Les paroisses de Villeneuve au temps des "Sans-culottes"

  • Le château de Ginals, refuge d’un prêtre bartassier
    Le château de Ginals, refuge d’un prêtre bartassier
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Centre Presse

Durant la Révolution, comme la majorité des Rouergats, les paroissiens villeneuvois furent largement solidaires de leur clergé et s’efforcèrent de le protéger, comme leurs monuments et leur mobilier religieux. La Constitution civile du clergé stipule que les biens ecclésiastiques soient sécularisés et les vœux religieux supprimés et instituent une nouvelle église constitutionnelle. En 1791, le pape Pie VI condamne cette Constitution civile qui soustrait le clergé français à son autorité. À partir de cette date, le clergé se divise en "jureurs" ou "assermentés" qui acceptent de prêter le serment civil et peuvent continuer à exercer et "réfractaires" ou "insermentés" qui le refusent et feront l’objet de persécutions.

Le sort des curés du Villeneuvois

Au moment de la Révolution, Villeneuve compte cinq paroisses : Villeneuve bourg, Toulongergues, Mayrinhagues, Le Rey et Septfonds. À Septfonds, le curé, M. Calmels, est réfractaire. Il est farouchement opposé à la Constitution civile du clergé. Le 24 juin 1794, il est autorisé à se retirer à Villeneuve à la condition expresse de renoncer au sacerdoce et d’exercer la profession de cultivateur.

M. Lavergne, curé de Mayrinhagues, prête le serment à la Constitution civile du clergé, le 18 février 1761 et continue d’exercer. Le curé du Rey, M. Moly, prête lui aussi serment mais de façon restrictive. M. Grimal, suspendu, obtient en 1795 l’autorisation d’exercer à Toulongergues. Les presbytères de Septfonds, du Rey et de Toulongergues sont réquisitionnés et loués à des particuliers.

Antoine Caville, natif de Villeneuve, docteur en théologie, curé de Villeneuve depuis 1754, refuse de prêter serment à la Constitution. Il est reclus à Rodez. Le 18 juillet, A. Caville accepte de "jurer" et sort de prison. Il est alors placé en résidence surveillée dans sa propre maison, face au presbytère actuel, sans pouvoir exercer son ministère. À sa mort en 1814, il lègue la somme de trente mille francs aux pauvres de la paroisse.

Le père Delbès, prieur dominicain de Montauban, fut un prêtre réfractaire, il se cache à la campagne. Il est accueilli au château de Ginals, où il célèbre la messe dans la chapelle privée. C’est lui qui va préparer à la 1re communion la petite Émilie de Rodat, confiée à la châtelaine, Mme de Pomairols, sa grand-mère. Dénoncé par un métayer, il est incarcéré et condamné à la déportation en octobre 1794. Il survivra et reviendra en Rouergue.

Une opinion divisée

À partir de 1793, l’Assemblée municipale est sommée par la loi de livrer l’argenterie des paroisses au Comité de Salut Public, d’ôter les croix et les cloches des clochers, de détruire les croix situées à l’extérieur. Mais cela déplaît à une partie importante de la population et les autorités locales traînent les pieds et le patrimoine de l’église de Villeneuve (statues, tableaux, retables) n’a subi aucune dégradation.

Une des conséquences durables de cette période de mutation et de tensions sera la division de la population locale en "culs-blancs", favorables au clergé réfractaire, et en "culs rouge", plus favorable aux idées révolutionnaires. Cette division augure des choix politiques qui opposeront les citoyens villeneuvois au siècle suivant.

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