Plus dur mais plus juste ? Céréales, huiles, boissons, fromages : quels sont les gagnants et les perdants du nouveau Nutri-score 2024 ?

  • L’algorithme du Nutri-score, cet algorithme qui classe les aliments de A, les meilleurs, à E, les plus mauvais, a changé ce 1er janvier 2024.
    L’algorithme du Nutri-score, cet algorithme qui classe les aliments de A, les meilleurs, à E, les plus mauvais, a changé ce 1er janvier 2024.
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Centre Presse Aveyron

Le Nutri-score s’est doté en ce début d’année d’un nouveau mode de calcul. Plus rigoureux, notamment sur la teneur en sucre, certains produits verront leur note baisser. Explications.

L’algorithme du Nutri-score, cet algorithme qui classe les aliments de A, les meilleurs, à E, les plus mauvais, a changé ce 1er janvier 2024. Objectif : classer les aliments et les boissons au plus proche des recommandations des pays européens. Ainsi, le comité de pilotage du Nutri-score, composé de la Belgique, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse se sont mis d’accord pour durcir le calcul du Nutri-Score sur différents aspects.

Céréales, huiles…

Pour les produits trop sucrés et trop salés, il sera désormais plus difficile d’obtenir un bon score. Exemple concret avec les céréales du petit-déjeuner, qui présentent une teneur en sucre relativement élevée, ne pourront plus être classées A mais passent en C. C’est le cas pour les céréales Chocapic et Nesquik, pour les enfants, mais aussi Nature Fitness et Spécial K, pour les adultes. Les céréales encore plus sucrées subissent le même sort. Les céréales Lion passent de C à D.

Changement également du côté des huiles. Les huiles à faible teneur en acides gras saturés, qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, sont valorisées par rapport aux autres. Ainsi l’huile d’olive et l’huile de colza se hissent en catégorie B, l’huile de tournesol en C. Le classement des autres huiles végétales et le beurre restent inchangés, en D et E.

Poissons gras, volaille et pains complets valorisés

Plusieurs autres nouveaux aspects sont aussi pris en compte dans le nouveau calcul. Ainsi les aliments complets, riches en fibres, comme le pain, les pâtes, le riz seront valorisés par rapport aux aliments raffinés. Les céréales utilisées complètes (avec le grain entier) contiennent beaucoup plus de fibres, de minéraux et de vitamines que les céréales raffinées, il sera donc plus facile de les différencier avec le nouveau calcul. La volaille, réputée meilleure pour la santé car moins riche en graisse, se trouve valorisée par rapport à la viande rouge (concrètement les points apportés grâce aux protéines sont plafonnés pour la viande rouge). De même que les poissons gras (sans ajout), riches en oméga-3, sont eux aussi mis en avant. Et les fromages à pâte pressée, à faible teneur en sel (comment l’emmental) se hissent en classe C.

Les boissons

Des changements interviennent également sur les boissons, notamment sur les boissons lactées. Les laits écrémé, demi-écrémé intègrent cette catégorie (et quittent les aliments généraux) et passent de A à B, de B à C pour le lait entier. "Les boissons lactées sucrées (laits aromatisés) ne seront plus classées A ou B (comme c’est le cas avec le Nutri-Score actuel) et seront maintenant classées principalement en D et E (certaines de ces boissons à faible teneur en sucre peuvent se retrouver en C)", explique le blog du Nutri-score. Exemple : le Candy-up et le Yop, trop sucrés, rétrogradent de B à D.

Quid des nombreuses boissons contenant des édulcorants, soupçonnées d’être associées à un risque accru de cancer ? Elles ont beau être moins sucrées, ces boisons (dites light, allégées ou zéro…) seront désormais pénalisées. Elles "passeront dans la classe C (voire D/E pour celles qui contiennent à la fois des édulcorants et du sucre)", précise le blog du Nutri-score. Le Coca-Cola Zero passerait de B à C, si Coca Cola company acceptait d’intégrer le Nutri-score sur ses emballages. Car le logo n’est pas obligatoire et dépend, rappelons-le, du bon vouloir des industriels.

L’eau demeure l’unique boisson dans la catégorie A.

Quels futurs changements ?

Pour l’heure, le fait que les produits soient ultra-transformés n’est pas visible sur le logo du Nutri-score. De même que le label AB, qui indique que l’aliment est Bio et normalement sans pesticide, pourrait s’afficher à côté Nutri-score pour faciliter la lecture, en un coup d’œil, du produit.

Les industriels les plus réticents ?

"Les modifications portent à la fois sur les aliments solides et les boissons, afin de mieux coller aux recommandations nutritionnelles, comme le fait de consommer plus de fruits et légumes, ou moins de produits sucrés", explique à l'AFP Mathilde Touvier, épidémiologiste en nutrition à l’Inserm, directrice de l'équipe de recherche qui a inventé le Nutri-Score.

Avec l'algorithme initial, "trop de produits se trouvaient par exemple favorablement bien classés alors que leur taux de sucre était en fait très important", illustre-t-elle.

Les changements devraient concerner 30 à 40% des produits en rayon.

Les nouvelles règles "ont réveillé les lobbies, très actifs dans ce domaine", précise M. Hercberg, de l'université Sorbonne Paris Nord. "Ils ont beaucoup pesé pour que le logo ne devienne pas obligatoire au niveau européen".

De grands groupes tels que Ferrero, Coca-Cola, Mars, Lactalis ou Unilever international refusent et combattent le Nutri-Score, de même que certains syndicats agricoles ou Etats, comme l'Italie, soucieux de défendre les intérêts de leur secteur agro-alimentaire.

À noter : le nouveau Nutri-score se déploiera progressivement sur les emballages. Les industriels ont en effet jusqu’à la fin de l’année 2025 pour afficher le score obtenu avec le nouvel algorithme.
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