L’affaire est dans le Sac du berger

  • Jean-Pierre Romiguier a fondé l’entreprise en 1991. Située aujourd’hui dans la Vallée de la Sorgue, elle fait vivre dix salariés.
    Jean-Pierre Romiguier a fondé l’entreprise en 1991. Située aujourd’hui dans la Vallée de la Sorgue, elle fait vivre dix salariés. Repro CP
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Jérémy Beaubet

Economie. Deux ans après l'incendie qui a ravagé les ateliers du Sac du berger, la société du sud Aveyron a retrouvé sa vitesse de croisière en réalisant 750 000€ de chiffre d’affaires en 2013. 

"Il y a des choses qui ne brûlent pas". En prononçant ces paroles en 2011, deux ans jour pour jour après l’incendie qui avait ravagé 80% des ateliers du Sac du berger, Jean-Pierre Romiguier regardait déjà vers l’avenir avec cette foi qui anime les grands entrepreneurs. Avec plus de 750 000€ de chiffre d’affaires l’an passé, sa société, nichée dans un cirque isolé entre Sorgue et Rougier, a effectivement retrouvé la vitesse de croisière qui était la sienne, à la fin des années 2000. "À vrai dire, je n’ai jamais considéré ce sinistre comme un handicap", raconte cet homme toujours couvert d’un chapeau en feutre noir.

À 60 ans, il y voit volontiers un signe du destin. "Je pense sincèrement que cet incendie nous a relancés. Pendant les travaux, se souvient-il, rien n’a été simple. Il a fallu qu’on travaille les uns sur les autres, dans la petite partie qui n’avait pas brûlé. On a réduit notre production. Ce fut compliqué. Personnellement, j’en ai profité pour renouveler mon équipe et revoir mon rapport à l’autorité".

Parler marketing moderne et stratégies managériales ne le dérange pas. C’est le lot des patrons. Ceci dit, ce que le bonhomme préfère, sans commune mesure, c’est tomber la veste et donner à voir ces ateliers rénovés où sont confectionnés de A à Z les indémodables Sacs du berger ainsi que la totalité des quelque 130 objets en cuir ou peau lainée présents sur le catalogue de la marque sud-aveyronnaise. "De l’origine des peaux à nos objets finis, sans oublier le tannage, tout est réalisé dans un rayon de 120 km autour de la vallée de la Sorgue. Cette démarche éthique et écologique est une exigence. Je ne ferai jamais de compromis sur ce point", soutient Jean-Pierre Romiguier.

Ce matin-là, dans une ambiance apaisée, quelques-uns des dix salariés s’activent derrière un parc de machines ultramodernes financé par les gains de l’activité : "Quand on croit à ce qu’on fait, il faut être prêt à investir. Ces achats étaient tout bonnement nécessaires. Ils permettent à tous les corps de métier (sellier, maroquinier, bottier, couturière, NDLR) de travailler dans des conditions confortables et de fonctionner avec une certaine autonomie. On fait en revanche des contrôles en commun tous les mois, pour être certain que nos stocks répondent correctement à la demande". 

Avant de nous convier à l’extérieur pour apprécier l’intégration de la bâtisse à l’environnement, Jean-Pierre Romiguier ouvre le showroom qui accueille des milliers de visiteurs chaque année. Pour un endroit perdu au milieu de nulle part, une telle fréquentation ne tient pas du miracle mais de l’attachement que le grand public voue à ce sac aux origines si lointaines. "Les gens qui viennent jusqu’à nous ont généralement conscience que nos produits font partie du patrimoine culturel régional. On sait qu’ils viennent souvent de loin alors on soigne l’accueil. Passer quelques heures avec eux s’il le faut n’est jamais du temps perdu", confie le gérant.

La preuve: 70% des bénéfices annuels sont actuellement réalisés en vente directe. Un chiffre qui devrait légèrement fléchir cette année pour une simple et bonne raison: la marque vient de signer récemment un contrat avec un intermédiaire japonais qui s’engage à distribuer le Sac du berger pendant cinq ans auprès des corners les plus luxueux de Tokyo. Jean-Pierre Romiguier y a bien réfléchi. Sur ce coup, il n’y a vraiment aucun risque qu’il se brûle les doigts...

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