Syrie: l'opposition en débat à Istanbul, offensive du régime à Qousseir

  • Ahmed Moaz al-Khatib, membre de la Coalition nationale de l'opposition, le 23 mai 2013 à Istanbul
    Ahmed Moaz al-Khatib, membre de la Coalition nationale de l'opposition, le 23 mai 2013 à Istanbul AFP - Bulent Kilic
  • Photo fournie le 22 mai 2013 par  Al-Qusayr Media Centre, d'un homme au milieu des décombres à  Qousseir
    Photo fournie le 22 mai 2013 par Al-Qusayr Media Centre, d'un homme au milieu des décombres à Qousseir AFP/ Al-Qusayr Media Centre - -
  • Photo fournie le 23 mai 22013 par l'agence syrienne SANA montrant Bachar al-Assad entouré de dirigeants de partis tunisiens
    Photo fournie le 23 mai 22013 par l'agence syrienne SANA montrant Bachar al-Assad entouré de dirigeants de partis tunisiens AFP - -
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AFP

La Coalition nationale de l'opposition syrienne poursuit à Istanbul une réunion de trois jours entamé jeudi pour débattre de sa participation à une éventuelle conférence de paix internationale "Genève 2", alors que le régime du président Bachar al-Assad a affirmé sa détermination à l'emporter contre la rébellion.

Les travaux de la Coalition, principal groupe de l'opposition syrienne, ont débuté jeudi par une évaluation de la situation sur le terrain, où le régime de Damas a lancé une vaste offensive contre la ville stratégique de Qousseir (ouest), selon une de ses responsables.

Les opposants ont également commencé à délibérer sur l'entrée de nouveaux membres dans leur groupe, pour augmenter sa représentativité, a indiqué le porte-parole de la Coalition, Khaled Saleh.

Mais les débats les plus attendus, qui devraient débuter vendredi, vont porter sur la participation, ou non, de la Coalition à des négociations avec le régime de Bachar al-Assad pour trouver une solution politique au conflit qui ensanglante la Syrie depuis plus de deux ans. L'idée de cette conférence internationale dite de "Genève 2" a été lancée par les Etats-Unis et Moscou, et les soutiens occidentaux et arabes de l'opposition ont multiplié les pressions sur la Coalition pour qu'elle y participe le mois prochain.

De nombreux membres de la Coalition sont cependant réservés quant à cette initiative.

"Nous allons finir par aller à Genève, mais c'est le même morceau de haschich que la communauté internationale nous sert à chaque fois: ils nous induisent à penser que la fin est proche, et en fait tout continue", a commenté un opposant, parlant sous le couvert de l'anonymat.

M. Saleh a, pour sa part, mis en exergue les nombreuses interrogations qui subsistent encore sur les participants, l'ordre du jour et les objectifs d'une telle conférence. "Avant de pouvoir prendre une décision politique finale solide sur une participation, nous avons encore besoin de nombreux détails", a-t-il fait remarquer. Le porte-parole a cependant réaffirmé une exigence de l'opposition syrienne: "toute période de transition doit commencer par le départ d'Assad et des piliers de son régime".

Onze pays soutenant l'opposition, dont les Etats-Unis, ont tenté de rassurer la Coalition sur ce point en affirmant à Amman mercredi que "Bachar al-Assad, son régime et ses proches qui ont du sang sur les mains ne pourront tenir aucun rôle dans le futur en Syrie". Ce groupe des "Amis de la Syrie" a également annoncé qu'il continuerait d'aider les rebelles jusqu'au départ de M. Assad.

Mais à Londres, l'organisation humanitaire Oxfam a estimé qu'une levée de l'embargo de l'Union européenne sur les armes en Syrie, prônée par Londres et Paris, pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour la population civile.

L'agence officielle syrienne Sana a estimé jeudi que ces déclarations avaient coupé la voie à "Genève 2". "Les participants (de la réunion d'Amman), qui se sont autoproclamés porte-parole du peuple syrien, ont coupé la voie à la tenue de la Conférence internationale en disant qu'ils allaient renforcer leur soutien à l'opposition syrienne", a écrit Sana.

Cette réaction a été interprétée à Istanbul comme un signe du torpillage imminent par Damas des projets de négociations. "Ce n'est pas encore un refus officiel, mais c'est un signe. Jamais Sana ne va diffuser une information qui ne reflète pas la position du gouvernement", a estimé Monzer Makhous, ambassadeur de la Coalition a Paris.

"Ni Bachar, ni les militaires ne vont jamais accepter d'être sous le contrôle d'un gouvernement composé pour moitié par l'opposition", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le président Assad a, par ailleurs, déclaré jeudi, selon Sana, que "la Syrie est déterminée à faire face au terrorisme", terme utilisé par le régime pour désigner les rebelles, tout en se disant résolu à "trouver parallèlement une solution politique à la crise". Lors d'un récent entretien à des médias argentins, M. Assad a martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014.

La Ligue arabe a, elle, indiqué qu'elle allait soumettre au Conseil de sécurité de l'ONU des idées susceptibles de contribuer à la réussite de "Genève 2".

La réunion d'Istanbul intervient dans un contexte critique sur le terrain pour l'opposition, avec le lancement par l'armée syrienne, épaulée par le mouvement chiite libanais Hezbollah, d'une vaste offensive sur Qousseir, une ville stratégique de l'ouest et tenue par les insurgés.

Le président par intérim de la Coalition, George Sabra, avait appelé mercredi l'ensemble de la rébellion à venir défendre la ville. "Les brigades de l'Armée syrienne libre sont parvenues à repousser les milices du Hezbollah", a indiqué jeudi M. Saleh, estimant que les miliciens chiites ont été "repoussés d'au moins trois kilomètres".

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a cependant affirmé jeudi que l'armée du régime syrien était en progression dans des villages proches de Qousseir.

Le Hezbollah a perdu 104 combattants en huit mois dans la guerre en Syrie, a indiqué l'OSDH, alors qu'une source au sein du puissant mouvement chiite libanais a comptabilisé 75 morts durant la même période.

A Istanbul, les opposants doivent aussi élire un nouveau président pour la Coalition, après la démission en mars d'Ahmed Moaz al-Khatib. La Coalition doit également évaluer une proposition de son chef démissionnaire suggérant d'accorder un sauf-conduit pour quitter le pays à Bachar al-Assad et à 500 membres du régime, si le président syrien acceptait de quitter le pouvoir.

Et elle doit se prononcer sur le cabinet que va lui présenter Hassan Hitto, le Premier ministre élu en mars par l'opposition pour administrer les territoires aux mains de la rébellion.

Source : AFP

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