelques cas relevés dans les Ehpad du groupe :

  • Dans un établissement Emera de La-Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), un résidente "oubliée" 24 heures dans sa chambre, des chambres non nettoyées, des toilettes de résidents non effectuées, des vols de vêtements, des "médicaments donnés aux mauvais patients", ou non distribués faute de personnels de nuit... Plusieurs signalements de cas qui ont été transmis à l'Agence régionale de santé (ARS) qui a relevé lors d'une visite effectué dans l'établissement le 14 novembre "des manquements dans les prises en charge", précise La Dépêche du Midi. Le 5 septembre dernier également, une résidente de cet Ehpad est morte des suites d'une déshydratation.
  • Dans un autre Ehpad d'Île-de-France, en août 2022, une erreur d'administration d'insuline provoque un coma diabétique chez un résident.
  • Le 26 août 2023, une résidente d'un Ehpad Emera de Grasse (Alpes-Maritimes) qui "n'allait pas bien" s'est défenestrée faute de prise en charge et d'attention.
  • Dans un autre Ehpad Emera du département, à Châteauneuf, un octogénaire disparaît le 29 septembre. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard.
  • Dans l'Ehpad Emera de Gradignan (Gironde), une enquête pour "violences habituelles sur personne vulnérable" a été ouverte par le parquet de Bordeaux après le dépôt d'une plainte de la fille d'une résidente de 96 ans, retrouvée sans dentier, sale tout comme sa chambre, et contrainte "de faire sa toilette toute seule alors (...) qu'elle est en fauteuil roulant".

La CGT écrit au gouvernement

Ce samedi 2 novembre, la CGT a écrit une lettre adressée notamment au gourvernement et à la ministre des Solidarités Aurore Bergé pour demander une saisine de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). "Il apparaît que le groupe Emera entretient un système de maltraitance généralisée qui s'opère chaque jour", assure la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.

Deux ans après l'affaire médiatique de maltraitance dans les Ehpad du groupe Orpéa, va-t-on vers un nouveau scandale, alors même que le gouvernement avait annoncé vouloir durcir les contrôles dans ces établissements ?

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