Vote en Catalogne: nombre d'anti-indépendantistes resteront à la maison

  • Des Catalans anti-indépendentistes manifestent pour l'unité de l'Espagne sur la place de la Catalogne à Barcelone le 12 octobre 2014
    Des Catalans anti-indépendentistes manifestent pour l'unité de l'Espagne sur la place de la Catalogne à Barcelone le 12 octobre 2014 AFP/Archives - Lluis Gene
  • Des Catalans indépendantistes à un meeting à Barcelone le 7 novembre 2014
    Des Catalans indépendantistes à un meeting à Barcelone le 7 novembre 2014 AFP - Josep Lago
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Centre Presse Aveyron

"Franchement, moi, je resterai à la maison". Comme Juanjo Gonzalez, un grand nombre d'anti-indépendantistes catalans ne participeront pas dimanche au vote consultatif contesté organisé par le gouvernement catalan sur l'indépendance de cette région espagnole.

"C'est un sujet sérieux et on ne peut pas faire n'importe quoi. Ce n'est pas un vote, c'est une pantalonnade", s'emporte ce joaillier de 47 ans, alors que les indépendantistes s'apprêtent eux à voter en masse, en dépit de la suspension de la consultation par le Tribunal constitutionnel.

"Tu ne peux pas ignorer les règles du jeu. Si la loi ne te plaît pas, tu dois lutter pour la changer. C'est pour cela qu'on paie les hommes politiques", renchérit Nati Mejías, une cliente de 38 ans de son magasin du marché central de L'Hospitalet de Llobregat, deuxième ville de cette puissante région de Catalogne.

Pour contourner le blocage d'un référendum consultatif sur l'indépendance de la Catalogne par le Tribunal constitutionnel, le président nationaliste de la région Artur Mas a organisé, aidé de plus de 40.000 bénévoles, un vote symbolique sans recensement dont les résultats sont attendus lundi.

Malgré une nouvelle interdiction du tribunal, Artur Mas a décidé de maintenir cette consultation, estimant qu'elle n'avait aucun caractère formel et qu'elle relevait de la "liberté d'expression et de pensée" et d'un "droit à décider".

Mais pour les partis politiques et associations opposées à indépendance, ce supposé "droit à décider" est un écran de fumée.

"C'est une vaste blague, un euphémisme pour un droit à l'autodétermination qui n'est clairement pas applicable en Catalogne", critique le secrétaire général du parti catalan "Citoyens" Matías Alonso.

Pour lui, le vote du 9 novembre est "illégal, illégitime et antidémocratique. Et nous n'allons pas participer à un processus antidémocratique".

Fondée en avril pour rompre avec "la spirale du silence" face au puissant message indépendantiste, l'association Société civile Catalane n'a pas non plus l'intention de participer à une consultation. Surtout qu'il s'agit, pour son vice-président José Rosinol, d'un "artifice utilisé par le nationalisme catalan pour cacher les nombreux réels problèmes des Catalans", frappés comme le reste de l'Espagne par la crise et le chômage.

- "Beaucoup d'utopie, peu de réalisme" -

A l'Hospitalet de Llobregat, où le nombre de chômeurs est passé en six ans de 9.200 à 23.400, soit 10% de la population active locale, nombre d'habitants partagent cet avis.

"Cela ne devrait pas être une priorité au moment où des magasins ferment et qu'il y a des gens qui ont faim", estime Sandra Díaz, une responsable de ressources humaines de 38 ans.

Situé juste au sud de Barcelone, le paysage de cette ville reflète son passé industriel, rehaussé d'immenses blocs d'immeubles sans charme du 20ème siècle et quelques gratte-ciels datant du boom immobilier d'avant la crise.

Se désolant de l'activité en berne du marché central, un plombier retraité de 67 ans, originaire du centre de l'Espagne, s'indigne.

"Moi, je voterais +non+ parce que je suis Espagnol. Mais je n'irai pas voter parce que cela me met en rogne qu'on remette en cause la présence de la Catalogne en Espagne", dit Angel Julian.

"S'ils optent pour l'indépendance, je vends ma maison et je retourne en Castille-La-Manche", région du centre du pays qu'il a pourtant quittée il y a 40 ans.

Mais non loin de lui, deux jeunes de 16 ans sont séduits par l'idée et se disent persuadés que l'indépendance peut tout changer.

"Moi, je dirai oui parce que je vois un avenir prometteur avec de l'emploi et des salaires", s'enthousiasme l'un deux, Raul Arias.

Consciente du succès d'un discours prônant l'indépendance comme solution à la crise, la Société civile catalane réclamait, lors d'une rencontre récente avec Mariano Rajoy, "une régénération démocratique et institutionnelle".

"Les Catalans ont besoin d'un projet mobilisateur pour l'Espagne, mais pas un projet utopique comme la sécession, qui offre beaucoup d'illusions et très peu de réalisme", dit Jose Rosignol.

Source : AFP

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