Genève: Large fossé entre régime syrien et opposition

  • Wallid Muallem, ministre syrien des Affaires étrangères et chef de la délégation du régime syrien aux négociations de Genève avec l'opposition anti Bachar, qui ont été suspendues vendredi jusqu'au 10 février
    Wallid Muallem, ministre syrien des Affaires étrangères et chef de la délégation du régime syrien aux négociations de Genève avec l'opposition anti Bachar, qui ont été suspendues vendredi jusqu'au 10 février AFP - Philippe Desmazes
  • Image publiée par l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens, montrant les dégats occasionnés par le siège du camp palestinien de Yarmouk près de Damas, qui a été ravitaillé jeudi et vendredi, suite aux négociations
    Image publiée par l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens, montrant les dégats occasionnés par le siège du camp palestinien de Yarmouk près de Damas, qui a été ravitaillé jeudi et vendredi, suite aux négociations UNRWA/AFP/Archives - Ho
  • Le chef négociateur de l'opposition syrienne aux discussions de Genève sur la Syrie, Ahmad Jarba, le 31 janvier 2014. Fort d'une crédibilité acquise durant ces discussions, M. Jarba doit se rendre à Moscou le 4 février pour sa premièr
    Le chef négociateur de l'opposition syrienne aux discussions de Genève sur la Syrie, Ahmad Jarba, le 31 janvier 2014. Fort d'une crédibilité acquise durant ces discussions, M. Jarba doit se rendre à Moscou le 4 février pour sa premièr AFP - Philippe Desmazes
  • Lakhdar Brahimi, négociateur de l'Onu dans les discussions de Genève entre le régime Syrien et l'opposition, durant sa conférence de presse le 31 janvier 2014
    Lakhdar Brahimi, négociateur de l'Onu dans les discussions de Genève entre le régime Syrien et l'opposition, durant sa conférence de presse le 31 janvier 2014 AFP - Philippe Desmazes
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AFP

Le fossé reste large entre régime syrien et opposition au terme de la première série de négociations, a constaté l'ONU au dernier jour des pourparlers à Genève, où le régime a affiché son refus de faire toute concession.

Pendant ce premier face-à-face d'une semaine depuis le début de la guerre il y a près de trois ans en Syrie, les deux parties ont campé sur leurs positions, le régime insistant sur le fait qu'il ne voulait pas céder sur la transition politique et l'opposition clamant que Damas était "contraint à négocier" sur cette question centrale du conflit qui continue de ravager le pays.

Ces pourparlers, lancés sous la pression des Etats-Unis, alliés de l'opposition, et la Russie, soutien du régime, devraient reprendre en principe le 10 février, selon l'émissaire international, Lakhdar Brahimi, par l'intermédiaire duquel les deux parties ont "dialogué" pour la première fois dans une même salle depuis le 25 janvier.

Alors que ces discussions, souvent stériles, se déroulaient, environ 1.900 personnes ont été tuées dans les bombardements et les combats dans différentes provinces syriennes, selon une ONG.

En diplomate chevronné, Lakhdar Brahimi a affirmé que la conférence dite de Genève II était un "début très modeste, mais c'est un début (...) sur lequel on peut construire", au cours d'une conférence de presse vendredi.

Relevant "quelques points de convergence" et soulignant que "les deux parties ont pris l'habitude de s'asseoir dans la même pièce", M. Brahimi, qui a lu un document écrit, a toutefois reconnu que "ce fut un démarrage très difficile" et qu'il n'y avait "pas de doute que les positions importantes étaient très éloignées".

"J'ai suggéré de reprendre (les pourparlers) en se fondant sur un agenda sur lequel on s'était mis d'accord et de nous rencontrer le 10 février (...) la délégation du régime a dit qu'elle avait besoin de consulter d'abord Damas", a précisé le diplomate.

Mais d'ores et déjà, les deux parties ont réaffirmé leurs positions presque irréconciliables, notamment en ce qui concerne la question de la transition politique en Syrie.

Pas de concession, clame le régime

"Ni dans ce round, ni dans le prochain, ils (les adversaires du régime) ne pourront obtenir de la délégation syrienne aucune concession", a ainsi clamé le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, devant quelque 250 manifestants pro-régime rassemblés devant le siège de l'ONU à Genève.

"Ils n'obtiendront pas par la politique ce qu'ils n'ont pas pu obtenir par la force", a-t-il ajouté sur un ton de défi, sous les applaudissements des partisans du régime.

Pour Walid Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères, "nous n'avons pas obtenu de résultats tangibles pendant cette semaine de dialogue". Le ministre a mis en cause le "manque de responsabilité et de sérieux" des dirigeants de l'opposition et "leur volonté de faire imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et devions tout leur céder".

"Personne ne peut remplacer la direction syrienne", a insisté M. Mouallem faisant allusion au président, Bachar al-Assad.

De son côté, le porte-parole de la délégation de l'opposition, Louai Safi, a affirmé dans un point de presse que "le régime était contraint à négocier avec une délégation représentant les attentes du peuple syrien".

Les discussions ont la plupart du temps tourné en rond, le régime affirmant que la priorité était de combattre le "terrorisme", la rébellion selon sa terminologie, tandis que l'opposition maintenait que la transition politique aboutissant au départ du président Assad devait être au coeur des discussions pour mettre fin à la violence.

La conférence de Genève II est jusqu'à présent la tentative la plus sérieuse de la communauté internationale pour mettre un terme au bain de sang en Syrie, où plus de 130.000 personnes sont mortes et plus de neuf millions sont des réfugiés et des déplacés depuis près de trois ans.

Après cette première session d'une conférence qui a nécessité pratiquement deux ans d'efforts diplomatiques et toute l'influence des deux co-parrains les Etats-Unis et la Russie, le chef de la coalition de l'opposition, Ahmad Jarba, fort d'une crédibilité acquise à Genève, sera reçu à Moscou le 4 février pour sa première visite officielle à cet allié du régime syrien, a annoncé l'opposition.

"Sans un consensus international clair pour faire pression sur le régime d'Assad, y compris les Russes (...) nous n'allons pas voir beaucoup de changement de la part du régime", a déclaré à l'AFP Salman Shaikh, directeur du Brookings Institute de Doha.

L'analyste ne s'attend à aucun grand progrès, même si la prochaine "session dure une semaine ou un an".

Pour d'autres, la conférence a été au minimum une victoire symbolique pour l'opposition.

"Cela a été un succès pour l'opposition qui a réussi à se présenter comme organisée et raisonnable", affirme Peter Volker, de l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, alors que depuis trois ans celle-ci apparaissait profondément divisée et fragilisée par une rébellion tout aussi éclatée.

Sur le plan humanitaire, aucune des "mesures de confiance" que demandait M. Brahimi, pas même le ravitaillement des assiégés dans les secteurs rebelles de Homs (centre), ne s'est concrétisée. Le seule percée a eu lieu à Damas avec le ravitaillement jeudi et vendredi du camp palestinien de Yarmouk.

Source : AFP

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