"C’est ici que je puise mon inspiration" : l'Aveyron de la créatrice Pauline Roy

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  • Pauline Roy travaille entre Paris et l'Aveyron. Pauline Roy travaille entre Paris et l'Aveyron.
    Pauline Roy travaille entre Paris et l'Aveyron. Reproduction - L'Aveyronnais
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Recueilli par Emmanuel Pons

Entre Paris et l’Aveyron, Pauline Roy crée des objets décoratifs en verre sablé ou gravé. Des pièces uniques, signées et toutes numérotées.

Un homme qui vous a marquée

Tout de suite, un homme me vient à l’esprit : mon aïeul Maurice Fenaille, qui a connu un destin exceptionnel. Ingénieur de génie, qui a fait fortune en inventant la Saxoléine au début du XXe siècle. Il devient Aveyronnais en épousant Marie Colrat, à Montrozier.

Grâce à sa réussite, Il a œuvré toute sa vie pour donner du travail aux Aveyronnais et notamment pour les femmes, il crée ainsi de nombreuses entreprises et manufactures dont celle de Zénières qui fabriquait des tapis. Mais aussi, passionné d’art et de culture, il fut grand donateur d’œuvres d’art pour les musées nationaux, et offre à la ville de Rodez l’hôtel de Jouéry pour y créer le musée Fenaille. Cet amour de l’art habite toute ma famille et a largement influencé ma vie professionnelle.

Pour évoquer des hommes d’aujourd’hui, Je pense à mon ami Jérôme Pratt, libraire à Laissac ou encore à Yoan et Ludovic Marty, gérants de l’atelier Ver’art à Rodez. Tous ont ce point commun : mettre du cœur à l’ouvrage avec courage, humilité, et conviction. Pas de faux-semblants, rigueur et volonté sont les maîtres mots en matière de travail en Aveyron.

Une femme qui vous a marquée

Odette Fau que j’ai toujours admirée pour son courage. Née dans les années 50, elle était la huitième de neuf enfants d’une famille modeste à Montrozier. Odette s’est ensuite mariée, eut deux enfants et quitte seule l’Aveyron à 43 ans pour Paris sans un sou en poche.

Avec force et optimisme, elle rebâtit sa vie professionnelle et amoureuse en moins de 10 ans. Aujourd’hui, elle possède le Prieuré Las Canals, un restaurant derrière Notre-Dame de Paris et une écurie de chevaux de course à succès (un de ses chevaux fut même placé au Prix de l’Arc de Triomphe). Toujours la même, simple, généreuse, intuitive, astucieuse et travailleuse, Odette est une vraie grande dame !

Un souvenir fort en Aveyron

J’ai eu la joie d’exposer une installation de vases au restaurant le Suquet à Laguiole pendant huit mois en 2023. Jamais je n’aurais pu imaginer que mon travail soit associé à de tels artistes culinaires que les Bras, père et fils. Ce fut un véritable honneur pour moi. Le Suquet est un endroit fabuleux avec une vue à couper le souffle. Et l’équipe du restaurant est si sympathique et tellement professionnelle.

Un dimanche d’août, il faisait très chaud, nous sommes venus réaliser une prise de vue de mes vases avec mon ami Thomas Roy dans les jardins du Suquet. Le silence était religieux dans la douceur du matin. Nous étions concentrés par notre travail, mais aussi submergés par la beauté du lieu. Quelques heures magiques…

Il est vrai que nous, Aveyronnais, chérissons notre région et ses magnifiques paysages. Je profite de cet article pour évoquer un écocide à venir : ma famille, mes amis, et moi-même sommes catastrophés de découvrir le projet de construction de 18 éoliennes dans la forêt des Palanges.

Détruire des hectares de magnifiques forêts qui font la beauté de notre région pour y implanter des éoliennes de 180 m de haut et couler des milliers de tonnes de béton dans la montagne… Quel gâchis !

Pourrait-on l’imaginer en face du Suquet sur le plateau de l’Aubrac ?

Une habitude ou un rituel

Le quine des chasseurs à Gillorgues. Tous les ans, le 29 décembre, animé par François et son équipe. Il y a une ambiance tellement chaleureuse, une atmosphère électrique de suspense dans la salle. Tout le monde veut gagner, tout le monde rit. Chaque année, c’est pour moi, ma famille et mes amis, un évènement à ne rater sous aucun prétexte !

Un petit truc de l’Aveyron qui vous manque

C’est en Aveyron que je puise mes inspirations. La nature y est tellement belle. Je m’en nourris dans toutes mes créations. J’y ai des endroits qui sont comme des refuges où j’essaie de retourner régulièrement comme la source miraculeuse de Sainte-Tarcisse sous Rodelle : magique.

Une bonne table

Le samedi matin, nous allons systématiquement au marché à Rodez, acheter des farçous place du Bourg en face du chapelier : les meilleurs d’Aveyron ! Puis, direction le café du Commerce. J’aime cette ambiance bistrot avec une équipe ultra-professionnelle et sympa.

Un plat

La tarte aux myrtilles de chez Germaine, à Aubrac.

Un lointain souvenir d’un dessert unique de mon enfance. Nous courrions le plateau de l’Aubrac de long en large avec mon père. Il en était passionné. À l’heure du goûter, nous arrivions dans ce restaurant où il faisait chaud grâce à un grand feu. Une dame souriante avec une coiffure à macarons vêtue d’un grand tablier blanc nous accueillait. C’était Germaine.

Une boisson

J’ai découvert le ratafia aveyronnais pendant Les Folies Gillorguaises cet été ! On m’avait prévenue : Les Folies Gillorguaises, c’est délirant… Eh bien je confirme, la fête était intense avec beaucoup de monde ! Merci à mon amie Katia Fau pour cette belle découverte.

Une qualité

L’Aveyron se gagne, se mérite ! La région est difficile d’accès de Paris mais quel plaisir d’y arriver !

Un défaut

Tout un périple pour arriver de Paris.

Une devise

Mon ami Louis de Barrau nous a dit un jour : "Le bœuf est lent mais la terre est patiente". N’est-ce pas une autre façon de dire : "Ne dévie pas de ton objectif, persévère, et petit à petit, tu vas te construire."

Un rêve

J’en ai deux ! Je rêve de voir un jour mes appliques "Flore d’Aubrac" exposées dans un restaurant aveyronnais à Paris.

Je rêve aussi d’exposer mon travail avec le talentueux éditeur de meubles Plumbum à Trébosc et avec mon ami Éric Gizard, designer de renom et photographe, qui vient de s’installer à Lunac… Nos réalisations, présentées ensemble, ce serait formidable… Mais où ?

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