Panama: croissance et inégalités au menu des élections générales

  • Le président sortant du Panama, Ricardo Martinelli, lors d'un rassemblement électoral le 1er mai 2014 à Panama
    Le président sortant du Panama, Ricardo Martinelli, lors d'un rassemblement électoral le 1er mai 2014 à Panama AFP - Rodrigo Arangua
  • Le Panama Le Panama
    Le Panama AFP
  • Le candidat du Parti pour le changement démocratique Domingo Arias (droite) et son épouse lors d'un rassemblement de campagne à Panama le 1er mai 2014
    Le candidat du Parti pour le changement démocratique Domingo Arias (droite) et son épouse lors d'un rassemblement de campagne à Panama le 1er mai 2014 AFP - Rodrigo Arangua
  • Un employé prépare des bulletins de vote à distribuer dans les bureaux de vote de tout le pays à Panama le 1er mai 2014
    Un employé prépare des bulletins de vote à distribuer dans les bureaux de vote de tout le pays à Panama le 1er mai 2014 AFP - Rodrigo Arangua
Publié le
AFP

Le Panama élit dimanche son président lors d'un scrutin sans réel favori dans un pays où les fruits de la très forte croissance économique peinent encore à être redistribués à toute la population.

Plus de 2,4 millions de Panaméens sur 3,8 millions d'habitants sont appelés à élire le successeur du conservateur et milliardaire Ricardo Martinelli, ainsi qu'à renouveler le Parlement uni-caméral et les conseils municipaux, pour une période de cinq ans, dans une élection à un tour qui se joue à la majorité simple.

Dans ce que le président sortant a qualifié de "Dubaï des Amériques", en raison notamment d'un impressionnant boom immobilier, deux-tiers de la population travaillent toutefois dans le secteur informel et des milliers de personnes n'ont pas l'eau potable, pas de logement, et encore moins accès à la santé, à l'éducation ou au logement, malgré une croissance économique de plus de 8% par ans ces dernières années.

Candidat du parti au pouvoir, José Domingo Arias (droite), un entrepreneur du textile et ancien ministre du Logement du gouvernent Martinelli, mène d'une courte tête les sondages d'intention de vote, suivi dans un mouchoir de poche par l'opposant social-démocrate et ex-maire de la capitale (1999-2009) Juan Carlos Navarro.

En troisième place arrive un autre homme d'affaires, enrichi dans les alcools, Juan Carlos Varela (droite), actuel vice-président après avoir été ministre des Affaires étrangères jusqu'à son éviction en 2011 pour des divergences de point de vue avec M. Martinelli.

L'opposition accuse Ricardo Martinelli de corruption, d'autoritarisme et d'utiliser les rouages de l'Etat à son bénéficie, mais il jouit pourtant d'un taux d'approbation de 67%, selon les sondages, une popularité qui pourrait servir son M. Arias.

La législation panaméenne interdit au président d'exercer deux mandats consécutifs.

"Le vainqueur va devoir constituer une alliance politique afin de pouvoir gouverner et dégager une majorité parlementaire, car il y a aura deux-tiers (de parlementaires) d'opposition", pronostique pour l'AFP José Blandon, analyste politique et ancien diplomate, à propos de la composition du prochain Parlement de 71 membres.

Des drapeaux géants flottent dans les rues du pays, des affiches tapissent panneaux et lampadaires, et les plus motivés des électeurs ont même redécoré leur maison ou leur voiture aux couleurs de leurs champions.

- "Bientôt, on ne pourra plus manger" -

Proches dans les intentions de vote, les candidats le sont également dans leurs propositions : quasiment tous alignés sur les États-Unis et promettant de réduire le coût de la vie et la criminalité.

Le nouveau président devra également gérer les retards pris par le titanesque chantier d'élargissement du canal de Panama, qui représente 10% des recettes fiscales du pays et par où transite 5% du commerce maritime mondial.

L'inauguration prévue en 2014 n'est désormais plus attendue avant début 2016, retardant d'autant les nouveaux revenus espérés.

"Les principaux défis incluent d'un côté la maintien de la croissance économique et de l'autre, la lutte contre la pauvreté et les inégalités", dans un pays affichant une croissance annuelle supérieure à 8% mais une pauvreté de plus de 25% de la population, selon le gouvernement, estime Edwin Cabrera, journaliste et historien.

"La croissance économique n'a profité qu'à l'élite. Les millionnaires sont toujours plus millionnaires mais au détriment de ceux d'en bas", juge quant à lui Jaime Porcell, expert en analyses électorales.

Les sondages indiquent que l'inflation - autour de 5% par an, et la hausse de 44% sur la décennie du panier de base des ménages, d'après le ministère de l'Economie - constitue la principale préoccupation des habitants.

"Tous est toujours plus cher, les prix sont stratosphériques, à ce stade, on ne va plus pouvoir manger", a confié à l'AFP Maritza Muñoz, une femme au foyer étudiant minutieusement sa liste de courses dans un supermarché du centre de la capitale, où les immenses gratte-ciel jouxtent les bidonvilles.

Autre préoccupation : la criminalité, alors que selon l'ONU le pays affiche 17,2 homicides par an et par habitants.

"La situation est de pire en pire. Les gangs se sont étendus dans tout le pays et disposent d'armes lourdes pour contrôler le marché des drogues", affirme ainsi un policier sous couvert d'anonymat.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?