Fou de cinéma, l’Aubinois Victor Norek anime sa chaîne YouTube et vient de sortir un livre sur Spielberg

Il faut, au moins une fois, avoir regardé la chaîne YouTube joliment nommée "Le CinématoGrapheur" – qui compte plus de 21 000 abonnés pour près de 800 000 vues – pour comprendre la passion pour le cinéma qui anime Victor Norek. Une passion qui ne date pas d’hier. "Je devais avoir une douzaine d’années. J’avais choisi de rester une semaine en vacances, tout seul, dans notre maison familiale à Aubin alors que ma famille rejoignait Paris".

"Papa, maman, je veux faire du cinéma"

"Une semaine à regarder des films en boucle. Et quand je suis rentré à la capitale, j’ai dit : "Papa, maman, je veux faire du cinéma !" S’ils sont sensibles à l’enthousiasme de leur fils, ses parents – sa mère Martine, directrice d’école et son père, Claude, directeur général de Radio France – conscients que travailler dans le cinéma peut s’avérer précaire, lui conseillent cependant de faire des études classiques. "On ne t’empêchera jamais de faire ce que tu veux mais assure-toi d’avoir un oreiller sur lequel tu pourras retomber."

"Je vivais ma passion mais je n’en vivais pas"

Bac S en poche, le jeune Victor, né en 1987 à Clichy et qui a grandi à Paris, se lance alors dans des études de médecine. Tout en suivant le cours Florent. Le jeune homme se rêve acteur et fait même un peu de mannequinat. Il tente aussi le concours d’entrée, sans succès, à la Femis, prestigieuse école de cinéma. En revanche, il réussit le concours qui sanctionne la première année de médecine et choisit de poursuivre en filière dentaire. Deux années passent avant que l’étudiant décide de faire une pause. Pause qu’il met à profit pour écrire le scénario d’un long métrage. Mais le producteur le lâche en cours de route et le projet n’aboutira pas. "Je vivais ma passion mais je n’en vivais pas", reconnaît-il. L’Aubinois retourne alors à la fac, avec l’envie de partir terminer son cursus à l’étranger. Il choisira le Vietnam où il avoue avoir aimé "l’immersion dans cette culture si différente de la nôtre". "J’avais 23 ans et j’étais tout seul, en totale autonomie. Cette une année qui m’a permis de devenir adulte", avoue-t-il.

2021, le tournant

De retour à Paris et chirurgien-dentiste en titre, il fait ses débuts "dans le cabinet du dentiste qui me traitait quand j’étais petit", sourit-il.

Un métier qu’il exerce avec sérieux mais sans passion. Jusqu’en 2020 où le Covid et les restrictions qui lui sont imposées – blouse, charlotte, visière, masque… – lui font se poser des questions quant à son avenir professionnel.

Il profite de la période de confinement pour préparer son mariage avec son compagnon, annulé à cause de la pandémie en mai 2020 et finalement célébré, en août suivant à la mairie d’Aubin.

L’année suivante, il cesse son activité de chirurgien-dentiste et crée sa chaîne YouTube, le CinématoGrapheur, qui compte aujourd’hui trente vidéos, où l’Aveyronnais analyse des films, de façon ludique, enjouée et néanmoins pertinente et documentée. "Ce n’est pas parce qu’un film est populaire qu’il n’est pas intelligent, assure le spécialiste. Et puis il peut y avoir plusieurs niveaux de lecture, comme dans Le voyage de Chihiro." Un travail qui peut demander jusqu’à 250 heures de visionnage, de documentation, de tournage et de montage. "Pendant ma deuxième année de médecine, J’avais pris un module cinéma, au cours Florent, animé par Augustin Burger. Ensuite, j’ai appris sur le tas."

Contacté par un éditeur

Et c’est après le quatrième épisode, consacré à Indiana Jones et plus largement à Steven Spielberg, qu’il est contacté par Third Éditions, une maison d’édition toulousaine, spécialisée dans la pop culture, qui a remarqué son travail sur la toile. "Ça nous intéresse. On aimerait faire un livre avec vous." Un projet qui se concrétise avec la parution de l’ouvrage "L’œuvre de Steven Spielberg – L’art du blockbuster", le 9 novembre dernier.

Installé aujourd’hui au Canada, à Montréal, avec son mari Geoffroy, originaire de Lille et data scientist chez Amazon Games, l’Aveyronnais se consacre entièrement à sa passion du cinéma. Préparant de nouveaux épisodes du CinématoGrapheur et travaillant sur le second volume de son ouvrage, tant la filmographie du réalisateur américain (lire par ailleurs) est vaste.