Syrie: bataille pour la ville clé de Kobané, vote au parlement turc

  • Des Kurdes syriens réfugiés le 1er octobre 2014 près de Suruc dans la province de Sanliurfa à la frontières entre la Turquie et la Syrie
    Des Kurdes syriens réfugiés le 1er octobre 2014 près de Suruc dans la province de Sanliurfa à la frontières entre la Turquie et la Syrie AFP - Bulent Kilic
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan devant le Parlement le 1er octobre 2014 à Ankara Le président turc Recep Tayyip Erdogan devant le Parlement le 1er octobre 2014 à Ankara
    Le président turc Recep Tayyip Erdogan devant le Parlement le 1er octobre 2014 à Ankara AFP - Adem Altan
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Centre Presse Aveyron

Les combattants kurdes, appuyés par les raids de la coalition internationale, défendaient avec acharnement leur ville, Kobané, assiégée par les jihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, à la frontière de la Turquie où le parlement doit discuter jeudi d'une motion autorisant l'armée à intervenir en Irak et en Syrie.

Les jihadistes sont à quelque 3 km de cette troisième ville kurde de Syrie, dont la prise leur permettrait de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire le long de la frontière turque.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des combats acharnés opposent l'EI aux membres des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde syrienne) qui défendent "farouchement" Kobané (nom kurde de la ville d'Aïn al-Arab). Bien qu'inférieurs en nombre et en armement, les combattants kurdes refusent de se retirer", a ajouté l'OSDH. "C'est pour eux une question de vie ou de mort".

Les YPG ont reçu le soutien d'avions de la coalition conduite par les Etats-Unis. Des avions de chasse et des drones américains ont mené mercredi trois frappes contre des positions jihadistes près de Kobané.

Au moins neuf jihadistes et neuf combattants kurdes ont été tués dans les frappes et combats, a précisé l'OSDH, faisant par ailleurs état de l'exécution par l'EI de 10 personnes aux environs de la ville. Malgré ces raids, les jihadistes ont continué à tirer sur Kobané où se trouvent encore des milliers de civils, selon l'OSDH, après la fuite en Turquie de plus de 160.000 habitants de la région.

- Rester spectateur, c'est "trahir l'Histoire" -

Après avoir renforcé son dispositif à la frontière, le gouvernement turc a déposé au Parlement une motion autorisant l'intervention de son armée en Irak et en Syrie aux côtés de la coalition, à laquelle participent à différents degrés une cinquantaine de pays.

Le texte, déposé par le gouvernement islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, devrait être largement approuvé. Il prévoit la possibilité de conduire des opérations militaires sur le territoire de l'Irak et de la Syrie, ainsi que le stationnement ou le passage en Turquie de soldats étrangers qui y prendraient part.

Ankara s'est jusqu'à présent refusé à rejoindre la coalition militaire réunie par les Etats-Unis pour combattre les jihadistes mais a amorcé un revirement après la libération, le 20 septembre, de 46 de ses ressortissants retenus en otage par le groupe jihadiste.

"Les tonnes de bombes qui seront larguées par les airs ne constituent qu'une solution temporaire et ne font que retarder le danger et la menace", avait averti mercredi M. Erdogan lors d'un discours prononcé devant le parlement à Ankara. "Nous sommes ouverts à toute coopération mais tout le monde doit savoir que la Turquie n'est pas un pays qui se satisfera de solutions temporaires", avait-il ajouté, estimant que rester spectateur des événements en cours dans les pays voisins reviendrait à "trahir l'Histoire" dans une région dominée auparavant par l'empire ottoman.

Ankara s'est également prononcé pour la création d'une "zone tampon" aux contours encore flous dans le nord de la Syrie pour accueillir les réfugiés et protéger sa frontière. L'offensive des jihadistes dans le nord-est de la Syrie, débutée mi-septembre, a poussé plus de 160.000 personnes à trouver refuge en Turquie.

Ailleurs en Syrie, 41 enfants et sept autres personnes ont péri mercredi dans un double attentat à la bombe contre leur école dans le quartier loyaliste d'Akrama à Homs, selon l'OSDH. L'attentat n'a pas été revendiqué mais son modus operandi rappelle ceux de l'EI ou du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

- Frappes en Irak -

Les Etats-Unis, qui poursuivent aussi leurs frappes en Irak voisin pour aider les autorités à repousser l'EI, ont prévenu qu'il ne serait "ni facile, ni rapide" de venir à bout de ce groupe extrémiste sunnite responsables d'atrocités dans les vastes régions qu'il contrôle dans les deux pays.

Après le début le 23 septembre des raids en Syrie, menés en collaboration avec cinq pays arabes, les Etats-Unis ont appelé à la "patience".

Les jihadistes ne se déplacent désormais plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se "dispersent" pour éviter les frappes selon le Pentagone, qui a reconnu que l'EI avait réussi à prendre de nouveaux territoires.

Le général américain à la retraite John Allen, qui coordonne depuis la mi-septembre la coalition internationale contre l'EI, a confirmé que l'entraînement des rebelles syriens modérés était déjà en cours. Mais "ça va prendre du temps, en fait peut-être des années", a estimé le général Allen, ex-commandant des forces américaines en Afghanistan, dans une interview à la chaîne CNN.

En Irak, les forces kurdes, appuyées par les raids américains, ont repris à l'EI la localité de Rabia à la frontière syrienne et y assiégeaient mercredi une clinique où des jihadistes étaient retranchés. Des frappes américaines ont en outre visé un camp de l'EI au nord de Bagdad et des positions près du barrage de Haditha (ouest).

Selon des responsables kurdes, des militaires iraniens ont pris part aussi au combat contre l'EI en Irak.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de multiples exactions -viols, rapts, exécutions, crucifixions- dans le "califat" proclamé sur les régions sous son contrôle.

Les pays occidentaux craignent de voir ces jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire organiser des attentats, alors que l'EI et Al-Qaïda ont menacé les pays de la coalition de représailles.

Source : AFP

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