À Pont-de-Salars déviation rime avec désertion commerciale

  • Avec la déviation le village est redevenu tranquille. Trop, peut-être, pour certains.
    Avec la déviation le village est redevenu tranquille. Trop, peut-être, pour certains. CP
Publié le , mis à jour
R. B.

Économie. Laissac, Viviez, Rignac et bientôt Espalion: les déviation se suivent mais ne produisent pas partout les mêmes effets. Près de trois ans après l’ouverture de celle de Pont-de-Salars, tour d’horizon avec les commerçants.

Cela fera trois ans, en avril, que la route départementale 911 ne traverse plus Pont-de-Salars. Un véritable soulagement pour de nombreux habitants lassés de voir leur commune traversée quotidiennement par un flot ininterrompu de véhicules, dont 800 camions. En revanche, pour de nombreux commerçants salarsipontains, cette tranquillité retrouvée s’apparente plus aujourd’hui plus à un véritable chemin de croix.  "On ne voit plus personne, résume ainsi Régine Marty, une commerçante de la rue Neuve. "Aujourd’hui, sorti de la période estivale qui, en plus, a tendance à se raccourcir, il devient difficile de joindre les deux bouts. Cela fait quelques années que je tiens ce commerce, mais là, parfois, c’est tellement dur que j’ai envie de tout arrêter".

Déviation ou crise économique?

Le son de cloche est quasiment le même à la boulangerie Sarret, avenue de Rodez. "Je comprends les arguments des défenseurs de la déviation, admet la boulangère. Mais pour nous, commerçants, c’est comme une petite mort. Mon mari a fait le calcul, depuis l’ouverture de la déviation nous avons perdu plus de 20% de chiffre d’affaires. D’ailleurs, avant, on était trois à servir. Maintenant, il y a moi et une autre vendeuse à temps partiel. Le passage, c’est ce qui faisait vivre nos commerces", ajoute-t-elle avec une pointe de nostalgie dans la voix.

"Les Ruthénois qui allaient passer du temps du côté des lacs s’arrêtaient toujours pour acheter du pain, le journal ou des cigarettes. Maintenant, il doit y en avoir un sur dix qui passe encore par le village. C’est tellement plus pratique de l’éviter qu’ils attendent désormais d’arriver à destination pour faire leurs emplettes."

Même s’il concède volontiers "une baisse d’activité", Claude Raynal, le vendeur de journaux voisin, est moins catégorique quant à son origine. "La déviation doit certainement jouer un peu, mais il y a aussi le contexte économique global. Je ne suis pas sûr que les petits commerçants de Rodez ou d’ailleurs s’en tirent mieux." 

"Renforcer l'attractivité"

Résolument optimiste, il préfère se raccrocher à sa clientèle habituelle, "qui est restée fidèle", et aux touristes "toujours plus nombreux, l’été, à plébisciter le secteur des grands lacs". "C’est sûr, la déviation a eu un réel impact sur l’économie locale", conclut la présidente de l’association Village Attitude, qui regroupe les commerçants, artisans et professions libérales du village. "Sorti de la période estivale, c’est plus difficile. Mais on ne doit pas baisser les bras. Il faut renforcer l’attractivité et proposer des animations." 

Pour l’attractivité, les commerçants se tourneront plus volontiers vers la mairie afin qu’elle soit davantage à l’écoute. Quant aux animations, en revanche, ils semblent bien décidés à prendre les devants. Comme ce samedi soir, lors de l’organisation de la soirée cabaret. "Les réservations se sont envolées, s’enthousiasme Régine Marty. Les 340 places ont été prises d’assaut, on a même dû refuser du monde. On ne pensait pas que cela aurait un tel succès. C’est encourageant pour la suite."

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