A Rodez, les forains pataugent dans la gadoue

Installés sur le Val de Bourran, les forains désespèrent. "C’est la première fois qu’on est délaissé comme ça. En plus de 35 ans, j’ai jamais vu ça. Depuis qu’on est ici, on a pas vu beaucoup de monde… Et ce champ, c’est presque honteux, on nous avait promis du gravier!", se désole, les pieds dans la gadoue, Rony Rozel, un des plus anciens forains du champ de foire de Rodez. Tony, comme ses collègues, a pris cette semaine ses quartiers de printemps sur le Val de Bourran, où s’ouvre aujourd’hui la traditionnelle fête foraine de Rodez. Et en effet, malencontreusement, ici comme ailleurs, il a plu des cordes, la terre dégorge et les forains pataugent dans leurs bottes en sortant de leurs caravanes.

Champ de boue

"Il a fallu mettre les caravanes lourdes ailleurs pour ne pas les embourber", surenchérit Stéphane Dubief, qui s’inquiète que ce champ de boue ne soit l’arbre qui cache la forêt: "On se sent comme des laissés pour compte.Par expérience, c’est comme ça que commencent les problèmes…" Et d’ajouter: "La procédure veut qu’on reçoive une autorisation écrite. Cette année, on l’a pas eu, on a eu juste un coup de fil parce qu’on n’avait pas le temps de s’occuper de nous. Avant, M. Salles, le référent d’installation, était là et gérait notre installation. Là, personne n’est venu nous voir… Bien sûr, on se débrouille, mais ce n’est pas agréable de se sentir abandonné… Partout, de plus en plus, on nous chasse des centres-villes. D’ici à ce qu’on nous remette aux anciens abattoirs..."

"Retourner aux mouches"

 Et qu’on ne parle pas des anciens abattoirs à Tony qui ne veut pas retourner "aux mouches"... "Les forains ont été accueillis de la même manière, rétorque Gilbert Gladin, l’élu ruthénois en charge notamment des foires et des marchés, certains sont même arrivés dès la semaine dernière et nos services ont fait le nécessaire pour les accueillir et le nouveau placier passe tous les jours. Quant au lieu de vie, nous ne nous sommes jamais engagés à goudronner. Et il n’est pas du tout question de déplacer la fête aux abattoirs." Après ce premier tour de chauffe entre forains et municipalité, presque une formalité, serait-on tenté de dire, place au beau temps annoncé et à l’ouverture de la fête foraine aujourd’hui à 16 heures.