La Grotte de préhistorique de Foissac menacée par des cochons

  • Le conservateur est inquiet des conséquences d'une telle extension sur l'intégrité des vestiges.
    Le conservateur est inquiet des conséquences d'une telle extension sur l'intégrité des vestiges. Centre Presse
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Centre Presse Aveyron

Un projet d'extension d'une porcherie industrielle dans l'environnement proche de la grotte préhistorique de Foissac inquiète les riverains comme  le conservateur du site funéraire de renommée mondiale.  renommée mondiale

Catastrophique!" En prenant connaissance, "par hasard", d’un projet d’extension de la porcherie de la Sanguinette, située à moins d’un kilomètre de la grotte de Foissac, le sang de Sébastien du Fayet de la Tour, n’a fait qu’un tour. Le conservateur de la grotte découverte en 1963, n’en revient toujours pas. "Comment les services de l’État ont pu valider un tel projet, à quelques centaines de mètres à peine d’un monument historique? C’est une aberration inacceptable! " Ce projet d’accroissement - de 1 170 à 2 996 places par an, pour une production annuelle envisagée de 8000 porcs charcutiers - a été soumis au Préfet de région qui s’est appuyé sur les services de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) pour donner un avis favorable. Au 27 août, une commission d’enquête a été diligentée par la préfecture de l’Aveyron, la seule et ultime autorité qui dira in fine si elle autorise ou non le projet d’extension.

Pétition en ligne

Or, avant même le verdict du commissaire enquêteur qui doit en finir avec ses consultations aujourd’hui, jeudi 27 septembre, les opposants donnent de la voix. Une pétition a déjà recueilli plus d’un millier de signatures. La communauté scientifique est également très remontée contre les répercussions induites par ce projet sur les nombreux vestiges préservés in situ, depuis près de 5 000 ans, dans les entrailles de la grotte de Foissac. Car au-delà de la simple extension du site, c’est surtout l’impact des effluents - qui dit élevage porcin dit déchets - sur son environnement immédiat qui fait débat. Soumis depuis des millénaires au cycle du fonctionnement des crues, ce foisonnement de vestiges - poteries, empreintes et ossements - pourrait souffrir en effet, de l’association cru-effluents d’élevages. "Des crues fréquentes et naturelles mettent en charge le réseau aquifère de la grotte de Foissac et recouvrent certains vestiges sans aucune dégradation. Qu’en sera-t-il lorsque les eaux seront chargées de lisier?" s’interroge Sébastien du Fayet de la Tour qui s’oppose fermement au volet "valorisation"des effluents d’élevage du projet que porte le Gaec du Cassan.

D’influents effluents

Comme indiqué dans le dossier déposé par Gilles et Benoît Ferrand, ces déchets - on parle ici de plus de 4000 m3 par an, l’équivalent de la production annuelle d’une ville de 15000 habitants - seront "valorisés" selon la technique de l’épandage. Or, ce plan d’épandage qui a fait l’objet d’une étude hydrogéologique préalable pose aujourd’hui problème. N’étant pas propriétaires de terrains, les porteurs du projet du Gaec du Cassan se sont tournés vers douze "preneurs de lisiers" prêts à mettre à disposition 370 ha de surface réparties sur les communes de Causse-et-Diège, Foissac et Villeneuve d’Aveyron. Des terres situées dans le proche voisinage de la grotte de Foissac et qui, par ailleurs, - 32% de la surface totale - se confondent avec le périmètre d’espaces naturels remarquables, présentant "un grand intérêt pour le fonctionnement écologique local". On parle ici de la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) des Causse de Villeneuve.

Trois fois plus de lisier

Ils sont nombreux dans le monde scientifique à partager son point de vue. "Personnellement, c’est avant tout les conséquences de l’attaque de micro-organismes apportés par les épandages qui m’inquiète. Les phénomènes biochimiques de l’attaque et la destruction de l’os par les bactéries ont fait l’objet de nombreux travaux expérimentaux depuis les années 50 et sont donc très bien connus", explique un archéo-anthroplogue. "Le projet d’épandage du purin actuel s’arrête à peine à 100 m des pertes alimentant le réseau et il est sur le bassin-versant de la cavité. Plusieurs ruisseaux présents dans la zone d’épandage alimentent le cours d’eau qui s’engouffre dans la perte souterraine de la grotte de Foissac. L’étude hydrogéologique semble avoir occulté ce détail pourtant essentiel" poursuit un spéléologue. Pour le conservateur, pas de doute : "L’hydrogéologue qui a rendu son rapport sans même venir ici, a dû faire un choix. Il a fait le mauvais".

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