Siemens joue la montre sur Alstom et engage un nouveau plan de redressement

  • Joe Kaeser, le patron de Siemens, avant une conférence de presse le 7 mai 2014 à Berlin
    Joe Kaeser, le patron de Siemens, avant une conférence de presse le 7 mai 2014 à Berlin AFP - Odd Andersen
  • Joe Kaeser, le patron de Siemens, lors d'une conférence de presse le 7 mai 2014 à Berlin
    Joe Kaeser, le patron de Siemens, lors d'une conférence de presse le 7 mai 2014 à Berlin AFP - Odd Andersen
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AFP

Le conglomérat industriel allemand Siemens a laissé planer le mystère mercredi sur ses intentions définitives concernant le français Alstom, préférant se concentrer sur une nouvelle stratégie de recentrage sur l'énergie.

"Nous n'agirons que quand nous saurons ce que nous voulons" chez Alstom, a déclaré Joe Kaeser, le patron de Siemens, lors d'une conférence de presse à Berlin.

Il n'en a guère dit plus. Pourtant ses premiers propos officiels étaient très attendus, depuis le début il y a une dizaine de jours de la bataille à distance avec l'américain General Electric pour s'emparer des activités énergie du français.

"Nous regardons, nous examinons les comptes, nous évaluons les opportunités et les risques et ensuite nous déciderons la manière dont nous continuons", a répété M. Kaeser, assurant de son "sérieux" dans ce dossier.

Alors que son concurrent américain de longue date a déjà mis 12,35 milliards d'euros sur la table, le chef de Siemens a obtenu la possibilité d'examiner pendant quatre semaines les comptes d'Alstom. Celui-ci voudrait boucler l'opération avec GE, malgré les réticences du gouvernement français.

Au téléphone avec Merkel

Dans une proposition préliminaire, Siemens évalue à un montant compris entre 10,5 et 11 milliards d'euros le portefeuille énergie d'Alstom et propose de lui céder en plus la plupart de ses activités de transport.

M. Kaeser a eu, à sa demande, un entretien téléphonique avec la chancelière Angela Merkel à ce sujet, a déclaré en milieu de journée la porte-porte de la chancellerie, sans rien dévoiler du contenu de cette conversation, ni à quel moment elle avait eu lieu.

La thématique Alstom pourrait aussi être abordée ce samedi, quand la chancelière recevra dans sa circonscription du nord de l'Allemagne le président français François Hollande. Les deux dirigeants "vont s'entretenir de sujets d'actualité" et Alstom "est un sujet qui est en discussions", a déclaré la porte-parole.

Berlin pense qu'une alliance ouvrirait "des possibilités en terme de politique industrielle", a redit un porte-parole du ministère de l'Economie, tout en soulignant qu'il s'agissait avant tout de décisions d'entreprises.

Joe Kaeser a souligné mercredi "le soutien" apporté par le gouvernement français, "très attentif" et "orienté vers le long-terme", à qui pour l'heure il a promis une garantie des emplois de trois ans, un argument sensible pour Paris.

A contrario, Siemens pourrait bien procéder à des suppressions de postes en son sein, en plus des 15.000 déjà prévues dans le cadre d'un plan d'économies lancé par le prédécesseur de M. Kaeser.

Le groupe a annoncé mardi soir une réorganisation visant à supprimer des échelons hiérarchiques, rendre le groupe plus réactif et réduire dès 2016 ses coûts annuels d'un milliard d'euros.

- Pas d'objectif de rentabilité -

A la tête du fleuron industriel allemand depuis neuf mois, M. Kaeser, auparavant directeur financier, s'efforce de ramener calme et discipline au sein du groupe qui fabrique aussi bien des éoliennes, des trains que des scanners médicaux. Il veut simplifier le groupe, le recentrer sur l'électrique au sens large, réduire l'écart avec ses concurrents et améliorer ses performances opérationnelles au moyen d'un plan baptisé "Vision 2020".

Outre la réorganisation en neuf divisions (contre 16 actuellement), Siemens va accorder davantage d'autonomie à sa division d'appareils médicaux et prévoit d'introduire en Bourse sa branche d'appareils auditifs, jugeant qu'elle n'offre pas de synergies avec le reste.

Par ailleurs, Siemens a annoncé le rachat pour près d'un milliard d'euros de turbines et compresseurs de Rolls-Royce et annoncé une coentreprise avec Mitsubishi Heavy Industries à destination de l'industrie métallurgique et sidérurgique.

"Est-ce qu'en 2020 l'entreprise sera plus grosse ? Je ne sais pas, mais elle fera mieux", a promis M. Kaeser.

Il s'est en revanche bien gardé de s'engager sur un objectif de rentabilité global, écueil sur lequel son prédécesseur Peter Löscher s'était échoué.

Ces changements stratégiques, tout comme les résultats financiers du deuxième trimestre de son exercice 2013/2014, avec une hausse des bénéfices, étaient bien reçus à la Bourse de Francfort, où l'action Siemens gagnait 2,26% à 96,03 euros à 12H30 GMT.

Source : AFP

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