Ukraine: bombardements nourris à Slaviansk, bastion rebelle

  • Un habitant resté à Slaviansk passe devant une maison incendiée, le 24 juin 2014
    Un habitant resté à Slaviansk passe devant une maison incendiée, le 24 juin 2014 AFP - John MacDougall
  • Un séparatiste russe montre des éclats de shrapnel après un bombardement à Slaviansk, le 24 juin 2014
    Un séparatiste russe montre des éclats de shrapnel après un bombardement à Slaviansk, le 24 juin 2014 AFP - John MacDougall
  • Un habitant de Slaviansk passe devant des graffitis, un drapeau ukrainien barré et un drapeau russe, le 24 juin 2014
    Un habitant de Slaviansk passe devant des graffitis, un drapeau ukrainien barré et un drapeau russe, le 24 juin 2014 AFP - John MacDougall
  • Les ruines d'une station service à Slaviansk, le 24 juin 2014
    Les ruines d'une station service à Slaviansk, le 24 juin 2014 AFP - John MacDougall
Publié le
AFP

06H03. Les tirs d’artillerie commencent mercredi sur Slaviansk, place forte des insurgés prorusses dans l'est de l'Ukraine, encerclée par les forces de l'armée, et transformée en ville fantôme.

Pendant 20 minutes, les détonations sont presque incessantes et semblent provenir autant du côté ukrainien que du côté des rebelles. Après une courte accalmie, on entend distinctement depuis le centre-ville des tirs nourris de mitrailleuse lourde et de canon anti-aérien. La veille au soir, les tirs de tanks et de canons avaient duré jusqu’à 23 heures.

Un cessez-le-feu d’une semaine, qui prend fin vendredi, avait pourtant été proclamé la semaine dernière par les autorités ukrainiennes. Un chef séparatiste prorusse avaient annoncé lundi que les rebelles le respecteraient.

- Le calme avant la tempête -

"Il y avait ces derniers jours une certaine accalmie, malgré quelques tirs de tanks et de canons. C’est le calme avant la tempête qui se prépare après la fin du cessez-le-feu", commente un combattant prorusse, qui se présente sous le nom de guerre "Alexandre Soldat".

Les bombardements des forces ukrainiennes se concentrent sur le faubourg de Semionovka, explique à l'AFP Alexandre, 42 ans, deux fois blessé au combat, et qui porte une grosse cicatrice à l'épaule.

Slaviansk porte la marque des bombardements réguliers des dernières semaines: stations-service totalement détruites, immeubles aux vitres brisées, au toit éventré, aux façades criblées d'éclats d'obus, camionnette calcinée sur un trottoir, fils électriques et câbles de trolleybus arrachés qui traînent par terre, cratères dans les rues...

Les abords de Semenivka sont particulièrement touchés : dans la rue Ouralska, une dizaine de maisons ont été détruites, le toit n'existe plus, et l'intérieur est un amoncellement de gravats, de bois brûlé et de vitres cassées. Des branches arrachées jonchent les rues où des éclats d’obus indiquent clairement l’origine des destructions.

"Ma maison a totalement brûlé après avoir été touchée par un obus. Il ne me reste plus rien", se désole Valeriï, un homme de 49 ans, devant quelques murs en briques qui tiennent à peine debout et un tas de gravats, dans lequel on devine des morceaux de vaisselle et des lambeaux de vêtements.

- Une ville fantôme -

Slaviansk, qui comptait quelque 110.000 habitants avant le début du conflit armé entre les séparatistes prorusses et l'armée, est devenue une ville-fantôme. Dans la rue circulent essentiellement des hommes en armes.

"Près de 50% de la population est partie. Il reste environ 60.000 habitants à Slaviansk. Depuis le 8 juin, la plus grande partie de la ville est privée d'eau et d'électricité, à la suite des bombardements, ce qui a entraîné la fermeture de presque toutes les entreprises", a déclaré à l'AFP le maire de Slaviansk, Vladimir Pavlenko, 52 ans, un ancien officier des gardes-frontières.

La plupart des commerces sont fermés, y compris les magasins d'alimentation et les pharmacies. Seule fonctionne la fabrique de pain de Slaviansk où a été rétablie l'eau et l'électricité.

L'eau est livrée par camions citernes dans les quartiers qui en sont privés. Le téléphone mobile fonctionne de manière aléatoire. Pour recharger son téléphone et son ordinateur, les habitants ont le choix : aller dans un quartier qui dispose de l’électricité, ou faire la queue devant un kiosque du centre-ville où une prise électrique fonctionne encore, grâce à un câble miraculeusement épargné.

Juste à côté, trois lampadaires éclairent quelques mètres de trottoir, ce qui semble presque incongru dans cette ville plongée dans l’obscurité totale une fois la nuit tombée.

- Distribution d'aide alimentaire -

Derrière la mairie, le café "La nuit blanche" a été transformé en centre de distribution d'aide alimentaire.

"J’ai reçu des pâtes, un paquet de thé, de la semoule et des conserves de viande", dit Olga, une institutrice à la retraite. "Ce n’est pas grand-chose, mais je survis grâce aux légumes de mon potager", ajoute-t-elle.

Un peu plus loin, une cantine offre des repas aux personnes âgées ainsi qu’aux femmes accompagnées de jeunes enfants. "Les personnes âgées ne touchent plus de retraite depuis deux mois. Beaucoup d’habitants n’ont plus de salaire parce que leur entreprise est fermée et ils ont épuisé leurs réserves de nourriture. Nous fonctionnons grâce à l’aide humanitaire reçue de Russie et de nombreuses villes en Ukraine", souligne Mila, une femme de 40 ans qui dirige l’établissement.

L’aide alimentaire arrive à Slaviansk par des chemins de campagne, qui ne sont pas contrôlés par l’armée ukrainienne, selon plusieurs sources interrogées par l’AFP. Ce qui laisse penser que l’approvisionnement en armes et munitions peut arriver aux rebelles de la même façon.

L’armée ukrainienne affirme encercler Slaviansk. C’est exact pour ce qui est des grandes routes mais pas pour les chemins de campagne. Des journalistes de l’AFP l’ont vérifié en arrivant à Slaviansk de cette manière, sans rencontrer aucun barrage des forces ukrainiennes.

Source : AFP

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