Libye: combats à Tripoli, les regards se tournent vers le nouveau Parlement

  • Manifestation de Libyens à Tripoli, le 31 juillet 2014, demandant 
une intervention internationale pour protéger les civils
    Manifestation de Libyens à Tripoli, le 31 juillet 2014, demandant une intervention internationale pour protéger les civils AFP - Mahmud Turkia
  • Heurts à la frontière entre la Tunisie et la Libye, à Ras Jedir le 1er août 2014
    Heurts à la frontière entre la Tunisie et la Libye, à Ras Jedir le 1er août 2014 AFP - F. Nasri
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Centre Presse Aveyron

Le nouveau Parlement libyen issu des élections du 25 juin se réunissait samedi pour la première fois, à Tobrouk (est), sur fond d'affrontements meurtriers dans le pays que des milliers de personnes cherchent à fuir.

Des élus ont expliqué que cette réunion, boycottée par les islamistes, restait informelle et que la séance inaugurale aurait lieu lundi, également à Tobrouk, ville de l'extrême est du pays épargnée par les violences.

Le Parlement doit entrer en fonction à 1.500 km à l'est de la capitale, au moment où le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos, avec des combats meurtriers dans les deux plus grandes villes, Tripoli et Benghazi.

En deux semaines, ces violences ont fait plus de 200 morts et près d'un millier de blessés, selon le ministère de la Santé.

Les divisions entre islamistes et nationalistes, qui minent depuis des mois la vie politique, se transposent sur le terrain, avec des combats entre milices rivales.

C'est le cas notamment à Tripoli, où les tirs et les explosions ont à nouveau résonné autour de l'aéroport, après une journée de relative accalmie vendredi.

Alors que les pompiers semblaient en passe de maîtriser l'incendie qui ravageait un dépôt de stockage d'hydrocarbures contenant plus de 90 millions de litres de carburant sur la route de l'aéroport, une nouvelle roquette a touché un autre réservoir et le feu a repris le dessus, selon la compagnie de pétrole.

Et l'intensification des combats a de nouveau obligé les pompiers à interrompre leurs efforts.

Les violences ont poussé de nombreuses capitales occidentales à évacuer leurs ressortissants et diplomates.

Le Royaume-Uni et la Pologne sont les derniers en date à avoir annoncé la fermeture temporaire de leurs ambassades. La Roumanie a de son côté appelé ses ressortissants à quitter le pays au plus vite tout en maintenant son ambassade ouverte.

Conséquence des violences et de ces appels, des milliers de ressortissants étrangers, en majorité égyptiens, affluaient en Tunisie voisine.

Vendredi, certains ont tenté de forcer le passage, provoquant la fermeture temporaire du principal poste-frontière avec la Libye.

L'Egypte a annoncé samedi qu'elle allait mettre en place un pont aérien depuis la Tunisie pour rapatrier les milliers d'Egyptiens bloqués à la frontière, selon l'ambassadeur à Tunis, Ayman Mousharafa.

Le seul espoir pour tenter d'enrayer les violences semble désormais résider dans le nouveau Parlement.

"Nous avons décidé de tenir notre séance inaugurale lundi. Celle d'aujourd'hui sera consultative", a expliqué le député Abou Bakr Biira, qui présidait la réunion de samedi, tenue à huis-clos.

- 'Unir la patrie' -

"Nous voulons unir la patrie et mettre de côté nos différends", a-t-il dit, affirmant que plus de 160 des 188 élus étaient présents à la réunion. Il n'était pas possible toutefois de vérifier ce chiffre de source indépendante.

Mais s'il se révélait exact, cela confirmerait une victoire écrasante des "nationalistes" devant leurs rivaux islamistes aux élections, où les candidatures étaient individuelles.

Les islamistes ont en effet appelé à boycotter la réunion. Et signe des profondes divergences, Nouri Abou Sahamein, le président du Congrès général national (le Parlement sortant dominé par les islamistes) a annoncé le maintien, pour lundi également mais à Tripoli, de la séance inaugurale du nouveau Parlement.

La mouvance nationaliste accuse les islamistes de semer le chaos dans le pays pour tenter d'empêcher la prise de fonction du Parlement, où ils n'ont plus la majorité.

L'aéroport est en effet fermé depuis le début, le 13 juillet, des combats et plusieurs avions ont été endommagés par les heurts entre milices d'ex-rebelles qui avaient combattu ensemble pendant huit mois le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Depuis près de trois ans, les autorités ne parviennent toujours pas à contrôler les dizaines de milices qui font la loi dans le pays en l'absence d'une armée et d'une police bien structurées et entraînées.

A Benghazi, dans l'est du pays, la situation était relativement calme samedi, après plusieurs jours de combats à l'issue desquels des milices islamistes se sont emparées de la principale base militaire de la ville.

Vendredi soir, des milliers de Libyens sont descendus dans la rue de cette ville ainsi qu'à Tripoli pour protester contre les violences et dénoncer le "terrorisme".

Source : AFP

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