Pakistan: la contestation antigouvernementale tourne au chaos

  • Des manifestants de l'opposition pakistanaise dispersés par les forces de l'ordre disperse après de violents heurts près de la résidence du Premier ministre à Islamabad le 30 août 2014
    Des manifestants de l'opposition pakistanaise dispersés par les forces de l'ordre disperse après de violents heurts près de la résidence du Premier ministre à Islamabad le 30 août 2014 AFP - Aamir Qureshi
  • Des manifestants de l'opposition pakistanaise tentent d'atteindre la résidence du Premier ministre à Islamabad  après de violents heurts avec les forces de l'ordre  le 30 août 2014
    Des manifestants de l'opposition pakistanaise tentent d'atteindre la résidence du Premier ministre à Islamabad après de violents heurts avec les forces de l'ordre le 30 août 2014 AFP - Aamir Qureshi
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Centre Presse Aveyron

Plus de 230 blessés, des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène : Islamabad était dimanche le théâtre de heurts violents entre la police et des manifestants qui exigent la démission du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.

Des milliers de partisans des opposants Imran Khan, ex-joueur de cricket reconverti en homme politique nationaliste, et Tahir ul-Qadri, un chef religieux établi au Canada, campent depuis le 15 août dans la capitale pakistanaise pour exiger la démission de M. Sharif.

Tard dans la soirée de samedi, les deux opposants ont été encore un peu plus loin dans leur mouvement de contestation, appelant leurs partisans, réunis devant le Parlement, à se rendre à la résidence officielle du Premier ministre, située un peu plus loin sur l'avenue de la Constitution.

Les manifestants ont déployé une grue mobile afin de déplacer les conteneurs géants qui bloquaient l'accès à la résidence, plantée à un jet de pierre de "l'enclave diplomatique", zone sécurisée où sont établies les principales ambassades, dont celles de France et des États-Unis.

Mais devant l'afflux de milliers de manifestants, certains munis de bâtons, la police pakistanaise a eu recours au gaz lacrymogène et à des balles en caoutchouc.

C'était la première fois que les forces de l'ordre utilisaient du gaz et des balles de ce type depuis le début de la fronde antigouvernementale. Des manifestants ont aussi attaqué les bureaux de la chaîne de télévision privée Geo, considérée favorable au gouvernement dans ce conflit.

"Les manifestants ont voulu envahir des édifices qui sont des symboles de l'Etat. Nous avons répondu à leur tentative et allons continuer de le faire en utilisant toute la force nécessaire. Il en va de notre devoir", a déclaré à l'AFP le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif. Mais ce sont bien des policiers et non les militaires qui ont usé de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, selon les témoins.

D'après des sources hospitalières, ces heurts ont fait au moins 230 blessés, dont des femmes et des policiers.

Tôt dimanche, les affrontements se sont propagés à Lahore, capitale de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays. Selon un journaliste de l'AFP sur place, des partisans d'Imran Khan y ont notamment incendié des pneus et bloqué des routes dans certains quartiers de la ville alors que la police a tenté de disperser la foule à l'aide, encore une fois, de gaz lacrymogène.

- Les raisons de la colère -

Invoquant l'article 245 de la Constitution, le gouvernement avait demandé il y a deux semaines à l'armée de protéger les bâtiments stratégiques dans le centre de la capitale, incluant la résidence officielle du Premier ministre.

Mais dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d’État, plusieurs analystes soupçonnent les opposants Khan et Qadri d'être téléguidés par les militaires afin d'affaiblir M. Sharif, voire de provoquer un chaos qui forcerait une intervention musclée de l'armée.

Selon ces analystes, l'armée reproche à Nawaz Sharif d'avoir trop attendu avant de déclencher, en juin, une opération militaire contre les fiefs talibans dans la zone tribale du Waziristan du Nord, sa tentative de rapprochement avec l'Inde rivale et le procès pour "haute trahison" intenté au général Pervez Musharraf, une première dans l'histoire du Pakistan.

De leur côté, MM. Khan et Qadri accusent Nawaz Sharif d'avoir bénéficié de fraudes massives pendant les législatives de mai 2013 ayant porté sa Ligue Musulmane (PML-N) à la tête d'un gouvernement majoritaire.

Les observateurs internationaux avaient pourtant jugé crédible ce scrutin, qui avait permis la première vraie transition démocratique de l'histoire du "pays des purs", tout en faisant état d'irrégularités éparses.

Face à l'impasse dans laquelle se trouvent les deux opposants et le gouvernement, l'armée s'était imposée jeudi soir en tant qu'arbitre, mais cette médiation n'a manifestement pas permis de calmer la situation.

Malgré la fronde, le gouvernement a annoncé qu'il n'était "aucunement question" que le Premier ministre Sharif démissionne. D'ailleurs, ce dernier jouit d'un fort appui dans la population qui reste en grande partie sceptique face à la démarche des opposants Qadri et Khan.

Source : AFP

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