Jean-Marc Boutonnet-Tranier, un paysan de La Salvetat-Peyralès qui sème en Ethiopie

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  • Quand il est en Aveyron, Jean-Marc Boutonnet-Tranier se partage entre sa maison de La Salvetat-Peyralès et celle de Villefranche-de-Rouergue.
    Quand il est en Aveyron, Jean-Marc Boutonnet-Tranier se partage entre sa maison de La Salvetat-Peyralès et celle de Villefranche-de-Rouergue. Rui Dos Santos
  • Dans son restaurant, il accueille de nombreuses célébrités, comme le chanteur éthio-jazz Mahmoud Ahmed.
    Dans son restaurant, il accueille de nombreuses célébrités, comme le chanteur éthio-jazz Mahmoud Ahmed. Reproduction L'Aveyronnais
  • Sa définition de son Louvre Hôtel à Addis-Abeba : "Le charme à la française allié à l’hospitalité éthiopienne".
    Sa définition de son Louvre Hôtel à Addis-Abeba : "Le charme à la française allié à l’hospitalité éthiopienne". Reproduction L'Aveyronnais
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Rui DOS SANTOS

Né certes à Villefranche-de-Rouergue mais Salvetatois d’origine, il revendique volontiers ses liens très forts à la terre du Ségala, ses attaches à ses racines agricoles. Il a sillonné la planète à l’occasion de ses mille-et-une vies, avec, en particulier, l’ouverture d’un hôtel-restaurant à Addis-Abeba, dont il partage la gestion avec son fils Thomas.

Il n’a pas de lien particulier avec la Joconde, ni avec les pyramides d’égypte. Mais, il a un faible pour le Louvre. Membre des Amis du Louvre, il a localisé son bureau au n°15 de la rue du... Louvre, à Paris. Du coup, quand il a fallu donner un nom à l’établissement qu’il a construit, en 2008, à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, il a pensé naturellement à... Louvre hôtel !

Né à Villefranche-de-Rouergue, mais originaire de La Salvetat-Peyralès, du lieu-dit Blauzac par son père et de celui de Campels par sa mère, il a vécu là jusqu’à l’âge de 4 ans, avant de grandir en région parisienne (93), entre Montreuil et Rosny-sous-Bois pour suivre un papa gendarme mobile. Ce père qui a été adopté par son oncle et sa tante, qui n’avaient pas d’enfant. Raison pour laquelle Jean-Marc Boutonnet s’appelle aussi Tranier.

Après avoir décroché un bac F3 (électro-technique), il a beaucoup voyagé : Istanbul (en stop !), Etats-Unis, Mexique... Après un premier job (installer des centraux téléphoniques pour les PTT à travers tout l’Hexagone), les fourmis se sont réveillées. Son objectif : "Faire un tour du monde sans jamais prendre l’avion !". Il a ainsi fait étape en éthiopie, sans savoir qu’il y reviendrait un jour.

Une société de plus de mille salariés !

Entre temps, il a rencontré voilà 43 ans, à Paris, Guénette, migrante... éthiopienne, devenue sa femme et la maman des trois enfants : Medina, Mylène et Thomas. Entre temps aussi, après avoir goûté à la Birmanie, à la Thaïlande, à l’Australie ou encore à l’Amérique du Sud, il a créé, en 1982, Sidep, entreprise spécialisée dans la protection contre le vol, notamment dans les magasins.

Il a été le premier fabriquant français de ce type de produit... "Sans gloire aucune, mais avec le mérite d’y croire !", souligne-t-il. Au zénith de l’activité, ce polyglotte (français, portugais, espagnol, anglais) a employé 1 000 salariés, dont 600 en Chine. Il a vendu cette société en 2007.

Jean-Marc Boutonnet-Tranier se partage donc entre l’Ethiopie et Paris, où il a d’ailleurs passé une partie des fêtes afin de lever le verre à la santé de Diane, née le 21 décembre dans le foyer de sa fille Mylène, âgée de 36 ans. Il fait aussi, de temps en temps, un saut du côté de Montpellier, où il est toujours actionnaire dans une société de sécurité électronique ("J’aime le rapport à la technique et à l’industrie") et traverse encore l’Atlantique pour se poser au Brésil où il est en effet associé avec son frère.

