De Florentin à Paris, Charlotte Romani, lissière, maîtrise un savoir-faire rare

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  • Les deux Charlotte, Romani (à gauche) et Font, ont créé un atelier dans le XVIIIe arrondissement, à Paris.
    Les deux Charlotte, Romani (à gauche) et Font, ont créé un atelier dans le XVIIIe arrondissement, à Paris. Julien Weber
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Y. P

Charlotte Romani,fille de Christine et Jean-Pierre Romani, restaurateurs à Florentin-la-Capelle, exerce un métier d’art exceptionnel. Le parcours de ses études l’a amenée à devenir lissière. Elle fait partie des rares artisans français
à pratiquer cette technique ancienne. Avec Charlotte Font, également lissière, elle a ouvert un atelier, rue du Fret, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Scolarisée à Florentin-la-Capelle d’où elle est originaire, puis collégienne  à Saint-Amans-des-Côts, Charlotte Romani a toujours été passionnée de mode, d’art et de design. Elle a donc suivi des études d’art appliqué à Aurillac, dans le Cantal. Elle s’est installée à Paris, en 2015, et a entrepris un cursus dans la mode mais, finalement, elle a préféré revenir à ce qui est essentiel pour elle, l’artisanat.

Une rencontre

Sa rencontre avec la créatrice et éditrice de tissus Pascale Gontier va exalter son goût pour la matière. Elle explique que ses grands-mères, bonnes couturières, ont également contribué à lui donner ce goût pour l’art textile. Charlotte Romani a donc effectué quatre années de formation au sein du Mobilier national et plusieurs mois à la manufacture de la Savonnerie (première manufacture de tapis créé sous Louis XIII implantée dans une ancienne manufacture de savon). Pendant cette période, elle y a rencontré Charlotte Font, devenue son amie.

Elles ont appris la technique de "haute lisse" qui, à l’origine, provient d’une méthode de tissage importé de Turquie sous Henri IV. Il s’agit d’un tissage serré effectué sur un métier à tisser vertical qui consiste à réaliser des rangées de nœuds symétriques formant des boucles sur l’avant du tissu ; ensuite, celui-ci est tondu avec des ciseaux coudés afin d’obtenir un velours particulièrement dense et une couleur intense.

Un savoir-faire rare, de Florentin... jusqu'à Paris !
Un savoir-faire rare, de Florentin... jusqu'à Paris ! Julien Weber

Leur propre atelier d'artisanat

En septembre 2022, elles ont décidé de fonder leur propre atelier d’artisanat d’art textile dans le XVIIIe arrondissement de Paris, rue du Fret. Les deux Charlotte sont donc lissières professionnelles et créent des tapis, des panneaux muraux, des garnitures d’ameublement ou des sculptures textiles, des pièces exceptionnelles ou sur mesure destinées aux architectes d’intérieur, des décorateurs, des designers, pour des galeries, des artistes…

Un savoir-faire rare qui requiert des trésors de patience et beaucoup de temps. La réalisation d’un mètre carré nécessite 600 heures de labeur ! Un travail à quatre mains qui s’inscrit naturellement dans un modèle durable. Leurs pièces sont uniques et "restaurables", entièrement tissées à la main au moyen de matières nobles naturelles et 100 % françaises. Leur désir est de transmettre ce savoir en organisant des ateliers d’initiation, en accueillant des stagiaires ou des apprentis dans leur local parisien.

Elles ont obtenu, en mai 2023, le prix de la Jeune création des métiers d’art décerné par les Ateliers de France ; en juillet, le 2e prix du concours du Tour de France des artisans d’Avenir et Meillart et, en novembre, le prix de la jeune création Ateliers d’art de France qui leur a été remis au Salon international du patrimoine culturel.
 

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