Adam Wood : Cantal, cambouis, rock’n’roll et forêt

  • Adam Wood, «Hang on», chez Fremont records.
    Adam Wood, «Hang on», chez Fremont records. Repro CP
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    Adam Wood, «Hang on», chez Fremont records. Repro CP
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Monsieur L'ouïe

Un cri d’Apache: et voilà que la tribu d’Adam Wood, tatoués de cranes de peintures de guerre, sort de ses sombres forêts en cavalcade pour fondre sur la caravane de Ruthènes.

Un cri d’Apache: et voilà que la tribu d’Adam Wood, tatoués de cranes de peintures de guerre, sort de ses sombres forêts en cavalcade pour fondre sur la caravane de Ruthènes qui s’en vont négocier leur saucisse aligot auprès des marchands des temples de Lutèce. Ah bon, vous ignoriez qu’il y avait des Indiens dans le Cantal ? Et si je vous disais même qu’il y en a qui hantent même les plus torves ruelles d’Aurillac ?

La tribu d’Adam Wood y avait commis ses premiers hauts faits d’armes et récolté ses premiers scalps, on les appelait the Elegant Garage Gunners, les Flingueurs élégants du garage. Mais quand celui-ci a dû mettre la bielle sous la porte et quelque peu déplumés par les shériff de la police cantaloue, Adam Wood et les siens ont dû prendre le maquis et établir leur campement au fond de forêts profondes, quelque part tout autour du Plomb. Ils n’en sévissent pas moins et dégainent toujours leur rock qui sent toujours le bon cambouis d’antan, pour dépouiller les oreilles des commerçants égarés et les culottes des Auvergnates évadées d’entre les pierres de leurs maisons cossues. Aux unes comme aux autres, ces attaques leur font du bien.

Tout d’un coup, quand Scarlet, la guitare de guerre du chef Adam Wood cogne et des parfums de canyons, d’Appalaches et des garages de Nashville viennent s’entortiller dans les tympans avec une joyeuse sauvagerie. Premier vrai album d’Adam Wood, ce «Hang on» sonne l’assaut. Des mélodies façon Neil Young retravaillées au fer rouge, le tout forgé sous un ciel d’orage: gare à vos tignasses. Le «shoot shoot shoot» de Tender love sonne le signal, les appaloosas au grand galop tournent autour de leur cible. Cette fois-ci, c’est un train, «train fantôme ou train de guerre», qui traîne sa cavalerie d’ouvriers et de famille, mais aussi pour l’occase des actrices recluses au tréfond d’un wagon-lit, leurs mains fébriles protégeant leurs bijoux émaillés.

Adam Wood, «Hang on», chez Fremont records.
Adam Wood, «Hang on», chez Fremont records. Repro CP

Adam Wood et ses apaches les prendront tout à l’heure, mais avant toutes choses faites, ces grands Indiens prendront pour point d’honneur le temps et le soinde les séduire, ces belles et lasses actrices, si bien qu’elles finiront par devenir des squaws heureuses de l’être. Dans les montagnes libres du Cantal, les hommes d’Adam Wood manquent en effet de présence et d’âme féminines, aussi, elles danseront bientôt du bon vieux rock’n’roll autour des totems en bois de chêne de la tribu.

Au son de Scarlet, tranchante comme la liberté, et des tambours du Plomb battant le galop d’un cheval de fer échappé de ses rails. A la fin, même le soleil viendra poser quelques-uns de ses rayons sur chacun des membres de cette tribu élargie, qui aura vu, après quelques calumets, son acuité sensorielle augmentée et son regard sur le monde devenu sans équivoque: «Le bonheur me rend triste».

Le bonheur, entendez par là celui des marchands du temple et des gares propres et brillantes comme un sou d’hôpital, le bonheur dont on cotise pour mais que Cochise sait qu’il ne viendra jamais. Adam Wood aussi le sait, entre frères sang-rouge. Un de ces jours, lui et les siens se glisseront à nouveau la nuit dans les rues d’Aurillac, rouvriront leur garage, et Scarlet sonnera l’assaut...

Monsieur L'ouïe

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