Avec «Jean le Fol», les Sévéragais jouent les passeurs de mémoire

Perché sur son promontoire et arborant fièrement sa vieille silhouette, le château de Sévérac veille sur l’Histoire. À ses pieds, jadis protégée par les remparts, la cité médiévale grouille de vie aux beaux jours. En effet, l’été venu, un vent bien particulier souffle dans la cour d’honneur de cet édifice.

"Il s’agit là d’un vent de mémoires. Les mémoires de Jean le Fol. Ce spectacle a été créé par Bruno Seillier en 1995", rappelle Brice Saint-Pierre, président de l’association Mémoires de Sévérac.

L’histoire d’une petite France

Depuis 19 ans, les villageois jouent les "passeurs de mémoires" en endossant des costumes tantôt chatoyants, tantôt misérables. Le temps d’une soirée, ils deviennent Vikings, révolutionnaires ou paysans. Pour composer cette grande fresque épique et historique, un long travail s’opère en amont.

L’envers du décor… Max "notre Géotrouvetout", souligne Brice, Loulou et Christian passent leur hiver à restaurer et à fabriquer les différents éléments du décor et moult accessoires. "Les casques à cornes, les boucliers en fer et autres faux murs de briques n’ont plus de secret pour eux", sourit-il. Quelques ruelles plus loin, telles des abeilles dans une ruche, des petites mains s’activent pour confectionner et raccommoder les costumes.

600 costumes

Anne-Lise et ses camarades ne comptent pas les heures passées, aiguilles à la main. "Je vous rassure, ce n’est pas du sur-mesure. Les 600 costumes sont de taille unique. Il suffit juste d’un élastique ou d’un ourlet pour les ajuster au gabarit de chacun", confie-t-elle. À quelques jours du coup d’envoi, Corinne Estival, qui officie au poste de metteur en scène, procède à quelques mises au point. L’infirmière de métier n’a que très peu de temps pour répéter les diverses scènes avec sa joyeuse troupe. Quatre répétitions et pas une séance de rattrapage de plus. Silence on tourne !

À la nuit tombée, le château s’illumine de mille couleurs. Sans plus attendre, en coulisses, la fourmilière entre en action. "Ça grouille dans tous les sens", rit Corinne. Sous les feux des projecteurs, assis sur son tabouret, le petit berger, "vieil homme fatigué tel une vieille pierre", vous invite à partager l’histoire d’un petit coin de France, celle de Séverac. Au bout du conte... un spectacle vivant de qualité et des prestations qui respirent la sincérité. Le vent de mémoires et de bonheur qui souffle depuis des années dans l’enceinte du château n’est pas près de s’estomper.