La pilule du lendemain, un tabou pour une femme sur trois

  • Un tiers des Françaises considèrent encore la contraception d'urgence comme "une pilule que l'on a honte de prendre".
    Un tiers des Françaises considèrent encore la contraception d'urgence comme "une pilule que l'on a honte de prendre". fizkes / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Les femmes ont de plus en plus recours à la contraception d'urgence, ou pilule du lendemain, en France, mais les tabous qui entourent cette solution exceptionnelle n'en demeurent pas moins tenaces. A ce titre, une nouvelle étude révèle qu'un tiers des Françaises la voient comme "une pilule que l’on a honte de prendre". Un sentiment davantage ressenti par les plus jeunes générations.

Intégralement prise en charge sans ordonnance depuis le 1er janvier 2023, que ce soit pour les personnes majeures ou mineures, la pilule du lendemain vise à prévenir les grossesses non désirées après un rapport sexuel non protégé ou mal protégé. Un an plus tard, cette mesure a-t-elle changé le regard porté sur cette méthode contraceptive exceptionnelle ? Oui et non, au regard d'un sondage réalisé par l'Ifop pour Biogaran, qui indique que les femmes y ont davantage recours au fil des années, mais que cela demeure une gêne, voire une honte, pour nombre d'entre elles.

Plus utilisée malgré une certaine gêne

Près de quatre femmes âgées de 15 à 49 ans sur dix (38%) déclarent s'être déjà tournées vers la contraception d'urgence au cours de leur vie en 2023, contre 24% en 2010, 14% en 2005, et 9% en 2000. En l'espace de deux décennies, quatre fois plus de Françaises ont eu recours à la pilule du lendemain pour prévenir une grossesse non désirée. L'étude souligne par ailleurs que 10% des femmes l'ont prise au cours des douze derniers mois. Pour cela, la pharmacie apparaît comme la solution la plus accessible, étant donné que les trois quarts des femmes concernées l'ont obtenue directement par ce biais, sans prescription.

Fait intéressant, une femme sur dix déclare avoir la pilule du lendemain chez elle; un geste qui permettrait de ne pas se retrouver dénué de solution en cas de rapport non ou mal protégé. Et beaucoup n'ont aucun mal à évoquer le sujet. La preuve, plus des deux tiers des femmes concernées par cette méthode contraceptive (68%) affirment pouvoir la demander aisément à leur pharmacien, et un quart confie même avoir déjà évoqué le sujet avec leur médecin traitant ou leur gynécologue. Malgré tout, une importante partie du panel, à savoir une femme sur trois, estime encore que c'est "une pilule que l'on a honte de prendre". Un sentiment davantage partagé par les 25-34 ans (38%).

Un manque d'informations

Chose surprenante, ce sentiment de honte n'était partagé 'que' par 20% des femmes en 2012. Et il se pourrait que cette perception ait des conséquences sur le comportement adopté par les femmes face à ce type de contraception. On apprend, par exemple, que près de trois femmes sur dix (27%) ne préviennent pas leur partenaire en cas de recours à la pilule du lendemain. Dans le cas contraire, plus d'un tiers des hommes (36%) n'interviennent pas pour se procurer ce besoin. A noter toutefois, des disparités en fonction des générations, les hommes de moins de 25 ans informés de la situation par leur partenaire l'accompagnent (39%) ou se rendent même en solo à la pharmacie (20%).

Dans la même veine, les deux tiers des Françaises sont encore mal informées sur cette méthode contraceptive, ne sachant pas qu'elle est gratuite pour l'ensemble des femmes, mineures comme majeures, sans avance des frais. Sept sur dix ignorent également qu'elle peut être prise jusqu'à cinq jours après le rapport sexuel.

*Cette étude a été réalisée en ligne par l'Ifop pour Biogaran, du 20 au 24 juillet 2023, auprès d’un échantillon de 1.050 femmes, représentatif de la population féminine française âgée de 15 ans et plus.

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