Sri Lanka: le gouvernement accuse l'ex-président de tentative de coup d'Etat

  • Mahinda Rajapakse, alors président du Sri Lanka, le 22 juin 2014 à Hambantota, dans le sud du pays
    Mahinda Rajapakse, alors président du Sri Lanka, le 22 juin 2014 à Hambantota, dans le sud du pays AFP/Archives - Ishara S. Kodikara
  • Le président sri-lankais nouvellement élu Maithripala Sirisena sur la place de l'Indépendance à Colombo, le 9 juin 2015
    Le président sri-lankais nouvellement élu Maithripala Sirisena sur la place de l'Indépendance à Colombo, le 9 juin 2015 AFP/Archives - Ishara S. Kodikara
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Centre Presse Aveyron

Le nouveau gouvernement sri-lankais a accusé dimanche l'ex-président Mahinda Rajapakse, battu à la présidentielle du 8 janvier, d'avoir projeté un "coup d'Etat" pour rester au pouvoir.

Candidat à un troisième mandat, Mahinda Rajapakse, 69 ans, avait reconnu sa défaite au matin du 9 janvier avant même les résultats définitifs, promettant d'assurer une transition en douceur au profit de son rival, Maithripala Sirisena.

Mahinda Rajapakse avait solennellement dit s'incliner "devant la volonté du peuple", semblant accepter sans réserve le verdict des urnes, et son geste avait été salué par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et Sirisena lui-même.

Mais selon la nouvelle majorité, il avait auparavant tenté de s'assurer du soutien des chefs de l'armée et de la police, en vue d'une suspension du processus démocratique.

"Les gens pensent que la transition s'est faite pacifiquement. Ca n'est absolument pas le cas", a déclaré à la presse le porte-parole du nouveau gouvernement, Mangala Samaraweera.

"La première chose que le nouveau cabinet va examiner est le projet de coup d'Etat (fomenté par) le président Rajapakse" qui n'a jeté l'éponge, selon lui, que lorsque le chefs de l'armée, Daya Ratnayake, et l'inspecteur général de la police, N. K. Illangakoon, "ont refusé de le suivre".

D'après le porte-parole du gouvernement, ce dernier a été "très véhément et a refusé de participer à ce coup d'Etat", le chef de l'armée lui opposant également une fin de non-recevoir.

Des pressions diplomatiques auraient fini de convaincre Rajapakse qu'il était désormais totalement isolé. "Certains dirigeants étrangers ont également parlé au président Rajapakse et l'ont persuadé d'assurer une transition pacifique", a précisé Mangala Samaraweera. "Nous ne savons pas qui, mais nous savons que des dirigeants se sont entretenus avec lui".

- 'Une nouvelle culture politique' -

Lorsqu'il avait annoncé en novembre ce scrutin anticipé, M. Rajapakse semblait assuré de l'emporter mais la défection de Sirisena, son ministre de la Santé, avait donné lieu à une campagne acharnée et sans concession.

Maithripala Sirisena devait s'adresser à la nation dimanche après s'être assuré le soutien de plus de 40 députés jusqu'ici fidèles au président sortant.

"Nous disposons maintenant de plus (de députés) que nous n'en avons besoin au Parlement", a déclaré à l'AFP un de ses proches colaborateurs, Rajitha Senaratne.

Sirisena jouissait jusqu'ici du soutien de 89 députés sur 225 et il ne lui en fallait que 24 supplémentaire pour faire passer ses réformes. Il entendait notamment établir un organisme de contrôle indépendant pour les affaires de police, le service public et la justice, et transférer une partie des pouvoirs exécutifs au Parlement.

La popularité de Mahinda Rajapakse avait atteint des sommets après l'écrasement de la rébellion tamoule mais les accusations de crimes de guerre et de corruption ont terni ses dernières années au pouvoir.

Depuis la fin de la guerre civile en 2009, le pays a gagné en prospérité, avec une croissance moyenne annuelle de 7,5%, multipliant les constructions d'autoroutes et de voies ferrées.

Mais l'opposition l'accuse d'avoir gaspillé les fonds destinés à des projets d'infrastructures financés par de coûteux emprunts étrangers, souvent chinois, son principal allié.

Sur le plan diplomatique, il a tendu les relations de l'île avec Washington et l'Union européenne en refusant à plusieurs reprises toute enquête sur les droits de l'homme dans son pays, en particulier sur les accusations de crimes de guerre qui auraient fait 40.000 morts au sein de la minorité tamoule dans les derniers mois de la guerre.

Elu quelques jours seulement avant la visite dans le pays du pape François à partir du 13 janvier, Sirisena a promis "une nouvelle culture politique".

Source : AFP

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