Attaques terroristes dans l’Aude : victimes, accusés, ce que l’on sait du procès qui s’ouvre ce 22 janvier devant la cour d’assises spéciale de Paris

Publié le , mis à jour

Bientôt six ans après les attentats dans l'Aude, survenus le 23 mars 2018 et ayant fait quatre morts, le procès s'ouvre lundi 22 janvier 2024, devant la cour d'assises spéciale de Paris. Ce qu'il faut savoir.

Cela fera bientôt cinq ans et dix mois que le terroriste Radouane Lakdim, délinquant fiché S, a tué quatre personnes lors des attentats qui ont secoué Carcassonne et Trèbes. C'était le vendredi 23 mars 2018. L'heure est désormais au procès : il s'ouvre ce lundi 22 janvier 2024 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Ce qu'il faut savoir.

Les faits

Le périple meurtrier de Radouane Lakdim, 25 ans, démarre à Carcassonne. Peu avant 10 heures 15, ce 23 mars 2018, il braque un automobiliste pour lui voler son véhicule. Le terroriste ouvre le feu et tue Jean-Michel Mazières, le passager. Quelques instants plus tard, il tire sur un groupe de CRS venus de Marseille, blessant un gendarme. 

À 10 heures 40, l'assaillant s'arrête au Super U de Trèbes. À peine entré dans le magasin, il tue Christian Medvès et Hervé Sosna, respectivement boucher et client. Le terroriste prend une caissière en otage, avant que le colonel Arnaud Beltrame ne propose un échange à Radouane Lakdim.

Il est 11 heures 45 : le gendarme se désarme et prend la place de Julie, qui écrira plus tard le livre "Sa vie pour la mienne". Arnaud Beltrame et le terroriste sont enfermés dans un local du magasin. À 14 heures 16, l'assaut est donné. Le terroriste, qui a poignardé le gendarme, est tué de quatre balles dans la tête. Le colonel succombera à ses blessures à l'hôpital, le 24 mars 2018.

Les accusés

Sept personnes seront jugées devant la cour d'assises spéciale de Paris, à compter de ce 22 janvier 2024. Comme le précisent nos confrères de l'Indépendant, cinq d'entre elles sont soupçonnées d'avoir aidé le terroriste, et ce malgré leur connaissance de sa radicalisation, et sont renvoyées devant la cour pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Le duo restant, deux hommes, sera jugé pour des faits de "délits connexes". 

A lire aussi : Attentats de Trèbes et de Carcassonne : sept personnes seront jugées en janvier et février 2024

Dans ce groupe de personnes âgées de 24 à 34 ans figurent Marine Pequignot (24 ans), ancienne petite amie de l'assaillant, et Samir Manaa (28 ans), ami le plus proche de Radouane Lakdim. Avec Ahmed Arfaoui (27 ans), ancien beau-frère et voisin du terroriste, Sofian Boudebbouza (24 ans) et Reda El Yaakoubi (32 ans), ils sont les cinq premiers suspects renvoyés devant la cour pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Baghdad Haddaoui (34 ans) et Sofiane Manaa (32 ans) sont donc, quant à eux, renvoyés pour des délits connexes, la détention d'armes notamment.

Parmi les huit avocats qui défendront les sept accusés, Me Alexandre Martin et Me Emmanuelle Franck. Leur client est Ahmed Arfaoui. En Occitanie, ces deux premiers noms ne sont pas inconnus puisque ce sont également eux qui défendent Cédric Jubillar.

Les victimes

22 robes noires représenteront, de leur côté, les 90 parties civiles des attentats qui ont éclaté dans l'Aude, parmi lesquelles figure l'association française des victimes de terrorisme (AFVT). La maman du gendarme, Nicolle Beltrame, sera à Paris. "Je ne sais pas quoi en attendre. Lundi, je serai sur place, et après, je verrai au fil des jours", avait-elle déclaré à nos confrères de RTL et M6.

Marielle Beltrame, veuve du colonel assassiné le 23 mars 2018, ne sera, en revanche, pas présente dans la capitale. Elle l'a annoncé à nos confrères de Midi Libre, à qui elle a concédé qu'y prendre part serait "trop traumatisant à revivre". Quant à Julie, otage qui a été sauvée par Arnaud Beltrame, elle s'y rendra. Elle livre d'ailleurs le témoignage de cette journée du 23 mars 2018 dans un ouvrage "Sa vie pour la mienne", paru il y a quelques jours, le 10 janvier 2024.

A lire aussi : Attentat de Trèbes. "Dans l'esprit du terroriste, je n'étais plus qu'un pantin" : le bouleversant témoignage de Julie, l'otage sauvé par le gendarme Arnaud Beltrame

Me Jean Reinhart conseillera les salariés du Super U visé par l'assaillant, comme la précisé l'Indépendant. Il avait déjà défendu la famille de Frédéric Boisseau, première victime des frères Kouachi lors des attentats de janvier 2015. 

Pour soutenir les parties civiles, des psychologues seront sur place afin de leur apporter une aide durant les moments difficiles du procès. 

La durée du procès

Le procès durera plusieurs semaines. Il démarrera le 22 janvier à 10 heures et s'achèvera le 23 février. Comme l'a détaillé l'Indépendant, l'étude des faits occupera les quinze premiers jours, avec l'audition des témoins, des enquêteurs et des experts. Les auditions des parties civiles auront lieu les 26 et 29 janvier.

Les deux semaines suivantes se concentreront sur les accusés. Enfin, les plaidoiries des parties civiles, les réquisitions des avocats généraux et les plaidoiries de la défense concluront le procès.

Sera-t-il retransmis ? 

Les procès des attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015 avaient été retransmis, tout comme celui des attaques survenues à Nice en juillet 2016. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci : pas de diffusion, que ce soit à la télé ou sur une web radio. 

C'est dans la grande salle des procès du palais de justice qui prend place sur l'Île de la Cité, dans le 1er arrondissement de Paris, qu'aura lieu le procès. Il sera présidé par le juge Laurent Raviot, qui avait déjà dirigé celui des attentats de Nice.

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