Ouverture des commerces le dimanche : l’Aveyron partagé

  • «Qu’on nous laisse décider», estime un commerçant aveyronnais.
    «Qu’on nous laisse décider», estime un commerçant aveyronnais. José A. Torres
Publié le
Centre Presse Aveyron

Société. Le projet de loi pour la relance de l’économie fait débat, notamment son volet instaurant plus d’ouvertures dominicales. Les petits commerçants aveyronnais ne seraient pas contre, mais...

Selon un récent sondage, il y aurait 62% des Français qui seraient favorables à l’ouverture des commerces le dimanche. Sauf que, selon cette même enquête, ces mêmes personnes seraient, à 56%, opposées à travailler le dimanche ! L’expression de l’exception française... Pour mémoire, alors que la loi actuelle autorise cinq ouvertures dominicales par an, le projet défendu par Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, ambitionne de porter à 12 ce nombre d’ouvertures dominicales.

D’ailleurs, pendant que ce dernier présentait son projet de loi censé relancer l’activité, quatre syndicats (CGT, CFDT, Unsa et Sud) se mobilisaient pour dire «non» à ce qui pourrait n’être selon eux «qu’une étape vers l’ouverture, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, des commerces.» Des syndicats (et des élus) qui n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner l’ampleur grandissante de la contestation qui fait du travail le dimanche un débat à dimension sociétale. Ils appellent d’ailleurs les salariés à manifester, cette semaine, leur opposition.

«Qu’on nous laisse décider»

Ces opposants (et les autres) ont aussi trouvé un soutien inattendu du côté des grands distributeurs, avec notamment Georges Plassat, le patron de Carrefour qui s’est dit «opposé à l’ouverture des hypermarchés le dimanche, mais pour une ouverture des commerces alimentaires», et Michel-Édouard Leclerc, qui s’est lui déclaré «contre» dès le début. Mais toutes les grandes enseignes sont loin de partager ce même avis. Au grand dam des petits commerçants pour qui l’ouverture des grandes enseignes le dimanche n’est pas compatible avec leur survie. «Cransac a obtenu récemment le label Station classé tourisme, explique Lionel Courtois, le gérant d’un tabac presse local. C’est un plus indéniable pour la ville, analyse-t-il. Mais, la médaille a un revers: ce label est aussi synonyme d’ouvertures dominicales. Avant, comme presque partout, seuls les petits commerces (tabac presse, boulangerie, épicerie...) étaient ouverts le dimanche matin. Aujourd’hui, même l’enseigne de la grande distribution locale est autorisée à ouvrir. Cela génère ce jour-là d’importantes baisses d’activités chez certains petits commerçants».

Laisser la liberté aux commerçants

Pour autant, celui qui est aussi président l’association des commerçants et artisans du bassin decazevillois est plutôt «pour» davantage d’ouvertures dominicales hors zone touristique. «Mais uniquement pour les magasins n’excédant pas 400 m². Et en payant davantage les employés qui disposent aussi d’un jour à récupérer; cela briderait naturellement ceux qui seraient tentés d’en vouloir trop. Moi je travaille seul, si je n’ouvre pas le dimanche, je peux mettre la clef sous la porte. En fait, ce débat n’a pas lieu d’être. Il faut arrêter de tout vouloir légiférer. L’idéal serait qu’on laisse la liberté aux commerçants d’ouvrir ou pas».

Un avis également partagé par Laure Souyris, gérante d’un salon de beauté à Rodez et coprésidente de Cassiopée, l’association des commerçants et artisans du Grand Rodez. «C’est à chacun de décider, avance-t-elle. Nous sommes responsables, et tout à fait capables, en se concertant, de définir quels jours ouvrir. Dans mon activité, l’ouverture dominicale est sans intérêt. Pour autant, je serai ouverte aujourd’hui et dimanche prochain, pour contribuer à la dynamique de la ville», conclut-elle.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?