Villeneuve. La maison du Masel remonte le temps de la commune

  • Le Masel, place des Conques.
    Le Masel, place des Conques.
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Centre Presse

En 1345, Villeneuve compte environ 3 600 habitants et les bourgeois enrichis construisent des demeures qui affichent leur réussite. La Maison du Masel en est un bel exemple. Elle est facile à identifier puisqu’elle abrite aujourd’hui la galerie de photos de Jean-Marie Périer et l’office de tourisme. Le mur du rez-de-chaussée, à l’angle de la place et de la rue Pavée, s’orne d’une tête de taureau gravée. Ce bâtiment serait-il le Masel, la boucherie médiévale ?

La façade présente trois niveaux de moellons calcaires, à peine équarris, dont les chaînes d’angle sont en pierre de taille. Ses remaniements évidents manifestent qu’on y a vécu longtemps et qu’on s’est soucié d’y apporter des modifications de confort, au détriment de l’unité de style.

Trois arcs brisés inégaux forment les couverts sous lesquels s’ouvraient quatre portes surmontées d’un arc ogival, ouvert ou encore visible. Pour éclairer, aérer les appartements, on a percé la façade de trois fenêtres à croisées, au XIVe siècle, puis, après le XVIIe, de très hautes fenêtres modernes. Il est vrai que la place offre à profusion le soleil dont on se protégeait grâce aux bannes, ces lourdes draperies fixées au mur par des portes bannes. Au premier, un cordon de pierre courait sur la façade.

Sur son côté est, rue de Damié, à l’angle de la construction du XIIIe, un visage d’homme rappellent les sculptures de saint Antonin ou de Saint-Cirq. Des arcades ouvertes ou murées témoignent de l’implantation de boutiques. Une colonne au chapiteau sculpté de feuilles sépare les deux vantaux d’une fenêtre.

Côté ouest, la tour escalier atteste d’un style Renaissance. Au 1er étage, une fenêtre géminée au linteau trilobé, au chapiteau sculpté d’un décor végétal, est typique du XIIIe siècle. La cave voûtée, à l’est de la maison, était éclairée par deux soupiraux dont l’un est fermé. Son pavé, quadrillé de rigoles, permet l’évacuation de l’eau. La sortie par l’escalier donne directement sur la rue.

Le 1er étage est, bien sûr, l’étage noble. La plus belle salle prend le jour sur la place des Conques et la rue de Damié. Équipée d’une haute cheminée de pierre moulurée et ornée de sculptures, elle possède une niche qui servait de placard et la pierre d’un évier. Éclairée par des baies sur deux côtés, elle manifeste le souci du bien-être domestique du XIIIe siècle. Le 2e étage reproduit plus modestement le 1er et offrait également de bonnes conditions de logement. Le grenier, sous les toits, permettait de stocker les grains.

Cette maison fut sans doute un immeuble de rapport. Mais, au vu des sculptures et du décor peint, elle révèle les goûts de luxe et la culture de la bourgeoisie qui l’a habitée.

La réussite matérielle s’accommode de l’incursion du fantastique dans la décoration, puisque les cheminées et les angles des murs s’ornent de personnages hybrides, mi-hommes mi-dragons comme des chapiteaux de cathédrale. Le bœuf représenté sur le chapiteau de la cheminée du 1er étage est lui aussi doté d’oreilles et de pattes de dragon. Ce goût d’une fantasmagorie effrayante nous paraît peu compatible avec le bien-être mais cette proximité avec des êtres malfaisants est caractéristique de l’art gothique dont la maison "du Maselier" est un exemple civil.

Le ciel étoilé est peint sur les planches du plafond de l’aula et les poutres sont décorées de fleurs rouges ou blanches, de feuilles charnues en forme d’amande. Ce décor est semblable à celui qui recouvre la voûte d’une chapelle de l’église de Villeneuve et à celui de la nef du chœur des Jacobins de Toulouse, datant du XIVe siècle. Les peintres ont honoré des commandes civiles avec des thèmes de l’iconographie religieuse, en ces temps où le civil et le religieux interféraient naturellement.

La fine analyse des maisons médiévales de Villeneuve que Séverine Goutal a présentée comme mémoire de maîtrise, en juin 2001, à l’université de Toulouse, place cette maison parmi les plus anciennes la bastide. Construite au XIIIe, au moment de la création de la bastide comtale, agrandie et dotée d’éléments ornementaux au XIVe siècle, elle témoigne de la réussite économique rapide de la bastide de Villeneuve.

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