Inversion de la courbe du chômage: l'Insee va rendre son verdict

  • Le ministre du Travail Michel Sapin lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 26 février 2014
    Le ministre du Travail Michel Sapin lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 26 février 2014 AFP/Archives - Martin Bureau
  • Une agence Pôle Emploi à Marseille
    Une agence Pôle Emploi à Marseille AFP/Archives - Boris Horvat
Publié le
AFP

L'Insee rend à son tour jeudi son verdict sur l'inversion de la courbe du chômage, dont l'échec a été démontré par les chiffres de Pôle emploi, en publiant le taux de chômage du 4ème trimestre 2013, "affiné" grâce à un toilettage de son enquête.

Les statistiques de Pôle emploi, qui recensent les seuls demandeurs d'emploi inscrits sur ses listes, ont continué à grimper jusqu'à fin janvier, avec 3,31 millions de chômeurs sans activité en métropole, un pic historique. Un revers majeur pour François Hollande, engagé à "inverser la courbe du chômage" fin 2013.

Face à cette série noire, le ministre du Travail Michel Sapin s'octroie désormais un nouveau délai, se donnant jusqu'à "la fin de l'année" 2014 pour faire refluer le chômage, notamment grâce au pacte de responsabilité.

Mesuré grâce à une enquête effectuée auprès de 110.000 personnes, selon les normes du bureau international du travail (BIT), le taux de chômage du 4e trimestre sera dévoilé jeudi matin par l'Institut national de la statistique. Seul indicateur reconnu au niveau international, il est souvent préféré par les économistes aux chiffres de Pôle emploi, soumis aux aléas administratifs (inscriptions, radiations etc).

Les deux courbes du chômage - celle de l'Insee et celle de Pôle emploi - suivent en général la même tendance mais une légère divergence reste possible, car les deux sources statistiques ne mesurent pas le chômage de la même façon. Dans ses dernières prévisions, l'Institut tablait sur une stabilisation du taux de chômage fin 2013 et début 2014, avant une nouvelle hausse.

La publication de jeudi sera marquée par une nouveauté : engagé de longue date dans une "rénovation" de l'enquête menée auprès des ménages, l'Insee reverra à la baisse l'ensemble de ses chiffres, présents et passés, d'environ 0,3 point.

Ainsi, le taux de chômage de 10,5% enregistré en métropole au 3e trimestre 2013 - un niveau inégalé depuis 15 ans - deviendra vraisemblablement un 10,2%. Et le record absolu de 10,8%, enregistré en 1994 et 1997, devrait se transformer en 10,5%.

- "On ne cache rien" -

L'Insee a notamment revu la formulation de certaines questions, afin d'améliorer leur compréhension, et en a introduit de nouvelles, quant à la recherche d'emploi via les réseaux sociaux par exemple.

In fine, avec ce nouveau questionnaire jugé plus pertinent, les résultats font apparaître un taux légèrement inférieur à celui obtenu avec le précédent. L'Institut a donc décidé d'abaisser l'ensemble de ses chiffres, afin de permettre les comparaisons dans le temps, et avec les autres pays.

"Avec ce questionnaire, on affine la mesure du taux de chômage", a assuré à l'AFP Fabrice Lenglart, directeur des statistiques démographiques et sociales de l'Institut, qui explique qu'une "rénovation" de ce type est en cours en Allemagne, et a déjà eu lieu au Portugal.

Cet écart de 0,3 point est marginal, ajoute-t-on à l'Insee, où on rappelle que la marge d'erreur sur ce type de taux est, quoi qu'il en soit, de 0,3.

Reste que ce "saut en niveau" à la baisse intervient à un moment bien délicat : celui de juger sur pièces des résultats de François Hollande quant à son fameux engagement, martelé depuis septembre 2012.

Au ministère du Travail, on assure que c'est un "concours de circonstances" et on insiste sur le fait que "ce qu'a fait l'Insee avec son enquête emploi n'est absolument pas le fait du gouvernement". "L'effet aurait d'ailleurs pu être à la baisse ou à la hausse", fait-on valoir.

Selon le ministère, "l'Insee essaie de perfectionner l'indicateur en toute rigueur, en mesurant les effets en toute transparence" et "ce qui compte c'est de mesurer l'évolution dans le temps".

"On ne cache rien. Dans les deux dernières publications, nous avons rappelé que les nouveaux chiffres seront plus bas en niveau", insiste Fabrice Lenglart, de l'Insee.

"La statistique publique travaille selon un calendrier qui lui est propre, défini bien à l'avance", insiste-t-il, "d'ailleurs, ce processus de refonte est engagé depuis 2008".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?