Grèce: Samaras contraint de réouvrir temporairement ERT

  • La régie de la radio-télévision ERT, le 14 juin 2013
    La régie de la radio-télévision ERT, le 14 juin 2013 AFP/Archives - Louisa Gouliamaki
  • Le leader de l'opposition, Alexis Tsipras (Syriza), en meeting le 17 juin 2013 à Athènes
    Le leader de l'opposition, Alexis Tsipras (Syriza), en meeting le 17 juin 2013 à Athènes AFP - Louisa Gouliamaki
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AFP

Le gouvernement grec est contraint de rouvrir temporairement la radiotélévision publique ERT jusqu'à ce qu'un nouvel organisme audiovisuel restructuré voit le jour, après le sursis obtenu lundi par les salariés auprès de la justice.

Le Premier ministre, Antonis Samaras, qui avait autoritairement procédé à la fermeture du signal de la ERT mardi dernier, laissant des écrans noirs et des radios muettes dans tout le pays, a proposé à ses partenaires gouvernementaux quelques minutes avant la publication du jugement du Conseil d'Etat, de revenir sur sa décision vivement critiquée en Grèce et à l'étranger.

Il a également dû s'engager auprès des deux partis avec lesquels il partage le pouvoir, les socialistes Pasok et la gauche démocratique Dimar, qui désapprouvaient la fermeture de la ERT, à procéder à un remaniement ministériel "après le congrès de la Nouvelle Démocratie", soit vers la fin juin.

Les alliés gouvernementaux de M. Samaras l'avaient mis en garde contre un éclatement de la coalition et la possibilité de la convocation d'éventuelles élections anticipées s'il maintenait sa décision de faire disparaître la radiotélévision publique avec à la clé le licenciement d'environ 2.700 employés.

M. Samaras a proposé qu'une commission, composée de représentants des trois partis de la coalition, soit chargée d'embaucher le nombre de journalistes nécessaire à la reprise temporaire des programmes, jusqu'à ce que soit adopté le nouveau projet de loi restructurant l'audiovisuel public, présenté par le gouvernement mercredi dernier, au lendemain de la fermeture de la ERT.

Des conseillers étrangers, de la BBC notamment ou d'autres groupes audiovisuels publics européens, devraient aider à la constitution de ce nouvel organisme, pour qu'il réponde aux normes de pluralisme, indépendance, et transparence nécessaires pour être aux standards européens d'un média public, et non d'un média d'Etat, qui était la situation de la ERT jusqu'à présent, selon une source gouvernementale.

La fermeture des chaînes de télévision et des stations de radio publiques depuis mardi dernier, du jamais vu en Europe, a généré une grande émotion et de nombreuses critiques.

Cohn-Bendit lance un appel d'Athènes

Le président de l'Union européenne de radiotélévision (UER) représentant toutes les organisations d'audiovisuel public en Europe (BBC, RAI, France Télévision, ZDF...) s'était déplacé à Athènes la semaine dernière pour demander la réouverture immédiate du signal de la ERT.

Dimanche, M. Samaras, qui a reçu le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, pour les réformes engagées dans le pays, avait accusé ses partenaires gouvernementaux d'"hypocrisie", faisant valoir que supprimer des emplois dans le secteur public grec faisait partie des engagements de la Grèce à poursuivre les réformes prévues par le plan d'assainissement de l'économie, dicté par la troïka des créanciers, UE-BCE-FMI.

Le gouvernement tripartite de M. Samaras a été constitué dans la douleur il y a exactement un an, à l'issue des élections du 17 juin 2012 sur fond de grave crise économique et sociale. Ce scrutin a permis l'accession au Parlement d'un parti néonazi (Aube dorée), contestant les mesures d'austérité, le seul représenté en tant que tel dans un Parlement en Europe.

S'il devait y avoir des élections, "le principal danger en Grèce" serait d'aboutir à une "coalition entre Samaras et l'extrême droite", a estimé lundi le député européen Vert Dany Cohn-Bendit, de passage à Athènes pour lancer un appel d'Athènes en vue des prochaines élections européennes.

Le leader de l'opposition, Alexis Tsipras, dirigeant du parti de la Gauche radicale Syriza a harangué les foules lundi soir place Syntagma en face du Parlement pour fêter à sa manière le premier anniversaire du gouvernement Samaras, issu du vote du 17 juin 2012.

Pour lui, la décision du gouvernement de fermer la ERT était "un coup d'Etat, qui décapite des milliers d'employés et supprime le droit des citoyens à l'information". Cette décision "a montré les limites des politiques d'austérité de M. Samaras", a-t-il souligné.

La décision du Conseil d'Etat a été applaudie par les milliers de gens rassemblés pour la septième soirée consécutive devant le siège de ERT dans la banlieue nord de la capitale grecque.

Source : AFP

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