CPI: l'ex-milicien congolais Katanga coupable complicité de crimes de guerre

  • La juge Fatoumata Dembele Diarra le 7 mars 2014 à la CPI à La Haye
    La juge Fatoumata Dembele Diarra le 7 mars 2014 à la CPI à La Haye AP/AFP - Phhil Nijhuis
  • La procureure Fatou Bensouda (C) le 7 mars 2014 à la CPI à La Haye
    La procureure Fatou Bensouda (C) le 7 mars 2014 à la CPI à La Haye AP/AFP - Phil Nijhuis
  • Retransmission télévisée du procès de l'ancien chef de milice congolais Germain Katanga devant la CPI, le 7 mars 2014 à La Haye
    Retransmission télévisée du procès de l'ancien chef de milice congolais Germain Katanga devant la CPI, le 7 mars 2014 à La Haye AP/AFP - Phil Nuijhuis
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AFP

L'ancien chef de milice congolais Germain Katanga a été déclaré coupable vendredi d'avoir été complice de l'anéantissement d'un village de l'Ituri, région de l'est de la République démocratique du Congo en proie à des conflits interethniques depuis quinze ans.

"La chambre à la majorité déclare Germain Katanga coupable (...) de complicité des crimes commis le 24 février 2003", a déclaré le juge Bruno Cotte, à La Haye, où siège la Cour pénale internationale (CPI).

Les juges ont estimé que Germain Katanga, 35 ans, s'était rendu complice de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en facilitant et coordonnant l'approvisionnement en armes des membres de sa milice. Il a néanmoins été déclaré innocent d'avoir utilisé des enfants soldats ou d'avoir utilisé le viol comme crime de guerre.

Surnommé Simba (le lion), Germain Katanga était le commandant des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), une milice dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et Ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema.

- Des terres riches -

Les affrontements interethniques entre milices qui se disputent les terres de l'Ituri, riche en ressources naturelles, dont l'or, le pétrole ou les diamants, avaient débuté en 1999 et ont, selon l'accusation, "dévasté" la zone. Selon les ONG, ces violences ont fait plus de 60.000 morts.

L'ancien milicien, qui plaidait non coupable, était accusé d'avoir participé "de manière indirecte" aux crimes contre l'humanité et crimes de guerre, liés à l'attaque le 24 février 2003 du village de Bogoro en Ituri.

Les juges, estimant ne pas avoir assez de preuves nécessaires pour condamner Germain Katanga sur cette base, ont modifié les charges, déclarant celui-ci coupable de complicité. La possibilité de cette modification ayant été annoncée tardivement, notamment après que M. Katanga ait choisi de témoigner, l'une des juges a joint une opinion dissidente, affirmant que les droits de celui-ci à un procès équitable n'avaient pas été respectés.

- Par balles ou à la machette -

Au centre du village Hema de Bogoro se trouvait un camp militaire des ennemis des FRPI, les militaires de l'Union des patriotes congolais de Thomas Lubanga, condamné à 14 ans de prison en 2012 pour avoir enrôlé des enfants soldats.

Les troupes de Germain Katanga et celles de son ancien co-accusé, Mathieu Ngudjolo Chui, avaient lancé l'attaque aux petites heures du matin, et pillé, violé les femmes et tué 200 personnes environ, par balles ou à la machette. Soixante d'entre-elles seulement ont été identifiées, "majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées" ont assuré les juges.

L'attaque ne visait pas uniquement les militaires de l'UPC mais également la population civile Hema, considérée par les Ngiti comme les "ennemis", a assuré Bruno Cotte.

Selon le bureau du procureur, cette attaque avait pour but de prendre le contrôle de la route voisine "pour faciliter l'acheminement de marchandises". Cette route mène à Bunia, le chef-lieu de l'Ituri, et relie le Lac Albert, situé un peu plus à l'est, à la frontière avec l'Ouganda.

Le procès de M. Katanga s'était tenu en concomitance avec celui de Mathieu Ngudjolo Chui, acquitté en décembre 2012, pour faute de preuves suffisantes.

Le procureur, comme la défense, peuvent interjetter appel de ce jugement dans les 30 jours. La peine sera elle fixée lors d'une audience ultérieure.

Entrée en fonction à La Haye en 2003, la CPI est le premier tribunal pénal international permanent chargé de juger les responsables présumés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Source : AFP

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