Le Zimbabwe vote sur fond de soupçons de fraude

  • Robert Mugabe, homme fort du Zimbabwe depuis 33 ans
    Robert Mugabe, homme fort du Zimbabwe depuis 33 ans AFP - Ludivine Favrel
  • Des affiches montrant le président sortant Robert Mugabe, le 30 juillet 2013 à Harare
    Des affiches montrant le président sortant Robert Mugabe, le 30 juillet 2013 à Harare AFP - Alexander Joe
  • Des partisans du candidat à la présidentielle et Premier ministre Morgan Tsvangirai, le 29 juillet 2013 à Harare
    Des partisans du candidat à la présidentielle et Premier ministre Morgan Tsvangirai, le 29 juillet 2013 à Harare AFP - Alexander Joe
  • Le président sortant zimbabwéen Robert Mugabe, le 30 juillet 2013 à Harare
    Le président sortant zimbabwéen Robert Mugabe, le 30 juillet 2013 à Harare AFP - Jekesai Njikizana
Publié le
AFP

Quelque 6,4 millions d'électeurs zimbabwéens sont appelés aux urnes mercredi pour une élection présidentielle déjà entachée de soupçons de fraude en faveur du président sortant Robert Mugabe, 89 ans, au pouvoir sans discontinuer depuis trente-trois ans.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (05H00 GMT), et doivent fermer leurs portes à 19H00 (17H00 GMT).

Des files d'électeurs se sont formées plus de quatre heures avant l'ouverture du scrutin, qui concerne également des législatives et des municipales. Certains se protégeaient du froid de la nuit d'hiver en s'emmitouflant dans des couvertures.

A la veille du scrutin, Robert Mugabe, dont les précédentes élections ont été marquées par des violences et des tricheries, a voulu jouer les bons élèves de la démocratie, en promettant en direct à la télévision de respecter le résultat quel qu'il soit.

Mais au même moment, le MDC, le parti de son rival historique et Premier ministre de cohabitation Morgan Tsvangirai, dénonçait déjà des fraudes dans les listes électorales, publiées à moins de vingt-quatre heures du vote.

Le ministre délégué auprès du Premier ministre Jameson Timba, membre du MDC, a remis une liste des noms d'électeurs fantômes aux observateurs de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) venus juger de l'honnêteté du vote, avec les observateurs de l'Union africaine.

"Nous avons vu beaucoup de noms en double sur la liste, où vous voyez que des gens sont inscrits deux fois, même date de naissance, même adresse physique, mais avec une légère différence dans leur numéro d'identification", a expliqué M. Timba. "Et ce à travers tout le pays", a-t-il affirmé.

M. Mugabe ayant interdit l'entrée dans le pays aux observateurs de l'Union européenne, l'avis des scrutateurs africains sera donc décisif pour apporter une validité démocratique au résultat.

Une cohabitation contre nature

Bruxelles attend notamment les conclusions des Africains pour éventuellement normaliser ses relations avec M. Mugabe, persona non grata en Europe depuis 2002 en raison d'atteintes graves et répétées aux droits de l'homme.

Washington a exprimé mardi sa crainte de fraudes. "Les Etats-Unis et nos partenaires internationaux continuent à appeler à des élections pacifiques, transparentes et crédibles", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki, en ajoutant: "Nous restons inquiets du manque de transparence de la préparation des élections."

Lors de la dernière présidentielle en 2008, M. Tsvangirai avait pris l'avantage avec 47% des voix au premier tour, contre 43% à Robert Mugabe. Les partisans du président avaient alors déchaîné la violence dans le pays, faisant près de 200 morts.

Pour éviter la guerre civile, M. Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant M. Mugabe seul en lice pour le second tour.

Interrogé mardi sur les soupçons de fraude, M. Mugabe s'est récrié: "Jamais. Nous ne faisons pas des choses pareilles. Nous n'avons pas triché. Ce n'est pas la première fois que nous votons."

Mais deux jours plus tôt, sur le ton menaçant dont il use plus volontiers, il avait promis de "faire arrêter" son Premier ministre si ce dernier s'avisait de divulguer les résultats avant la proclamation officielle, prévue cinq jours après le vote.

M. Tsvangirai avait accepté en 2009 de cohabiter avec Robert Mugabe, sous la pression de la communauté internationale, pour mettre fin aux violences politiques et éviter un bain de sang.

Ce scrutin est maintenant censé les départager. Mais son caractère démocratique est discuté depuis que Robert Mugabe a décidé unilatéralement, le 13 juin, de fixer la date de l'élection au 31 juillet.

Cette annonce a paru précipitée à l'opposition, qui espérait voir voter avant les élections un certain nombre de réformes qui auraient notamment permis de limiter la mainmise du clan Mugabe sur les médias et sur les forces de sécurité, armée et police, réputées très partisanes.

Le chef de l'Etat est accusé par plusieurs ONG de défense des droits de l'homme d'avoir savamment créé un climat d'intimidation et découragé les voix dissidentes par le harcèlement policier.

La publication tardive des listes électorales, que la loi exigeait dans "un délai raisonnable", concentrait les soupçons mardi.

"Ce n'est un secret pour personne que l'intégrité de ces registres est critiquée depuis longtemps", a souligné Irene Petras, directrice de l'association des avocats pour les droits de l'homme (ZLHR). En 2008, on y trouvait des électeurs âgés de 125 ans.

Le MDC note également qu'un collaborateur de M. Tsvangirai a été arrêté ce week-end, ainsi qu'un permanent MDC, Freddy Dziwande lundi à Chimanimani (est). L'opposition redoute aussi une grève du zèle dans les bureaux de vote à Harare, là où l'électorat est plus favorable au changement.

Source : AFP

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