Agroalimentaire: clignotants au rouge pour "rentrée difficile"

  • Un champ de maïs
    Un champ de maïs AFP/Archives - Pascal Pavani
  • Philippe Mangin, président de Coop de France, à la Maison de la chimie à Paris, le 21 février 2014
    Philippe Mangin, président de Coop de France, à la Maison de la chimie à Paris, le 21 février 2014 AFP/Archives - Jacques Demarthon
  • L'embargo russe pénalise surtout les produits laitiers, les viandes et les fruits et légumes
    L'embargo russe pénalise surtout les produits laitiers, les viandes et les fruits et légumes AFP/Archives - Jean-Sebastien Evrard
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Centre Presse Aveyron

Entre la météo, l'embargo russe, l'impact de la nouvelle PAC et le ralentissement de l'industrie, les responsables du secteur agricole en France énumèrent les clignotants passés au rouge vif qui préfigurent une "rentrée difficile".

"De la production à la distribution, tous les maillons de la chaine souffrent", a indiqué mercredi Philippe Mangin, président de Coop de France (3.000 coopératives agricoles) affichant d'entrée sa "profonde inquiétude".

Dans ces conditions, l'embargo russe imposé aux produits agroalimentaires occidentaux depuis le mois dernier, qui pénalise surtout les produits laitiers, les viandes et les fruits et légumes, vient "accentuer des difficultés" déjà bien installées, estime-t-il.

"Même si le marché russe ne totalise que 800 millions d'euros pour la France, il représente le 2e marché à l'export pour l'Union européenne et 9 milliards d'euros. Ce qui laisse présager des conséquences en cascade" pour les produits français.

Ainsi, après la crise de la pêche cet été, les opérateurs se préparent à celle de la pomme, concurrencée par les fruits polonais notamment.

Du côté des céréales, la météo froide et pluvieuse de l'été a affecté les céréales dans certaines régions, notamment dans le nord et l'est, et si les quantités sont abondantes la qualité risque de pénaliser les exportations.

En attendant "les prix ne sont pas satisfaisants" pour les paysans et les cours mondiaux sont déjà à la baisse du fait des excellentes perspectives de récoltes chez les principaux acteurs.

En France, le maïs a bénéficié des pluies au bon moment et d'une embellie avant le début des moissons d'ici la fin septembre: les experts anticipent une récolte record, en hausse de 2 à 3% par rapport à l'an dernier, mais des prix en berne. "En ôtant les frais de séchage et de transport la tonne de maïs devrait rapporter 100 euros au producteur, pour un coût moyen de production de 130 euros", prévient Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux et Associés.

A l'effet prix, les professionnels rajoutent l'effet prime: "La mauvaise surprise de plus viendra de la PAC", la Politique agricole commune réformée l'hiver dernier qui a revu à la baisse le montant des primes à l'hectare des grandes cultures au profit des élevages.

- 'Cocktail difficile' à avaler -

"Les producteurs vont encaisser une baisse de 10 à 15% des primes, l'ambiance va être catastrophique", prédit Guy Vasseur, président de l'assemblée des Chambres d'agriculture qui annonce "trois prochains mois difficiles".

D'autant que les autres filières, la volaille, le porc souffrent de graves déséquilibres sans que les entreprises les plus vulnérables, Doux et Tilly-Sabco chez les poulets, Gad pour les cochons, ne soient près de sortir de l'enfer. "C'est le brouillard le plus total", commente M. Mangin.

Au total, "On dénombre plus de 1.000 emplois sous pression dans l'agroalimentaire sans compter GAD" (près d'un millier d'emplois), affirme-t-il en rappelant les 4.850 postes supprimés l'an passé, une production en baisse de 2,2% en 2013 - "ce qui n'était jamais arrivé" - et "316 entreprises défaillantes recensées".

"Les investissements sont en panne, chacune essaie de voir où faire des économies", note-t-il.

Le groupe Doux a toutefois démenti mercredi soir toute difficulté: le groupe "n'est plus vulnérable et dément toute éventuelle difficulté. Il est rentable et suit son plan de continuation comme prévu", a affirmé un porte-parole à l'AFP.

Simultanément, les responsables dénoncent la "spirale négative de la guerre des prix" que se livre la grande distribution, tirant parti des difficultés conjoncturelles. Et les responsables de Coop de France de demander pourquoi les décrets de la Loi Hamon, censés réaménager et discipliner les relations commerciales, n'ont toujours pas été publiés plusieurs mois après l'adoption du texte...

En juin, les prix des produits alimentaires ont baissé de 1,8%, pour le 4e mois consécutif de déflation, notent-ils.

"Comme avec l'embargo russe, la grande distribution profite de toutes nos difficultés pour baisser encore plus ses prix", dénonce M. Vasseur. "Tout concourt à la baisse des cours et c'est le moral des paysans qui part avec", prévient-il.

L'ensemble constitue un "cocktail difficile" à avaler pour le monde agricole, avait déjà alerté la semaine dernière Xavier Beulin, président de la FNSEA, principal syndicat agricole. Avec pour seule consolation l'embellie sur la viticulture et des vendanges annoncées comme plutôt "encourageantes" de l'avis général.

Source : AFP

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