Almont-les-Junies: Trevor Wright, rugbyman photographe

  • Trevor Wright, le parcours atypique d’un maçon passionné de photographie.
    Trevor Wright, le parcours atypique d’un maçon passionné de photographie. Centre Presse
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CentrePresseAveyron.fr

C’est l’histoire d’un maçon anglais, ancien rugbyman devenu photographe sportif. Dans les années quatre-vingt-dix, Trevor Wright a adopté la France et le village d’Almont-les-Junies.

Une rencontre en proD2, Aurillac - La Rochelle, un peu avant Noël. Un rugbyman, les lèvres pincées, tend les mains vers le ballon; un autre joueur, plaqué au sol, perplexe, interroge l’avenir pendant que, d’autres, adversaires d’un jour, le regard soumis, viennent de comprendre l’instant présent, l’instant photographié par Trevor Wright. L’image est forte. Comme beaucoup d’autres qui chantent, qui gueulent, qui dansent ou qui courent pour un ballon, un macadam, un dénivelé ; des photographies sportives essentiellement, «car j’aime le mouvement. Au plus ça va vite, au plus je suis captivé, c’est comme un challenge».

Le chasseur d’images, qui en d’autres temps a préféré manier la truelle, a quitté son Norfolk natal dans les années quatrevingt- dix pour s’installer à Almont- les-Junies, dans un monde bien plus immobile que les images qu’il donne à voir.

La vie dans une ruine

Il aime tourner les pages de sa vie, d’un mouvement radical. La dernière est encore bien collée, « mais c’est décidé, je vends la maison et je pars au soleil » saisir d’autres photos, franchir d’autres horizons. « Je suis venu ici avec pour tout bagage quelques mots de Français », raconte- t-il. Une petite annonce dans un journal ramassé dans le métro à Londres : « Le gars proposait de nettoyer des jardins quelque part en Aveyron. »

Il s’amourache des Almontois et des paysages de la vallée du Lot, d’une ruine rachetée pour une bouchée de pain, une ancienne ferme qu’il retape des années durant. «Au départ, je vivais dans une seule pièce, avec un robinet dans un coin, un matelas dans l’autre et une ampoule accrochée au plafond. C’était rude. » La civilisation est à deux jours de marche mais c’est mieux comme cela. Trevor Wright préfère les papillons bleus, le coquelicot et l’églantine aux pavillons de banlieue et aux calicots des vitrines. Une reconversion magistrale pour cet ancien rugbyman et joueur de cricket qui, chaque week-end, multipliait les coups durs : «Les règles ont bien changé, c’est mieux, il n’y a quasiment plus de bagarres sur les stades, du moins à haut niveau. »

L’amateur devenu pro

Trevor Wright travaille pour le compte de journaux, d’agences de presse, de plusieurs grands clubs locaux ; il est notamment l’auteur de la plupart des photos parues à l’occasion du centenaire du Sporting club decazevillois. « J’ai démarré avec un petit Kodak que mes parents m’avaient offert quand j’étais gamin. Depuis, cette passion ne m’a plus quitté, j’ai pris des cours de photo à l’école. » L’amateur est devenu pro. Le matériel s’est perfectionné, qui ne tiendrait plus au fond d’une besace entre le casse-croûte au beurre de cacahuète et le classeur de maths. « Sans un bon matos, ce n’est même pas la peine d’y penser ! » Avec ses vingt kilos de « bon matos » sur le dos, Trevor Wright arpente le stade ; derrière un 400 millimètres, l’homme qui fige le temps, affiche un sourire de vainqueur : « J’ai les doigts engourdis, la pluie me transperce les os, mais je sais que, quelque part dans la boîte, j’ai la bonne photo et c’est ça qui me donne la pêche… » Isn’t it. Les photos de Trevor Wright sont visibles sur son site internet tdwphoto.com

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