Villiers-le-Bel: un policier jugé pour l'accident mortel suivi d'émeutes en 2007

  • Franck Viallet (c), un policier jugé pour la mort de Moushin et Lakamy, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise
    Franck Viallet (c), un policier jugé pour la mort de Moushin et Lakamy, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise AFP - Lionel Bonaventure
  • Une photo prise le 25 novembre 2007 montre la voiture de police impliquée dans l'accident de Villiers-le-Bel
    Une photo prise le 25 novembre 2007 montre la voiture de police impliquée dans l'accident de Villiers-le-Bel AFP/Archives - Martin Bureau
  • Des manifestants font face à la police, le 26 novembre 2007 à Villiers-le-Bel
    Des manifestants font face à la police, le 26 novembre 2007 à Villiers-le-Bel AFP/Archives - Olivier Laban-Mattei
  • Des proches de Mouhsim et Lakamy attendent le début du procès de Franck Viallet, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise
    Des proches de Mouhsim et Lakamy attendent le début du procès de Franck Viallet, le 6 juin 2013 au tribunal de Pontoise AFP - Lionel Bonaventure
Publié le
AFP

Faire toute la lumière sur l'accident, afin d'en établir les responsabilités. Près de six ans après le drame, le procès d'un policier pour la mort de deux adolescents, tués dans une collision avec une voiture de police en novembre 2007 à Villiers-le-Bel, s'est ouvert jeudi à Pontoise.

Vers 09H30, le prévenu, Franck Viallet, chemise noire, veste grise et lunettes rectangulaires, a décliné son identité à la barre de la 6e chambre du tribunal correctionnel.

Le fonctionnaire, poursuivi pour homicides involontaires, se trouvait au volant du véhicule avec trois autres policiers le soir du drame, qui avait entraîné de violentes émeutes durant deux nuits dans cette commune du Val-d'Oise.

Accusé de n'avoir pas respecté la limitation de vitesse au moment de l'accident, Franck Viallet, aujourd'hui âgé de 36 ans, encourt trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

"Ce dossier a une sensibilité particulière. Mais ça reste un dramatique accident de la route", a assuré avant l'audience son avocat Me Frédéric Champagne, estimant que les responsabilités pouvaient être considérées comme partagées.

Outre des policiers en civil, de nombreux proches des victimes, dont les familles ont obtenu la tenue du procès au terme d'un long combat judiciaire, ont fait le déplacement.

"Je vis dans la douleur" depuis l'accident, a déclaré avant l'audience Araf Sehhouli, le père de Mouhsim, l'un des deux adolescents tués. "Je cherche la vérité" et "j'espère que la justice donnera une réponse favorable qui puisse me soulager", a-t-il ajouté.

Avant le procès, l'avocat des parties civiles Jean-Pierre Mignard avait souhaité qu'il permette de "cicatriser les plaies". "Il ne s'agit pas de faire le procès de la police", avait-il ajouté.

La mort de Mouhsim et Lakamy, le 25 novembre 2007, avait provoqué deux jours de violentes échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre à Villiers-le-Bel, commune populaire de 27.000 habitants, dont le tiers est âgé de moins de 25 ans.

Une vitesse de 64 km/h

Une centaine de policiers avaient été blessés durant cette flambée de violences, qui avait fait craindre une répétition des émeutes de 2005, parties de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avant d'embraser la France.

L'enquête sur la collision à Villiers-le-Bel avait dans un premier temps semblé écarter toute responsabilité des policiers. Une ordonnance de non-lieu avait été rendue par un juge d'instruction de Pontoise le 23 octobre 2009.

Mais la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles avait infirmé cette décision et ordonné un supplément d'information. M. Viallet, mis en examen pour homicides involontaires, avait finalement été renvoyé en correctionnelle en septembre 2011.

Selon un rapport d'expertise, le véhicule de police était en phase d'accélération au moment de l'accident, et roulait à près de 64 km/h -au lieu des 50 km/h autorisés- sans gyrophare ni avertisseur.

Les deux adolescents circulaient de leur côté sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient par ailleurs pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite.

Le procès, initialement prévu en juin 2012, avait été renvoyé en raison d'une mise en examen pour "faux témoignage" de M. Viallet.

Le fonctionnaire était soupçonné d'avoir menti sur la vitesse de son véhicule au moment de la collision, en déclarant avoir respecté la limitation de vitesse, ce qu'un rapport d'expertise a contredit.

Un non-lieu a finalement été rendu en mars dans ce volet de l'affaire.

Outre l'enquête sur l'accident, le drame de Villiers-le-Bel et ses conséquences ont donné lieu à une autre procédure retentissante.

En octobre 2011, trois habitants de Villiers-le-Bel ont été condamnés en appel aux assises à des peines de 3 à 15 ans de réclusion pour avoir ouvert le feu sur les forces de l'ordre lors des deux soirées d'émeutes. Deux accusés ont été acquittés à l'issue de ce procès à Nanterre.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?