Vidange de Sarrans : 100 millions de mètres cubes/semaine

Une route étroite et sinueuse conduit le visiteur à travers bois jusqu’au pied du barrage. Le colosse de béton se dresse massivement au-dessus du lit de la Truyère. Depuis de longs mois déjà, l’ouvrage hydroélectrique, mis en service en 1934, aux confins de l’Aveyron et du Cantal, est en ébullition.

Sur place, une cinquantaine d’ouvriers spécialisés et de personnels des équipes d’EDF sont à pied d’œuvre. D’ici quelques semaines, dès que l’opération de vidange de la gigantesque retenue de 300 millions de mètres cubes sera terminée, ils seront une centaine à travailler sans relâche pour l’examen technique complet du barrage et sa rénovation.

Le moment venu de percer dans la roche granitique les quinze derniers mètres de la nouvelle galerie de vidange de fond de 120 mètres de long. Des travaux et un investissement de l’ordre de 25 millions d’euros (dont 20 millions d’euros pour la seule galerie d’évacuation des crues et de vidange de fond) à la dimension du site.

La dernière vidange de Sarrans est intervenue en 1979, la précédente en 1949. Entre chaque vidange, l’ouvrage est contrôlé, environ tous les dix ans, à l’aide de matériel subaquatique ou lors d’un abaissement du niveau des eaux de plusieurs mètres.

3 à 4 semaines de vidange

La cote minimale d’exploitation sera atteinte à la mi-avril. Une fois les machines arrêtées, dans le cadre d’une procédure très encadrée, la vidange sera engagée. Avec un abaissement maximal de 30 cm à l’heure, sur une hauteur d’une trentaine de mètres, trois ou quatre semaines seront nécessaires pour vider la retenue. Cette vidange permettra d’ausculter la totalité de l’ouvrage et d’effectuer différents travaux de rénovation des enduits et joints d’étanchéité, des grilles des prises d’eau, des conduites forcées ou du quatrième groupe de production, opérationnel depuis 1979.

De mai en octobre, une vingtaine d’entreprises ainsi que les équipes d’EDF seront ainsi mobilisées. Cette période sera bien évidemment mise à profit pour percer, par dynamitage, les quinze derniers mètres de la nouvelle galerie de vidange de fond et d’évacuation des crues, destinée à obtenir une sécurité optimale. Et c’est le 17 octobre que débutera la remise en eau, l’opération de remplissage devant se prolonger pendant trois ou quatre mois. Ainsi que le souligne le responsable de la centrale hydroélectrique de Sarrans, Guilhem Vuarand, ce vaste chantier est le fruit d’une très large concertation guidée par trois éléments majeurs: la sécurité, la préservation de l’environnement et l’information du public.

Deux groupes de travail axés sur le tourisme et l’environnement ont rassemblé, pendant des mois, une trentaine de partenaires. Tout au long de la période estivale et de cet «été sans retenue», ils proposeront plus de 150 animations: sorties botaniques, tyrolienne, feu d’artifice et autres visites encadrées des quelques vestiges (maison, fermes, ponts et château) qui vont ressurgir des profondeurs de Sarrans. De quoi, c’est certain, attirer de nombreux touristes et promeneurs.