Ukraine: Kiev met son armée en alerte, plan d'aide du FMI

  • Des observateurs de l'OSCE retenus en Ukraine sont présentés lors d'une conférence de presse de séparatistes à Slaviansk, le 27 avril 2014
    Des observateurs de l'OSCE retenus en Ukraine sont présentés lors d'une conférence de presse de séparatistes à Slaviansk, le 27 avril 2014 AFP/Archives - Vasily Maximov
  • Des militants pro-russes montent la garde devant des bâtiments officiels gardés par les séparatistes à Lougansk le 30 avril 2014
    Des militants pro-russes montent la garde devant des bâtiments officiels gardés par les séparatistes à Lougansk le 30 avril 2014 AFP - Alex Inoy
  • La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, à l'issue d'une réunion du conseil d'administration le 30 avril 2014 à Washington
    La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, à l'issue d'une réunion du conseil d'administration le 30 avril 2014 à Washington AFP - Mandel Ngan
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AFP

Kiev a mis mercredi ses forces armées en état d'alerte maximum pour tenter d'empêcher la propagation de l'insurrection pro-russe dans l'est de l'Ukraine, pays qui va bénéficier d'un plan d'aide de 17 milliards de dollars du FMI.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite au Pérou, a assuré mercredi soir que la Russie est favorable à un dialogue en Ukraine sous les auspices de l'OSCE pour trouver une issue à la crise dans ce pays.

"Une action urgente était nécessaire", a assuré la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, à l'issue d'une réunion du conseil d'administration du FMI, qui représente ses 188 Etats-membres.

Le feu vert de l'institution permet le déblocage "immédiat" d'un premier prêt de 3,2 milliards de dollars à Kiev et va donner un peu d'air à un pays au bord de l'asphyxie financière.

Les forces armées ukrainiennes se trouvent en "état d'alerte total" pour le combat face à la menace d'une intervention russe, a annoncé le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov. La Russie a aussitôt réagi en sommant Kiev d'arrêter "immédiatement la rhétorique belliqueuse qui vise à intimider sa propre population".

Dans un geste qui devrait irriter encore davantage Moscou, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a annoncé que l'attaché militaire russe à Kiev avait été "arrêté" mercredi et "déclaré persona non grata" suite à des "agissements incompatibles avec son statut". Il devrait être rapidement expulsé.

Au cours d'un entretien téléphonique, le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre britannique David Cameron ont convenu que la crise ukrainienne ne pourrait être résolue "qu'avec des moyens pacifiques", a indiqué le Kremlin.

A Kiev, M. Tourtchinov a déclaré que l'"objectif numéro un (était) d'empêcher le terrorisme de s'étendre" des régions de Donetsk et de Lougansk, en proie à une insurrection pro-russe armée, à d'autres régions. "Il y a des tentatives de déstabiliser la situation à Kharkiv (est), Odessa (sud), Dnipropetrovsk (est), Zaporijjia (sud-est), Kherson et Mykolaïev (sud)", a-t-il dit.

Ensemble, ces huit régions constitueraient une large zone contiguë de la Russie et des territoires séparatistes de Crimée (rattachée à la Russie en mars) et de Transdniestrie en Moldavie, que Moscou contrôle de fait déjà.

Les rebelles pro-russes, hostiles au pouvoir qui s'est mis en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, ont continué ces derniers jours d'étendre leur emprise sur une série de villes de l'Est ukrainien. Ils contrôlent des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes.

C'est le cas de Gorlivka depuis mercredi matin. Selon des médias ukrainiens, quelques dizaines de militants pro-russes ont également occupé mercredi la mairie d'Altchevsk (110.000 habitants), proche de Lougansk. Les rebelles s'étaient emparé mardi de la plupart des bâtiments officiels de Lougansk, chef-lieu régional d'environ un demi-million d'habitants.

"L'Ukraine est attaquée. La Russie a lancé une guerre non déclarée contre notre pays dans l'Est", a affirmé mercredi Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre et candidate à l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai."Je n'ai aucun doute sur le fait que le but de M. Poutine est d'avoir le contrôle total de l'Ukraine", a pour sa part déclaré mercredi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

- Incertitude pour les observateurs de l'OSCE -

Le sort des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) retenus depuis vendredi par des rebelles pro-russes à Slaviansk, bastion rebelle de l'Est, demeure incertain.

"Le dialogue est constructif, on se comprend les uns les autres", a déclaré mercredi le leader séparatiste de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, qui a promis de "renvoyer (les observateurs) chez eux à la première occasion". Les négociations se prolongent pour des "raisons techniques", a-t-il ajouté.

"Ils sont en bonne santé", a déclaré à Donetsk un porte-parole de l'OSCE, Michael Bociurkiw, qui n'a pas donné d'indications sur l'état des négociations. L'un des huit observateurs initialement retenus, un Suédois, a été autorisé à partir dimanche pour raison de santé.

Le président Poutine a déclaré mardi soir "espérer" la libération prochaine de la mission de l'OSCE, sept étrangers et quatre Ukrainiens.

- La Russie déjà en récession -

Russes et Occidentaux continuent par ailleurs de s'accuser mutuellement de l'aggravation de la crise en Ukraine.

Et Moscou a prévenu que la politique occidentale de sanctions ne resterait pas sans réponse.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a énoncé le même message. "Nous n'allons pas nous précipiter pour faire des choses stupides, nous voulons donner à nos partenaires la possibilité de se calmer. Toutefois, si ces actions continuent, nous étudierons la situation", a-t-il déclaré mercredi lors d'une conférence de presse à Santiago du Chili.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait peu auparavant accusé la Russie de "chercher à modifier l'architecture de la sécurité de l'Europe de l'Est" en "déstabilisant" l'Ukraine.

Pour M. Poutine, ce sont les Etats-Unis qui pilotent en sous-main depuis des mois les événements en Ukraine. Il n'y a selon lui "ni formateurs russes, ni unités spéciales, ni troupes" russes dans le pays.

Lors d'un dîner de gala de l'Atlantic Council, un cercle de réflexion de Washington, la pop star ukrainienne Rouslana, lauréate de l'Eurovision et militante très active du Maïdan, a appelé mercredi soir les Etats-Unis "à l'aide" et le président Barack Obama à faire preuve de "courage" pour mettre fin aux actions russes dans son pays.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), la crise ukrainienne a déjà plongé la Russie en récession en raison de la chute des investissements liée aux sanctions occidentales.

L'Ukraine, pour sa part, a vu son produit intérieur brut (PIB) chuter fortement de 2% au premier trimestre 2014 par rapport au précédent.

Source : AFP

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