Elles "gèrent" aussi la commune : l’Aveyron s’organise face à une pénurie de secrétaires de mairie

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  • Colette Bouyssou a été amenée à occuper jusqu’à trois postes de secrétaire de mairie en simultanée.
    Colette Bouyssou a été amenée à occuper jusqu’à trois postes de secrétaire de mairie en simultanée.
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Xavier Buisson

Pour assurer le renouvellement des générations et le bon fonctionnement des mairies, des formations sont mises en place face à un manque de main-d’œuvre qui se fait davantage sentir d’année en année. Ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes dans les communes rurales.

Elles sont tout à la fois agent d’accueil, comptable, en charge des rendez-vous du maire, du cadastre, de l’état civil, de la gestion de dossiers d’urbanisme… Les secrétaires de mairie ont plusieurs casquettes et jouent un rôle central dans les quelque 275 communes de moins de 3 500 habitants que compte le département.

À hauteur de seize heures par semaine, Colette Bouyssou occupe cette fonction à la mairie de Cassuéjouls, en parallèle de la tenue du bureau de poste installé dans la mairie. Au menu de la journée, ce jeudi 1er février, un habitant qui vient envoyer un colis, la relecture du compte rendu de la dernière réunion du conseil municipal, de la comptabilité, des mails auxquels il faut répondre sans oublier les appels ou visites d’administrés à la recherche d’informations.

"Il faut de la patience et des facultés de remise en question"

"Il faut s’adapter à chaque mairie, à chaque conseil municipal, mais aussi à chaque interlocuteur, y compris les personnes en situation de handicap, et ce sans laisser voir à la personne qu’on l’aide", explique-t-elle, forte de 24 ans d’expérience à ce poste dans plusieurs mairies aveyronnaises. Son parcours l’a même amenée à occuper jusqu’à trois postes de secrétaire de mairie en simultanée, à Alpuech, Vitrac et Cassuéjouls.

"Il faut de la patience et des facultés de remise en question", poursuit la secrétaire de mairie, âgée de 55 ans, qui reconnaît "beaucoup aimer la relation avec les gens, la diversité des tâches, le fait que l’on ne sache pas ce qui nous attend… C’est très varié, et cela permet d’être proche des habitants de la commune", explique-t-elle.

Du côté de l’Association départementale des maires de l’Aveyron, on reconnaît "recevoir souvent" des appels d’élus à la recherche de ces précieuses employées, pour grande majorité des femmes. "Les secrétaires de mairie doivent savoir tout faire. Malheureusement il y a beaucoup de turn-over", explique le président de l’ADM Jean-Marc Calvet. L’organisme propose aussi ses conseils et son accompagnement autour de la réglementation, des pouvoirs du maire, de questions d’urbanisme ou de marchés publics… "Elles ne sont pas seules, nous sommes là pour les épauler", rappelle-t-il.

Une loi pour revaloriser des salaires "pas attractifs"

Une profession exigeante et pas toujours valorisée à sa juste valeur, comme le concède Colette Bouyssou. "Les salaires ne sont pas attractifs et les mairies n’ont pas beaucoup d’heures à proposer. Par exemple ici, à Cassuéjouls, il est évident qu’il n’y a pas besoin d’un contrat de 35 heures par semaine".

L’attractivité du métier devrait dans les prochaines années être renforcée du fait du vote, le 30 décembre 2023, d’une loi destinée à revaloriser financièrement la fonction. "Les mairies seront obligées, d’ici 2027, de nommer des secrétaires de mairie en catégorie B, pour les villes de moins de 2000 habitants voire en catégorie A pour celles de plus de 2000 habitants", détaille Jean-Marc Calvet.

Une évolution "tout à fait normale" selon le président de l’ADM, "au vu des compétences que doit avoir une secrétaire de mairie". Cette revalorisation annoncée sera la bienvenue, les secrétaires étant la plupart du temps, actuellement, en catégorie C.

Autre levier pour pallier cette situation de pénurie : former la relève. C’est ce à quoi s’attelle le Centre de gestion de la fonction publique territoriale, basé à Rodez, à travers une formation dédiée, permettant d’intégrer une collectivité ou le service de remplacement que propose le CDG.

Un service de remplacement fort d’une quinzaine de personnes

Explications avec son directeur Jean-Marc Morson : "Nous avons organisé en 2022 et 2023 des parcours de formation pour une quarantaine de personnes. C’est la Région qui finance en partie ces formations, mise en place avec Pôle emploi, le Centre de gestion et le Centre national de la fonction publique territoriale, à destination des demandeurs d’emploi".

Au programme des futures secrétaires de mairies, trois mois de formation autour des nombreux aspects du métier : rôle de la secrétaire de mairie, initiation à la paye et à la comptabilité, déontologie, état civil, sensibilisation à l’urbanisme, aux marchés publics sans oublier une découverte des logiciels…

Une fois formés, les candidats, qui sont pour 22 % en situation de handicap, peuvent intégrer une collectivité, mais aussi le service de remplacement du Centre de gestion, qui peut compter sur une quinzaine de personnes aptes à intervenir au pied levé.

De bon aloi alors qu’en la matière, "il y a toujours des besoins", explique Jean-Marc Morson. Le Centre de gestion recense en permanence cinq à dix demandes de collectivités pour pallier ces vacances de poste.

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