Le maintien en vie de Vincent Lambert devant le Conseil d'Etat

  • Les parents de Vincent Lambert au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014
    Les parents de Vincent Lambert au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014 AFP/Archives - Hervé Oudin
  • Francois Lambert, le neveu de Vincent Lambert, le 16 janvier 2014 à Reims
    Francois Lambert, le neveu de Vincent Lambert, le 16 janvier 2014 à Reims AFP/Archives - François Nascimbini
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AFP

La bataille pour ou contre le maintien en vie de Vincent Lambert, qui déchire la famille de cet homme tétraplégique en état végétatif chronique, arrive ce jeudi devant le Conseil d'Etat, dont la décision sera aussi guettée par la communauté médicale.

La plus haute juridiction administrative française dispose de 48 heures pour se prononcer, délai qui peut être dépassé quand le cas ne relève pas de l'urgence. Le juge peut également renvoyer l'affaire pour un examen collégial à l'issue de l'audience ou dans les jours suivants au vu de la difficulté du cas posé par Vincent Lambert.

Les médecins, l'épouse et un neveu de Vincent Lambert ont saisi le Conseil d'Etat pour contester le maintien en vie décidé le 16 janvier par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne à la demande des parents. "Le laisser partir est un acte d'amour", affirme son épouse, qui avait annoncé le 28 janvier son intention de faire ce recours pour demander l'arrêt du "maintien en vie artificielle" de son mari.

Sous pression du ministère de la Santé, le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert, avait finalement déposé lui aussi un recours ainsi que François Lambert, son neveu.

La décision que rendra le Conseil d'Etat est aussi attendue par la communauté médicale, qui s'était émue de la décision du tribunal administratif. "Si la décision reste en l'état, elle modifiera profondément les pratiques médicales actuelles et conduira à une augmentation de l'acharnement thérapeutique pourtant refusé massivement par nos concitoyens", selon la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), association qui rassemble les différents acteurs du secteur.

"Aucune communication"

Vincent Lambert, 38 ans, ancien infirmier psychiatrique, est tétraplégique en état pauci-relationnel (état de conscience minimale) sans espoir de récupération depuis un accident de la route en septembre 2008.

Son épouse et une partie de la famille avaient donné leur accord à l'arrêt de la nutrition et de l'hydratation artificielles du patient en concertation avec l'équipe médicale du CHU.

Les parents, des catholiques traditionalistes opposés à l'euthanasie passive de leur fils, avaient saisi mi-janvier la justice et obtenu gain de cause: le tribunal administratif avait estimé que "la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie".

Tout en reconnaissant que le cas de Vincent Lambert relevait de la loi Leonetti, les juges avaient affirmé que le patient entretenait "un certain lien relationnel" et qu'en l'absence de directives anticipées il était impossible d'interpréter sa volonté.

Vincent "souffre de lésions cérébrales irréversibles et aucune communication même sommaire n'a jamais pu être établie avec lui", explique pourtant le Dr Eric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims.

En avril 2013, un premier protocole de fin de vie avait déjà été engagé, mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France, qui avaient saisi la justice et obtenu la reprise des soins de leur fils.

Une deuxième procédure collégiale d'arrêt des traitements avait été de nouveau lancée en septembre dernier intégrant l'ensemble de la famille et quatre experts. Seul l'expert des parents avait plaidé en faveur du maintien en vie de Vincent.

Pour Jean Paillot, l'avocat des parents, "Vincent n'est ni malade ni en fin de vie, il est handicapé. Le Conseil d'Etat ne peut pas autoriser froidement son euthanasie passive et doit clarifier la loi Leonetti".

"L'arrêt de l'alimentation artificielle avec la sédation est un protocole médical établi qui assure une fin de vie digne et sans souffrance", assure le Dr Kariger. "Même si les éléments de droit nous donnaient raison", précise-t-il, "il y a aura un certain nombre de préalables et donc du temps avant qu'on puisse laisser partir Vincent".

Source : AFP

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