Mariage: la première cérémonie homo pourrait signer la fin d'un long débat

  • Un homme passe une alliance au doigt d'un autre
    Un homme passe une alliance au doigt d'un autre AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • Des heurts entre la police et des manifestants anti-mariage homosexuel, à Paris, le 26 mai 2013
    Des heurts entre la police et des manifestants anti-mariage homosexuel, à Paris, le 26 mai 2013 AFP - Eric Feferberg
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AFP

La célébration mercredi du premier mariage homo sera symbolique à plus d'un titre: elle pourrait en effet sonner le glas d'un débat qui a divisé la société française pendant de longs mois, déchaîné les passions et fortement mobilisé dans la rue, certains opposants faisant récemment monter la tension.

Cette union, qui doit être célébrée à Montpellier, marquera sans doute une victoire pour les uns, mais aura un goût amer pour tous les détracteurs d'une loi qui faisait partie des engagements de campagne de François Hollande.

Présentée en novembre en conseil des ministres, la première réforme sociétale du quinquennat, voulue au nom de l'"égalité des droits", a cristallisé les critiques d'une partie de la société, avant de passer l'épreuve du Parlement puis du Conseil constitutionnel, et d'être finalement promulguée fin mai.

Intimidations voire menaces de mort contre des élus favorables à la loi, propos et agressions homophobes, incidents à l'Assemblée ont émaillé les mois de débat.

Liberté nouvelle selon les partisans du texte, destruction en marche de la famille selon ses opposants. Comme le Pacs il y a 14 ans, le projet a en effet suscité l'opposition de la droite et des religions, des débats enflammés entre spécialistes de l'enfance et psychanalystes.

Outre l'adoption, l'un des principaux sujets de crispation a été la procréation médicalement assistée (PMA), ouverte uniquement aux couples mariés mais réclamée par les associations homosexuelles. Le sujet a divisé au sein même du groupe PS à l'Assemblée, et après plusieurs revirements, François Hollande a finalement choisi de renvoyer le dossier au Comité national d'éthique et promis de suivre son avis, attendu à l'automne.

Dès le début de l'examen du texte en février à l'Assemblée, l'opposition a déposé près de 5.000 amendements et les députés se sont enfoncés dans une véritable guerre de tranchées.

Après 136 heures de débats houleux, le gouvernement a finalement décidé d'accélérer le processus parlementaire, au moment où les mouvements de contestation se radicalisaient dans la rue.

Plusieurs manifestations organisées par le collectif la "Manif pour tous" ont massivement mobilisé au cours des derniers mois, emmené, jusque récemment, par l'humoriste cathodique Frigide Barjot.

Climat de plus en plus tendu

Accentuant la pression, ils ont multiplié les actions spectaculaires, ayant entraîné une série d'interpellations.

La dernière manifestation nationale, dimanche, qui a rassemblé quelque 150.000 personnes selon la police, plus d'un million, selon les organisateurs, s'est ainsi soldée par des échauffourées avec les forces de l'ordre et 350 interpellations.

Malgré la promulgation de la loi il y a neuf jours, ses détracteurs affirment qu'ils ne désarmeront pas. "Nous poursuivrons le combat partout en France", a promis dimanche la présidente de La "Manif pour tous", Ludovine de la Rochère.

Selon un sondage publié dimanche, près des trois quarts des Français (72%) pensent en tout cas qu'il est temps que les manifestations s'arrêtent.

Une page devrait se tourner mercredi avec le premier mariage.

Mais pas sûr que le gouvernement, échaudé par l'ampleur des différentes manifestations et un climat de plus en plus tendu, se risque de sitôt à de nouvelles réformes sociétales.

La droite est de son côté ressortie divisée de cette séquence, certains, comme le patron de l'UMP, Jean-François Copé, tentant de récupérer le mouvement en vue des municipales, ce qui a pu déplaire dans les rangs du parti. Et pour les plus radicaux, sa promesse de réécrire le texte en cas de victoire en 2017 n'est pas suffisante.

Source : AFP

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