Grèce: discussions cruciales entre Athènes et les grands argentiers de la zone euro

  • Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (c) est applaudi après avoir obtenu le vote de confiance du gouvernement, le 11 février 2015 à Athènes
    Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (c) est applaudi après avoir obtenu le vote de confiance du gouvernement, le 11 février 2015 à Athènes AFP - Louisa Gouliamaki
  • Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, lors d'une session au Parlement, avant le vote de confiance au gouvernement, le 10 février 2015 à Athènes
    Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, lors d'une session au Parlement, avant le vote de confiance au gouvernement, le 10 février 2015 à Athènes AFP - Louisa Gouliamali
  • Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, lors d'une conférence de presse au G20, le 10 février 2015 à Istanbul
    Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, lors d'une conférence de presse au G20, le 10 février 2015 à Istanbul AFP - Ozan Kose
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Centre Presse Aveyron

Les autorités grecques et les dirigeants de la zone euro se retrouvent mercredi à Bruxelles pour une réunion cruciale sur la dette de la Grèce qui s'annonce tendue, le Premier ministre Alexis Tsipras ayant prévenu qu'il ne céderait pas aux pressions allemandes.

Les ministres des Finances de la zone euro vont tenter de trouver un compromis entre les exigences des créanciers de la Grèce et les propositions de substitution du nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras au plan de sauvetage mis en place en 2010.

La veille, le ton était monté entre Athènes et Berlin, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble mettant en garde les Grecs. "Nous ne négocions pas de nouveau programme. Nous avons déjà un programme", a-t-il déclaré mardi à la fin du G20 des grands argentiers de la planète à Istanbul.

"Schaüble peut nous le demander de n'importe quelle façon, nous ne demanderons pas d'extension du plan d'aide", a rétorqué mardi soir Alexis Tsipras à la tribune du parlement grec, juste avant le vote de confiance des députés.

Sans surprise, il a obtenu la confiance, soutenu par les 162 députés de sa majorité gouvernementale --149 députés de son parti Syriza (gauche radicale) et 13 de son allié de droite souverainiste, les Grecs indépendants--. 299 des 300 députés grecs étaient présents dans l'hémicycle pour voter.

La confrontation semble donc inévitable entre la Grèce, à laquelle le nouveau Premier ministre de gauche radicale a promis de redonner sa fierté face aux créanciers (UE, FMI, BCE) qui la dirigent en grande partie depuis cinq ans --en échange de 240 milliards de prêts lui ayant évité la faillite-- et une Allemagne soucieuse de préserver l'orthodoxie budgétaire dans l'UE.

- 'Erreur tragique' -

Dans son discours très résolu, M. Tsipras a toutefois conclu sur une note d'espoir: "Je suis confiant, nos partenaires de l'UE répondront positivement à nos propositions".

"Nous respectons le poids économique et politique particulier de certains de nos partenaires qui sont le moteur" de l'Europe, "comme l'Allemagne", a affirmé M. Tsipras.

Mais "nous les mettons en garde", "ceux qui misent sur la puissance et l'affrontement comprendront qu'ils font une erreur tragique: ils ne blessent pas les faibles, ils se blessent eux-mêmes et ils blessent l'Europe", a-t-il lancé.

L'ancien Premier ministre conservateur Antonis Samaras, battu le 25 janvier par M. Tsipras, a critiqué point par point lors de la discussion les projets du nouveau gouvernement. "Quand on promet tout à tout le monde, on finit par ne rien donner à personne", a-t-il lancé.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières Pierre Moscovici a repris de son côté le discours allemand, mais de manière plus nuancée: "Nous devons discuter dans le cadre (...) du programme en cours", a-t-il dit, un programme qui "reste notre ancre, notre boussole, notre référence".

Dans la journée, M. Tsipras avait eu aussi une conversation qualifiée "d'amicale et de constructive" au téléphone avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Et à Istanbul, tant le FMI que les Etats-Unis, et le G20 dans son ensemble, ont plaidé pour que soient adoptées en Europe des mesures favorisant la croissance, une façon de critiquer une austérité excessive.

De son côté M. Tsipras a pu savourer des sondages publiés dans la soirée montrant que huit Grecs sur dix soutiennent la position grecque dans la négociation.

- Plan d'urgence pour les plus démunis -

Comme l'a souligné agacé M. Schaüble mardi, les détails du plan grec se sont largement répandu dans les médias depuis lundi.

Une source du ministère grec des Finances a fait valoir que ce projet n'avait rien de "radical" et tenait de la "logique". "Nous voulons simplement du temps et des facilitations", a résumé M. Tsipras.

La Grèce accepterait de respecter environ 70% des engagements de réforme déjà passés avec les créanciers, les 30% restants, jugés "toxiques", étant remplacés par une série de réformes à élaborer en concertation avec l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques en Europe).

Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, sera reçu par Alexis Tsipras mercredi.

La Grèce souhaite aussi mettre en œuvre toute une ingénierie financière pour alléger le poids de sa dette (environ 180% du PIB), d'une part, et pour subsister jusqu'à l'entrée en vigueur de son plan le 1er septembre, d'autre part, grâce à un plan-relais.

Elle ne transigera pas néanmoins, a rappelé le Premier ministre au Parlement, sur la possibilité d'appliquer immédiatement un plan d'urgence pour les plus démunis, d'un coût estimé par les économistes à 2 milliards d'euros.

La Bourse d'Athènes a été optimiste mardi, terminant sur un bond de 7,98%, avec de très fortes hausses des banques. Peu après cependant, l'agence de notation Fitch les a placées sous surveillance négative, considérant que les discussions à Bruxelles risquent d'être "très difficiles".

Source : AFP

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