Dette: crise évitée aux Etats-Unis, jusqu'en mars 2015

  • Vue du Capitole, siège du Congrès américain
    Vue du Capitole, siège du Congrès américain AFP/Archives - Brendan Smialowski
  • Le secrétaire au Trésor Jack Lew, le 3 février 2014 à Washington
    Le secrétaire au Trésor Jack Lew, le 3 février 2014 à Washington AFP/Archives - Saul Loeb
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AFP

C'est officiel, le Congrès ne provoquera pas de défaut de paiement des Etats-Unis cette année: il a autorisé le gouvernement à emprunter sans limite jusqu'en mars 2015, un dénouement expéditif dans un dossier qui enflamme Washington depuis trois ans.

Les votes de la Chambre des représentants, mardi, puis du Sénat mercredi, marquent une victoire politique pour Barack Obama, qui espère que les futures échéances de la dette ne seront plus l'occasion d'un bras de fer --d'un chantage, disent les démocrates-- entre le président et son opposition parlementaire.

"L'action de cette semaine, combinée à l'accord budgétaire de deux ans et la loi de finances, qui ont tous été adoptés par le Congrès avec l'appui de membres des deux partis, donnera de la certitude et de la stabilité aux entreprises et aux marchés financiers, et devrait accélérer la croissance prévue en 2014", s'est félicité Jacob Lew, le secrétaire au Trésor.

"Ce qu'il fallait faire a été fait", a pour sa part déclaré le sénateur républicain Bob Corker, opposé à l'augmentation sans condition de la limite de la dette, mais qui a refusé de participer à une tentative d'obstruction. "Au final, il n'y avait pas d'autre solution", a-t-il expliqué. "On pouvait créer le chaos dans ce pays pendant deux semaines, ou mettre ce vote derrière nous".

Techniquement, le Congrès a décidé que le plafond de la dette ne s'appliquerait plus jusqu'au 15 mars 2015. Le Trésor pourra donc emprunter à volonté et dépasser la limite légale de la dette, actuellement de 17.211 milliards de dollars, jusqu'à cette date-là. Le 16 mars 2015, le plafond sera réactivé au niveau d'endettement alors atteint. C'est ce qu'il s'est passé entre octobre dernier et février: la limite de la dette a été rehaussée de 3% environ.

Il n'aura fallu que 48 heures pour classer l'affaire, après une capitulation surprise mardi de John Boehner, le président de la Chambre. Lui qui avait dès son accession au perchoir en 2011 cherché à utiliser les échéances du plafond de la dette au profit des républicains, a renoncé à une confrontation avec la Maison Blanche. Il a laissé adopter le texte mardi à la Chambre principalement par les démocrates; près de 90% de ses troupes ont voté contre.

Défaite du Tea Party

La tactique du bras de fer avait permis au camp conservateur d'obtenir des réductions majeures des dépenses publiques à l'été 2011, mais au prix d'un ébranlement de la confiance des marchés financiers et de la dégradation de la note de crédit américaine par Standard and Poor's.

Depuis, Barack Obama avait juré de ne plus négocier sur le plafond de la dette, et il n'a pas vacillé. Après deux semaines d'un épuisant dialogue de sourds en octobre, les républicains avaient échoué à imposer leurs conditions.

L'épilogue de mercredi illustre l'influence déclinante des ultra-conservateurs et du Tea Party, catégoriquement hostiles à tout relèvement du plafond sans mesures de réduction du déficit. L'heure, selon les chefs de file républicains, est désormais à l'opposition constructive, pas à l'obstruction, un credo qui s'est concrétisé en décembre par l'adoption des budgets 2014 et 2015.

La limite de la dette est jugée comme une anomalie politique par beaucoup: initialement conçue comme un moyen de surveiller les dépenses du Trésor, elle n'a jamais empêché le creusement du déficit public et l'augmentation mécanique de la dette, car le Congrès part du principe que le plafond s'adapte in fine aux budgets qu'il vote, et non l'inverse.

Mais sans autorisation d'emprunter, les Etats-Unis auraient pu faire défaut pour la première fois sur certaines de leurs obligations, déstabilisant l'économie mondiale. Les intérêts sur les bons du Trésor, les contrats publics, les pensions de retraite, les dépenses de santé auraient pu ne plus être payés à temps, même si le Trésor s'est toujours refusé à expliquer s'il donnerait la priorité à certains créanciers.

Source : AFP

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