Collégienne kosovare expulsée: Manuel Valls cible des critiques

  • Le Ministre de l'Education Vincent Peillon, le 16 octobre 2013, au Palais de l'Elysée à Paris Le Ministre de l'Education Vincent Peillon, le 16 octobre 2013, au Palais de l'Elysée à Paris
    Le Ministre de l'Education Vincent Peillon, le 16 octobre 2013, au Palais de l'Elysée à Paris AFP - Eric Feferberg
  • Le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le 11 octobre 2013 à Chambéby-le-Haut, le 11 octobre 2013
    Le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le 11 octobre 2013 à Chambéby-le-Haut, le 11 octobre 2013 AFP/Archives - Philippe Desmazes
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AFP

Manuel Valls était mercredi violemment mis en cause par plusieurs responsables socialistes et à gauche, certains demandant même sa démission, à la suite de l'expulsion controversée d'une collégienne kosovare, reflet du malaise grandissant au PS vis-à-vis du ministre de l'Intérieur.

A la suite de cette tempête politique concernant les circonstances de l'expulsion, le 9 octobre, vers le Kosovo, de Leonarda, jeune fille rom de 15 ans habitant Levier, dans le Doubs, et de sa famille, François Hollande a clairement plaidé en marge du Conseil des ministres pour que l'on évite l'emballement.

"Il nous appartient d'y voir plus clair avant de commenter les faits", a déclaré le chef de l'Etat, cité par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. "Il y a des divergences d'appréciation sur la façon dont les choses se sont réellement passées", a-t-elle ajouté.

Leonarda a été remise à la police alors qu'elle participait à une sortie scolaire. Ces circonstances ont choqué jusqu'au ministre de l'Education, Vincent Peillon. "Je demande qu'on sanctuarise l'école" et "que cette situation ne se renouvelle pas", a-t-il déclaré à la sortie du Conseil des ministres.

"Tout ce que je veux, c'est, avec ma famille, venir en France, recommencer les cours pour avoir un avenir. Le truc le plus important, c'est l'école", a déclaré depuis le Kosovo Leonarda, racontant dans un témoignage poignant sur France Inter dormir "sous les ponts" dans son pays.

L'affaire a fait l'objet mercredi matin d'un entretien entre le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et Manuel Valls, au terme duquel Matignon a annoncé qu'une "enquête administrative" sur les "conditions d'éloignement" de la jeune collégienne était lancée, de façon à "vérifier si l'ensemble des règles ont été respectées".

Avant même le début de l'enquête, le ministre de l'Intérieur avait toutefois affirmé que la reconduite à la frontière de la collégienne s'était déroulée "dans le respect du droit".

La révolte de Jean-Luc Mélenchon

Dès mardi soir, les réactions avaient été très vives à gauche, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, qui a révélé l'affaire, fustigeant la "politique inhumaine" du ministre de l'Intérieur.

Les attaques, virulentes, ou mises en garde ont redoublé mercredi matin, en particulier sur Twitter.

"Il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme", s'est ainsi indigné le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, sur le réseau social.

"Manuel Valls qui justifie l'expulsion de #Leonarda! Quand est-ce qu'on prend une mesure d'éloignement du gouvernement à l'encontre de Valls?" a lancé Frédéric Hocquard, secrétaire national du PS à la Culture.

'La honte, c'est maintenant'

"Perso, je ne me vois pas rester à la direction du PS si rien n'est fait pour #Leonarda j'en tirerai les conséquences", a écrit Stéphane Delpeyrat, secrétaire national du PS à la Recherche, évoquant une "goutte d'eau" qui fait déborder le "vase".

Frédéric Hocquard et Stéphane Delpeyrat appartiennent tous deux à l'aile gauche du PS.

Jean-Luc Mélenchon, dont le parti (PG) a réclamé la démission de Manuel Valls, est repassé à l'attaque mercredi matin par un tweet: "La honte, c'est maintenant. Rendons Valls à Le Pen. Vivement la gauche en France."

"Abomination", a renchéri le PCF.

Quant au député socialiste du Nord, Bernard Roman, il a parlé ouvertement de "rafle", en appelant au "devoir d'insurrection".

Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, s'est voulu plus tempéré, mais a demandé que Leonarda puisse "revenir dans sa classe" en attendant les résultats de l'enquête administrative.

La décision a été prise par les autorités préfectorales du Doubs et il revient à ces autorités, de par la loi, d'évaluer "chaque situation", a-t-il souligné.

Chez les écologistes, Barbara Pompili et François de Rugy ont aussi réclamé un réexamen du dossier de la famille "en vue d'un retour rapide", et condamné "fermement les explications du ministère de l'Intérieur".

A droite en revanche, tous ont souligné la nécessité de respecter la loi, à l'exception de Rachida Dati (UMP) pour qui "Valls fissure le pacte républicain".

La virulence des réactions autour de cette affaire illustre le malaise et la suspicion existant entre Manuel Valls et de nombreux socialistes, qui ne lui pardonnent pas ses propos très controversés du mois dernier sur les difficultés d'intégration des Roms et leur "vocation" à regagner leur pays.

L'affaire est cependant des plus délicates pour le gouvernement, car Manuel Valls reste dans les sondages le ministre le plus populaire des Français.

Source : AFP

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