"J’ai passé un quart de siècle dans les avions et plus de 50% de mon temps loin de la France, s’amuse l’intéressé. J’ai été nourri par cette belle vie". Pour autant, il n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron. Avec toujours deux points de chute : un à Villefranche-de-Rouergue et l’autre à La Salvetat-Peyralès. Sans oublier également la ferme qu’il possède sur la commune salvetatoise et qui est exploitée par de jeunes agriculteurs-maraîchers, installés en bio.

Un certificat d'origine éthiopienne

"Je reviens tous les deux mois environ, se réjouit-il. Mes racines, mes attaches familiales sont ici. Je n’oublie pas que, enfant puis adolescent, je me suis occupé des animaux, j’ai fauché le blé. Vraiment fier de cet ancrage, je suis un paysan dans l’âme, avec les pieds sur terre. Cette philosophie m’a toujours servi dans mes affaires, partout à travers le monde".

Et de conclure sur le sujet : "Mon éducation s’appuie sur trois piliers : le patois, le rapport à la terre et celui à la famille". Il le dit des trémolos dans la voix, avec émotion, lui, solide plante de 183 centimètres pour 100 kilos qui a pratiqué la boxe dans sa jeunesse, montant sur le Ring de Montreuil à l’âge de 12 ans, et qui, quand il quittait les gants, dévorait des bandes dessinées.

Se qualifiant très volontiers de "citoyen du monde", Jean-Marc Boutonnet-Tranier possède plusieurs passeports. Dont celui aux couleurs de l’Ethiopie? "C’est vrai que j’ai beaucoup de choses estampillées de ce pays, sourit l’intéressé. Déjà, je suis résident ! Sur ma carte d’identité, j’ai un certificat d’origine éthiopienne. C’est le seul état d’Afrique qui n’a pas été colonisé. Et je ne suis pas dépaysé quand je me promène car les paysages sont similaires à ceux du Larzac, autour de Millau".

Il a d’ailleurs toujours tout mis en œuvre pour s’intégrer : "J’ai commencé par apprendre toutes les insultes, bien sûr, et je maîtrise les éléments de base de l’amharique (la langue officielle, NDLR) à l’oral". Assez en tout cas pour assurer l’accueil, qu’il partage avec son fils Thomas, âgé de 34 ans, de la clientèle de son établissement. Il possédait ainsi une maison à Addis-Abeba depuis 1992, démolie en 2008, pour permettre au Louvre hôtel et au restaurant de sortir de terre.

L'accueil d'une délégation du musée Fenaille

"Le charme à la française allié à l’hospitalité éthiopienne», c’est ainsi que Jean-Marc Boutonnet-Tranier parle de son hôtel, avant de poursuivre : "Il est atypique, compte 20 chambres, de style Empire. à la croisée des cultures, l’occasion de découvrir un lieu unique, accueillant et confortable, avec chambres et appartements".

Cette offre est complétée par un restaurant français, un bar de style parisien du début du XXe siècle et trois terrasses semi-couvertes. Le maître des lieux a confié la décoration de la brasserie, des terrasses et de la salle de sport à l’artiste de la Perle du Rouergue Stef Berg. Le Villefranchois, qui (a)voue un penchant fort pour la culture (il a réalisé un documentaire, baptisé "Arthur Rimbaud,un testament africain", qui a déjà fait plus de 20 000 vues, et sorti un livre, intitulé "Les quatre songes du bateau mat") est très sollicité pour que le Louvre hôtel serve de décor à des tournages de films, de clips musicaux.

Vice-président de l’Alliance française en éthiopie, l’Aveyronnais est aussi demandé par la télévision et il a tout récemment accueilli une délégation ruthénoise du musée Fenaille, conduite par son directeur Aurélien Pierre.
 

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