Washington renforce les sanctions contre l'Iran, s'attaque à sa monnaie

  • Une femme paie des achats avec un billet de 20.000 rials (70 cents americains) à Téhéran, le 30 septembre 2012
    Une femme paie des achats avec un billet de 20.000 rials (70 cents americains) à Téhéran, le 30 septembre 2012 AFP/Archives - Atta Kenare
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AFP

Les Etats-Unis ont franchi un nouveau palier dans leurs sanctions contre l'Iran lundi, visant directement sa monnaie, le rial, et son secteur automobile, pour punir la république islamique de son manque de coopération dans le dossier nucléaire.

A moins de deux semaines de la présidentielle iranienne, le président Barack Obama a donné son feu vert à l'imposition de sanctions à des entités étrangères effectuant des "transactions importantes d'achat ou de vente de rials, ou qui détiennent des comptes (bancaires) en rials en dehors de l'Iran", a expliqué le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney.

Dans un communiqué, M. Carney a noté que "si le rial a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de 2012 en raison de nos sanctions tous azimuts, c'est la première fois que le rial est directement visé par des sanctions".

"L'idée est de rendre en substance le rial inutilisable en dehors de l'Iran", a ensuite expliqué un haut responsable américain, sous couvert de l'anonymat. Selon lui, ces mesures "promettent d'affaiblir encore, et de rendre plus volatile, une monnaie iranienne déjà faible".

L'autre volet des mesures annoncées lundi concerne le secteur automobile iranien, une "source majeure de revenus pour l'Iran" selon l'administration. Cela risque d'avoir des répercussions sur des groupes étrangers possédant des intérêts dans le pays, comme Renault-Nissan, mais aussi des constructeurs asiatiques.

Ainsi, le décret de M. Obama "autorise l'imposition de nouvelles sanctions contre ceux qui s'engagent en connaissance de cause dans des transactions financières ou autres liées au secteur automobile iranien".

Plus spécifiquement, seront passibles de sanctions américaines "la vente, la fourniture ou le transfert de biens ou de services importants liés à la construction ou l'assemblage en Iran de véhicules légers et lourds, dont des voitures particulières, des camions, des bus, des minibus, des camionnettes et des motocyclettes, ainsi que les machines servant à fabriquer (ces véhicules) et des pièces détachées", selon la même source.

"Escalade"

Pour Mark Dubowitz, directeur de la "Fondation pour la défense des démocraties" et spécialiste des sanctions contre le régime de Téhéran, les mesures annoncées lundi constituent "une escalade importante", car le secteur automobile "est le deuxième employeur de l'Iran après le secteur énergétique".

M. Dubowitz remarque que l'Iran a profité de son secteur automobile pour acheter notamment "de la fibre de carbone, qui peut être utilisée pour fabriquer des voitures, mais aussi des centrifugeuses" destinées à enrichir de l'uranium.

L'administration américaine a noté que M. Obama avait signé depuis son arrivée au pouvoir neuf décrets punissant l'Iran. Les secteurs de l'énergie, des transports, de la construction navale et de la gestion portuaire avaient déjà fait l'objet de sanctions ciblées.

"Les mesures prises aujourd'hui s'inscrivent dans la continuité de l'engagement du président Obama à empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire, en augmentant le coût du mépris de l'Iran vis-à-vis de la communauté internationale", a affirmé M. Carney.

Le porte-parole a toutefois assuré que "la porte restait ouverte à une solution diplomatique qui permettra à l'Iran de rejoindre la communauté des nations s'ils respectent leurs obligations".

Le haut responsable américain a nié que cette annonce soit liée à l'approche de l'élection présidentielle iranienne: près de 50,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes le 14 juin pour désigner un successeur au président actuel, Mahmoud Ahmadinejad.

Depuis plusieurs années, l'ONU et les Occidentaux imposent un arsenal de sanctions à l'Iran qu'ils accusent de tenter de se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil de développement de l'énergie nucléaire, ce dont se défend Téhéran.

Source : AFP

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